Comment te saluer, sœur, épouse ou bien mère,
Toi qui, jusqu'à ce jour a guidé tous nos pas,
Réglant notre sommeil, nos heures de repas,
Guidant discrètement nos cœurs et nos affaires ?

As-tu vraiment gagné l'impossible combat
Qu'avec entêtement tu menas chaque jour,
Sans jamais différer un brin de ton amour
Et sans jamais gémir sous les coups les plus bas ?

Comment donc as-tu fait, cumulant ton labeur,
Ta présence assidue aux enfants, au ménage,
Pour offrir chaque jour, et quel que soit ton âge,
A tous ceux que tu aimes, un parfum de fraîcheur ?

Me faut-il être vieux pour qu'enfin je consente,
Sans aucun rouge au front, sans propos dérisoires,
A te dire doucement : " Viens près de moi t'asseoir,
J'ai des choses à te dire, tu vas être contente" .

Je n'ai jamais été aveugle ou ignorant.
Les cartes étant données, c'était chose facile
De faire semblant de croire que tu étais docile,
Que tout s'équilibrait, chacun gardant son rang.

As-tu su deviner la peur qui nous tenaille,
Sentant tes coups de cœur, pour vibrer, quelquefois ?
Tu peux, en un instant, tout renverser, parfois,
Quand un amour-folie vient mordre tes entrailles .

Amie, mère ou bien sœur, on croit que tout s' enfuit.
Tu redeviens amante , et cela, sans attendre.
Tout comme le phœnix renaissant de ses cendres,
Tu réapprends l' Amour l'espace d'une nuit.

Nous ne comprenons pas que ton cœur, en passion,
Puisse garder pour nous, toujours, la porte ouverte.
Tu veux aimer encor, la chance t'est offerte,
Et ton coup de folie efface la raison .

Mais je suis persuadé qu'en quittant cette terre,
Chaque homme, dès l'instant qu'il fera ses adieux,
Aura ces deux questions :d'abord, " Est-il un Dieu ? "
Et puis: " Révèle-moi, Femme, tous tes mystères. "