J'aime faire l'amour, dans la grange, en été, Lorsque l'on a tondu les moutons entêtés. Tes cris et tes soupirs, étouffés par la laine, Roulent sur ta chair nue comme sur une plaine. Dans cette laine blanche, à l'odeur de leur dos, De tes cheveux de soie, je défais les bandeaux, Et me risque à voler, les lèvres de ta bouche, Au milieu des flocons d'où s'envolent les mouches. Englouti par la laine et par ta douce peau, Je sens en moi le rut comme l'un du troupeau. Et dans le lit moelleux de cette laine morte, Dans mes bras, jusqu'au ciel, je te prends et t'emporte. Quand le dernier soupir de tes soupirs, s'est tu, J'aime alors, mon amour, j'aime alors, le sais-tu ? Recevoir sur mon corps, de tes lèvres tendues, L'haleine de la laine des brebis tondues.
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