LE SERGENT - Alors on salue pas ? LE SOLDAT - Pourquoi faire, mon sergent ? LE SERGENT - Je suis ton supérieur. LE SOLDAT - Bof ! Mon sergent, ce n'est pas difficile, allez ! LE SERGENT - Et pourquoi ça ? LE SOLDAT - Parce que j'ai un complexe d'infériorité, mon sergent. LE SERGENT - Et alors ? LE SOLDAT - Et alors ? Je suis inférieur. LE SERGENT - Et alors ? LE SOLDAT - Et alors ? Etre supérieur à un inférieur c'est être nul. LE SERGENT - Je suis nul ? Moi ? LE SOLDAT - J'ai pas dit ça, mon sergent. C'est l'arithmétique qui dit ça. LE SERGENT - Lari… métique… qui c’est çui-là ? LE SOLDAT - C'est comme qui dirait du calcul. LE SERGENT - Du calcul ? Alors, tu " calcul " maint'nant ? LE SOLDAT - Tout le monde calcule de temps en temps. LE SERGENT - Moi, je ne "calcul" jamais ! Alors, dis-moi ! Je suis ton supérieur, oui ou non ? LE SOLDAT - Oui et non. LE SERGENT - Comment ça ? LE SOLDAT - Vous êtes mon supérieur mais vous n'êtes pas supérieur. LE SERGENT - Quelle différence puisque je suis ton sergent ? LE SOLDAT - Aucune différence, mais tout de même… LE SERGENT - Tu te fous de moi ? LE SOLDAT - Non, mon sergent. LE SERGENT - Bien. Alors, prenons-le par l'autre bout. LE SOLDAT - L'autre bout de quoi, mon sergent ? LE SERGENT - J'en sais rien ! L'autre bout, c'est tout ! LE SOLDAT - Bien, mon sergent. LE SERGENT - Donc. Par l'autre bout, je te demande si tu es mon inférieur? LE SOLDAT - Oui, mon sergent. LE SERGENT - Es-tu inférieur ? LE SOLDAT - Je vous l'ai dit, mon sergent. LE SERGENT - Oui ou non ? LE SOLDAT - Oui, mon sergent. LE SERGENT - Si tu es mon inférieur et que tu es inférieur, pourquoi, moi, ne suis-je pas ton supérieur et supérieur ? LE SOLDAT - Parce que vous êtes nul. LE SERGENT - Et mes sardines alors ? LE SOLDAT - Elles ont l'air fraîches. LE SERGENT - Alors ? LE SOLDAT - Où c'est qu'vous les avez pêchées ? LE SERGENT - Gagnées ! Gagnées, mon bonhomme. LE SOLDAT - Gagnées ou pêchées, elles ont l'air fraîches. LE SERGENT - Bon, eh ben toi, mon garçon, tu viens de pêcher neuf jours. LE SOLDAT - Pourquoi neuf jours, mon sergent, et pas huit jours, comme dans l'armée ? LE SERGENT - Parce que… un jour pour chacune de mes sardines. LE SOLDAT - Mon sergent, vous n'en avez que trois. LE SERGENT - Pardon pardon ! Mon gaillard ! Trois sardines sur cette manche, trois sardines sur l'autre, trois sardines sur le calot, ça fait neuf sardines. Neuf jours ! Et pas de discussion ! LE SOLDAT - C'est pas juste, mon sergent. LE SERGENT - C'est pas juste, c'est de .. l'arithmétique.
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