Terreur nocturne
Il fait nuit noire et la pénombre a envahi ma chambre. Mon lit est placé dans un coin de ce grenier aménagé en pièce spacieuse. Le ciel nocturne se débarrasse lentement de ses nuages gris et la luminosité faiblarde de la pleine lune s’immisce à travers les stores du velux et éclaire mes jouets. La poupée géante reçue pour mes sept ans me fixe de ses yeux noirs et brillants. À côté d’elle, un nounours à la bouche à moitié décousue arbore un sourire menaçant.
Soudain, j’entends des grincements sinistres provenir du vieil escalier en bois vermoulu qui mène à ma chambre. Mon rythme cardiaque se met à s’affoler. Je remonte ma couette au-dessus de ma tête, ne laissant qu’un orifice pour mes yeux et mon nez. Je devine une ombre se glisser doucement dans la pièce. Elle s’arrête près du bac à jeux. Un claquement en provient et la mélodie lancinante de ma vieille boîte à bijoux se met à jouer sa chanson, déformée en raison de piles quasi déchargées. Je suis terrorisée et ne peux détourner mes yeux de cette ombre maintenant immobile. Il faut que j’actionne l’interrupteur mais j’ai peur que si je sors un bras de la caverne protectrice que m’offre ma couverture, le monstre va me l’arracher de ses dents acérées.
Impossible de dormir dans ces conditions. Rien ne sert d’appeler. Mes parents sont au rez-de-chaussée devant la télévision. Ils ne peuvent pas m’entendre et je n’ai plus l’âge d’avoir un baby-phone. Une idée, qui me semble celle d’un génie, me traverse l’esprit. Je me tortille jusqu’à retirer mon pantalon. Ensuite, je grignote un des boutons de ma chemise de nuit afin de le détacher. En utilisant l’élastique du bas de mon pyjama comme lance-pierre, j’arme ma munition de fortune en direction de l’interrupteur. Je me concentre, langue dépassant au coin de la bouche et paf … raté ! Deuxième bouton à détacher, plus coriace celui-là car il a été recousu par maman. Cible en vue … seconde tentative fructueuse ! Le lustre du plafond inonde enfin la chambre de sa lumière jaunâtre rassurante.
Je repousse brusquement ma couette, attrape le réveil métallique qui trône sur ma table de nuit pour le brandir comme arme en lançant un regard effrayé en direction du fameux monstre. Il m’observe avec ses yeux ronds et verts avant de ronronner en se dirigeant vers le bout de mon lit pour s’y lover. Soulagée, j’annonce à haute voix :
« Je ne regarderai plus jamais de film d’horreur de ma vie ! Surtout « La nuit déchirée ». Merci Mac Gyver de m’avoir sauvée ! »
À ce moment, mon chat noir lève la tête, se tourne vers moi et déclare d’une voix caverneuse : « Je veillerai sur toi, mon minou ! »
|