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Accueil >> xnews >> La vie est une fête ( 1 ère partie) - Nouvelles - Textes
Nouvelles : La vie est une fête ( 1 ère partie)
Publié par kim le 03-01-2014 20:10:00 ( 941 lectures ) Articles du même auteur



J’ai commencé peinard.

Levé à 9 heures, tout en douceur avec le sourire qui me bidonnait la face. C’était pas la lumière du soleil qui gouttait à travers les persiennes, ni mes draps à grosses fleurs vertes qui m’accrochaient le sourire ; non c’était pas ça, rien qui me concernait directement, enfin si quand même, et même beaucoup, mais sur ce coup là, j’étais pas le sujet de l’histoire, sans vous embrouiller bien sur, faut que je reste simple, clair et concis pour vous garder avec moi, sinon sûr, quelqu’un quittera le train, et là hop !!!Un de perdu c’est dix Pékins à rattraper, alors à quoi bon continuer si c’est pour ne donner qu’à soi même et à personne d’autre ?

Bon je disais, le sourire tout plein le visage avec les yeux qui s’ouvraient doucement dans les lueurs brûlantes et agréables d’une pièce sombre qui s’éveille. Le jour du réveillon de Noël, celui que j’avais tant attendu pour avoir le plaisir de regarder sourire Nina, de la voir heureuse de la voir respirer en paix.

Et puis j’ai pensé : « merde !!! »

Avec tout ce que j’avais prévu, j’avais trouvé le moyen de me réveiller à 9 heures. Connerie. Je me sentais égoïste, irresponsable. Même pas fichu de me lever aux aurores pour border correctement ma surprise, assurer les défaillances qui pourraient perturber.

J’ai voulu sauter hors du lit, mais mon corps ne réagissait plus en coordination avec mon esprit. J’étais deux en un, l’esprit debout et le corps gisant allongé et mort qui avait seulement réussi à se déplacer sur le côté. L’âme et le corps.

La répétition des heures à la brasserie commençait à faire son effet, à laisser sa marque comme on marque les animaux, par derrière au fer rouge.

J’ai réussi à me sortir du lit avec mon corps grabataire et mon esprit de petit con de 14 ans. J’aimais bien avoir 14 ans.

J’ai rejoint la cuisine, Nina m’avait préparé mon café. Elle lisait un magazine.

- Pourquoi tu dors pas encore.
- J’peux pas.

J’avais le sourire qui ne me quittait pas comme une maladie. Nina souriait aussi, mais c’était un sourire d’amour. Moi, je souriais comme un gamin qui prépare sa connerie.

- Qu’est ce que tu as ?
- Je t’aime.
- Moi aussi….Qu’est ce que tu as ?
- Je te jure que je serai là avant que tu partes travailler.

Nina avait le luxe de ne travailler que l’après midi, mais 6 jours sur 7 ce qui n’était pas un luxe pour tout le monde. J’avais donc environ 3 heures devant moi.

J’ai filé dans la salle de bain, j’ai enfilé mes habits et puis j’ai défilé dans les rues avec les bras et les jambes qui s’agitaient comme celles d’un pantin désaccordé.

Mon idée, c’était d’offrir un grand réveillon à Nina sans qu’elle soit obligée de lever le petit doigt. Pour ça, il fallait que je dégotte des produits que je pouvais préparer, c'est-à-dire des produits qui ne nécessitaient aucune préparation.

J’ai freiné un peu le rythme au milieu de l’avenue Georges POMPIDOU. Mon corps pouvait bouger vite, mais pas longtemps. J’ai repris mon souffle et je me suis calqué sur le rythme des badauds. Je sentais des regards qui tentaient en douce de ramper vers moi, à l’Anglaise, armés comme des tireurs isolés.

Je voyais tout, je scrutais sans haine ces pupilles qui se promenaient aux coins de tous ces yeux que je ne comprenais pas, des yeux posés sur des visages toujours impassibles et droits faisant mines d’affronter le néant de l’horizon, statues de marbres aux reliefs identiques, sarcophages d’êtres humains effrayés par la vie, tétanisés, une grande peine à deux jambes dégoulinant sur le trottoir. Le regard de la rue est une chimère tremblotante, indifférente et cruelle, monstre à deux têtes qui dévore par sa seul présence le peu d’humanité qui pourrait subsister.

J’ai coupé par la gare et je suis entré avec toute la faune des fêtes dans le centre commercial de la Part- Dieu. En temps normal, je n’y mettais jamais les pieds, mais cette fois, j’étais forcé par les évènements, emporté par la folie de la foule, obligé de vivre la sienne, tant bien que mal, tout en en supportant la mienne.

