Voici l'heure où les spectres envahissent le jour, Où les grands arbres gris aux branches effilées, S'accrochent encore un peu, à la terre tourmentée, Et jettent leurs fantômes dans un ciel déjà lourd. Et le vent rugissant se forme en tourbillon, S'engouffre dans les herbes et soulève la terre, Puis s'écarte dompté, au bord de la lisière : Les silhouettes sombres engendrent les démons. J'aperçois ton visage, torturé qui supplie, Mais le sol sous mes pieds, inexorablement, Se brise et se dérobe dans un bruit fulgurant, Et je laisse s'éloigner ton ombre dans la nuit. Dans un dernier sursaut, avant que je ne meurs Je regarde les troncs qui montent en cathédrale, Vers la voûte profonde et sans aucune étoile, Comme des flèches géantes qui transpercent mon coeur.
A travers mes paupières éclaircies par le jour, S'éloignent enfin mes peurs d'une angoissante nuit. Dans les draps chiffonnés de mes rêves enfouis, Je respire le matin que la lumière entoure.
Cuga ( tiré de "Rêveries" - 2013 )
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