En face de chez moi
En face de chez moi Une baie, une mer molle Comme un corps de nourrisson Elle distribue ses fretins Au gré des marées
En face de chez moi Un miroir du ciel resplendissant Qui chaque fois m’éblouie Et me renvoie en image La fragilité de l’homme
En face de chez moi Des nuits calmes, très calmes Calmes comme le sont les cimetières Quand désertent les fossoyeurs Calmes à faire tressaillir
En face de chez moi Une marée haute et une basse marée Et un lit de mer alvéolé Où poussent des crabes Qui roulent des boulettes d’algues
En face de chez moi Les premières lueurs du jour Et des matins d’alevins Devant la voracité des cormorans Qui vous donne envie de crier
En face de chez moi L’avenue des vents perdus Furieux à écorner un bœuf Mais qui brusquement s’essoufflent Comme s’était arrêtée effarée L’armée du pharaon Devant une mer éventrée
En face de chez moi Des voiliers paresseux Des esquifs désarmés Qui pointent leurs mâts Au ciel du petit matin
En face de chez moi Mille milliers de fretins De carpes de mulets Et de savants marins
Alassane NDIAYE ISRA
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