Dans les escalators c’était la guerre : « Pardon ! Madame, oh oui ! Vous aussi M’ssieurs, désolé j’avais pas vu que c’était vos seins, Portez pas plainte s’il vous plait !!!!!! ».

Quand je me suis retrouvé dans le rayon traiteur du CARREFOUR, je me suis senti très con. Je pensais : « tu passes ton temps à critiquer ce monde qui t’entours mais au final tu te débines, t’es le premier à faire la queue avec le troupeau pour aller te faire tondre ».

J’ai attrapé des demis - homards en barquettes et des escargots de bourgogne. J’ai fais la queue au rayon poissonnerie et au rayon charcuterie.

- Vous avez vu le prix du SERANO, c’est pas normal. Me dit un petit monsieur .

J’ai pensé : « alors qu’est ce que tu fais là connard !!!!C’est les fêtes nom de Dieu ! C’est aujourd’hui que tu te fais plumer à cause de ta religion, alors soit pas étonné ou devient Bouddhiste ».

Mais j’ai répondu :

- Vous avez raison, les cochons où qu’ils soient s’en sont toujours bien sortis.
- Oh ! Ca c’est joli. Je le ressortirai au réveillon.
- Non, s’il vous plait ne la sortez pas.
- Pardon ?
- Laissez tomber.

J’ai commandé des tranches de jambon, bien fines, Nina n’aimait pas quand c’était trop épais, j’ai aussi pris du salami, des feuilles de vignes, je me suis presque laissé tenté par des tomates farcies ; mais je me suis rappelé ce qu’on m’avait dit sur les combines des charcutiers qui utilisent la viande hachée périmée pour la passer dans les tomates afin d’éviter les pertes. Pas terrible à Noël de vomir ses tripes, valait mieux vomir des billets, j’étais là pour ça.

Un quart de la planète qui crevait de faim et moi j’étais là à pousser mon caddie comme une ménagère au milieu de toute cette foule qui m’oppressait, des rayons qui débordaient de bouffe en tous genres qui nous tombait sur les pieds. Une grande peine m’a envahit. L’Ethiopie n’était pas loin. J’ai eu envie de balancer mon chariot contre un mur, mais je me suis dirigé vers les caisses en passant par le rayon des vins. La famine dans le monde c’était une chose, le Noel de Nina en était une autre. Chacun voit midi à sa porte.

J’ai retraversé le centre commercial de la Part Dieu dans l’autre sens. J’ai croisé les mêmes monstres dans les escalators, mais cette fois avec des sacs pleins les mains, tout comme moi. Une descente infernale.

- Pardon madame.
- Oh !Encore vous.
- Portez pas plainte, s’il vous plait.
- Mais….Mais arrêtez, pourquoi vous-vous collez.
- S’il vous plait M’dame, c’est les sacs, c’est pas moi, c’est les sacs, je….
- AU SECOURS !!!!!AU SECOURS………….

J’ai dévalé les marches en acier comme j’ai pu avec un sac à chaque doigt et j’ai couru jusqu’à la sortie, de la même façon que j’étais arrivé - comme un pantin désarticulé.

C’était presque 13 heures et Nina n’allait pas tarder à partir travailler. Quand j’ai ouvert la porte de l’appartement, j’étais en nage. Nina m’a regardé avec ses grands yeux et une grande peine qui flottait dedans. En un regard, j’étais capable de savoir ce qu’elle pensait, au son de sa respiration je savais éprouver son cœur.

- Qu’est qu’il y a bébé ?
- Où t’étais ?
- C’est une surprise bébé, si je te le dis, c’est loupé, tu seras plus surprise.
- Je m’en fiche, ça fait 3 heures que t’es parti, ca fait des mois qu’on n’a pas eu un moment a nous, même quelques heures. C’était ça ma surprise. J’attends ça depuis des jours et toi t’étais pas là, j’étais encore seule.
- Mais c’est pour toi que je fais ça.
- J’t’ai rien demandé.

Nina avait son sac à main en bandoulière. Son petit corps frêle est passé devant moi sans s’arrêter, lentement, dans la grâce la plus parfaite. Elle avait mis son tailleur noir, mon préféré. Elle était vraiment très belle et dans un silence de catacombe la porte s’est ouverte pour se refermer, lentement, toujours très lentement, en faisant un bruit à peine audible. Nina était partie travailler.

J’ai posé les sacs sur le carrelage de la cuisine et je me suis mis à la fenêtre pour en griller une.

