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Accueil >> xnews >> Vingt-quatre heures de la vie d’un mort ( 6 heures ) - Nouvelles - Textes
Nouvelles : Vingt-quatre heures de la vie d’un mort ( 6 heures )
Publié par EXEM le 10-02-2014 17:17:32 ( 1118 lectures ) Articles du même auteur



6 heures


Lorsque j’ouvris les yeux, les rayons du soleil et les senteurs du printemps se bousculaient en pénétrant par la fenêtre de l’appartement que j’occupais dans le quartier du Luxembourg.
Ce jour-là, je devais me rendre à la faculté y suivre un cours important en vue des examens qui n’étaient pas loin. Si je signale ce détail, c’est que je fus frappé en cet instant par une aversion à me lever atypique, surtout en cette période de l’année universitaire.
Je me crus malade ou sur le point de l’être, mais l’absence de fièvre et de tout autre symptôme me rassura momentanément. Je décidai de rester dix minutes au lit pour satisfaire ce qui m’apparaissait n’être qu’une rare flemme passagère.
Durant le répit accordé, je réalisai que ce que j’avais pris pour une inhabituelle fainéantise, était une immense fatigue, alourdissant mes membres. Cette intense lassitude ne donnant aucun signe d’amélioration, je finis par m’en inquiéter. Je soulevai le drap, et dans la brillante lumière du matin, mon regard tomba sur le dos de mes mains.Ce que je vis me glaça le sang !
Ma peau était jaunâtre et couverte de taches brunes, semblable à celle d’une banane mouchetée. Mon épiderme était ridé, fin et transparent. Mes veines couraient dessous, noirâtres, et dures au toucher. Ces mains que je fixais comme un fou, les yeux exorbités, étaient celles d’un vieillard. Et je n’avais que vingt ans !
Si mes mains s’étaient transformées durant la nuit, par je ne savais quel diabolique stratagème, en organes décrépits, et mes membres inférieurs avaient perdu leur force, il me fallait savoir si cette transformation s’étendait également à ma physionomie, et jusqu’où dans mon être, la détérioration que j’avais constatée, s’était propagée. Le cœur poignardé par l’appréhension aiguisée par mes craintes, je pénétrai dans la salle de bains pour consulter le miroir. En appuyant sur l’interrupteur, je m’entendis penser : ˝ Si ce n’est que les mains, tant pis ! Je m’arrangerai ! Je m’arrangerai ! ˝
J’avançai d’un pas déséquilibré vers le miroir placé au dessus du lavabo. La terreur me tirait en arrière. Mes jambes étaient raides et d’une grande sensibilité. Enfin debout devant la glace, je me plongeai dans ma réflexion. J’attendis que mon image se reconstituât sur ma rétine ; finalement, j’aperçus un homme qui me regardait, effrayé. Et j'étais cet homme qui n’était plus moi ! J’avais les cheveux blancs et ma face était aussi parcheminée que mes mains. Dans un élan de panique, je tentai désespérément de m’arracher la figure avec mes ongles. Lorsqu’il n’en resta presque plus rien, il y restait toujours l’image de ma mort et de ma vie, peinte de mon sang… Mes égratignures avaient eu, du moins, le mérite de détruire quelques rides…
Vint alors, le moment des folles interrogations. Que s’était-il passé durant mon sommeil ? Avais-je été victime d’une mutation ? Avais-je été la proie d’un ennemi invisible et pernicieux, voué à ma perte ? Avais-je subi une métamorphose contre-nature qui m’avait soumis à un vieillissement brutal ? Était-il possible d’avoir vécu jusqu’à cet âge avancé, sans en avoir eu conscience ? Avais-je atteint la fin de ma vie sans que je ne m’en rendisse compte ? Étais-je le premier terrien à franchir les portes de la vieillesse à vingt ans ? Étais-je toujours en train de rêver ? M’étais-je réveillé sur une planète où chaque minute était composée de soixante heures, et chaque heure, de soixante jours ?
Mon impuissance à comprendre la déviante réalité m’accablait. Il est difficile de décrire le désespoir. Ce sentiment - ou plutôt, cet anti-sentiment - n’est pas quantifiable ; on peut seulement en mesurer la profondeur à l’angoisse qu’il provoque, et au nombre de larmes qu’il fait verser. Quand il s’empara de moi, je me dis que je ne reverrais jamais plus le ciel de la même façon. Je me dis aussi, que sur le chemin de la mort, je n’aurais pas même la consolation d’aller retrouver des êtres chers ;mes parents devaient être maintenant plus jeunes que moi !
J’éclatai en sanglots.
(A SUIVRE)

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 11-02-2014 06:23  Mis à jour: 11-02-2014 06:23
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Vingt-quatre heures de la vie d’un mort ( 6 heures )
Un texte qui m'a captivée. En plus, tu évoques plusieurs hypothèses. La vérité se trouve-t-elle dans l'une d'elles ou vas-tu nous sortir un lapin de ton chapeau.
Un cauchemar tout de même ! Brr, ça sent un peu le zombie ... ou alors je me trompe.

Une belle ironie à la fin.

J'ai hâte de découvrir la suite.

Merci

Couscous
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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