Ca vivait dans la rue, autant que vivait la folie de ce monde. Les voiture roulaient, remplissaient leurs rôles, polluaient tous ces gamins en poussettes qui gueulaient tout ce qu’ils pouvaient pour en descendre et aller courir dans le square, juste en bas, pour se frotter à d’autres gamins qui gueulaient plus fort qu’eux. Moi, j’étais mort, dans le néant tout blanc, presque silencieux, du claquement de la porte.

Nina avait raison, peut importe les intentions, c’est la présence des êtres qui amène la vie ; l’absence ne fait vivre que des souvenirs.

Le téléphone à sonné.

J’avais pas envie de répondre, mais comme toujours, j’ai répondu. C’était peux être Nina.

- Oui ?
- C’est Georges.
- Ah ! C’est toi.
- Petit enculé, t’es en train de me montrer que t’as envie de venir jouer chez moi.
- Excuse Georges, je t’avais pas reconnu.
- J’ai besoin d’un comique, ça urge !
- Quand tu veux Georges.
- Ok, j’t’attends ce soir vers 21 heures, je viens de prendre une tablée de 40 personnes. Que des cadres sups qui sont bloqués à LYON pour le réveillions de Noel, alors faut que ça déconne.
- Euh !...Georges, c’est Noel.
- 600 balles.
- Georges…
- 700 balles.
- Ge…
- ME FAIT PAS CHIER, j’ai que toi, tous les autres m’ont dit non. J’ai déjà un chansonnier, un magicien, un imitateur. Il me manque qu’un putain de comique.
- J’peux pas Georges, j’ai des engagements.
- Si tu viens pas, t’en auras jamais chez moi. Ca fait des semaines que tu me relances. T’as encore jamais joué ton putain de spectacle en public, c’est une bonne occase pour te régler et après je te prends toutes les fin de semaines.
- Georges.
- Tous les vendredis et tous les samedis soirs.
- Georges.
- 400 balles par passage, 800 balles la semaine, tu trouveras pas mieux.
- Georges, je vais raccrocher.
- Raccroche pas, petit enfoiré, raccro…….

J’ai posé le téléphone. J’ai pensé aux demi-homards qui commençaient certainement à transpirer dans les sacs. J’ai pas eu le temps d’ouvrir le frigo qu’on à tapé à la porte.

C’était pas ma journée. Nina qui n’était pas heureuse, j’avais envoyé paitre l’un des plus gros patrons de cabaret de LYON et j’étais sur le point de bousiller toutes mes provisions pour le réveillon.

Ça tapait toujours à la porte, même la sonnette s’y mettait. J’avais pas envie d’ouvrir mais comme à chaque fois, j’ai ouvert quand même.

- Je savais que vous étiez là.
- Ah ?
- J’ai besoin d’aide, c’est Francis.

La mère DUMAS était dans tous ses états. Sa permanente se faisait la male, ses yeux étaient sur le point de m’envoyer toute la misère du monde et elle me tenait les bras avec ses deux mains pleines de bagues en appuyant avec tous ses ongles.

- Qu’est ce qui se passe madame DUMAS ?
- Francis…C’est Francis, il ne bouge plus.

Madame DUMAS avait toujours ses ongles plantés dans la chair de mes avant bras. Sur ses doigts, il devait bien y avoir pour 50 mille balles de bagouses. J’ai senti une goutte de sang perlée sur mon poignet gauche. J’ai délicatement desserré ses mains pour me dégager, mais il a fallu que je force, parce qu’elle avait une sacrée poigne la mère DUMAS, sans doute pour cela qu’elle avait autant de bagues aux doigts.

- Vous ne voulez pas ? OH !!! S’IL VOUS PLAIT, JE VOUS EN SUPPLIE, JE N AI QUE LUI.
- Ne vous inquiétez pas, je viens.

J’ai laissé la porte ouverte et j’ai vidé les sacs de bouffe aussi vite que j’ai pu dans le frigo, pendant que madame DUMAS séchait sur le pallier. Les demi-homards avaient résistés.

Et puis, on est passé du sixième au quatrième pour aller retrouver Francis.

Madame DUMAS vivait dans un deux pièces avec des tableaux de maître achetés aux puces, accrochés aux murs. Dès qu’on tournait la tête, on tombait sur un portrait de son défunt mari. Le regard était franc, pénétrant, presque accusateur et vous suivait dès vous passiez dans une autre pièce. La mère DUMAS n’était veuve que sur le papier.

On est allé dans sa chambre, pour regarder le malade. Madame DUMAS était livide, tremblait comme si c’était elle le malade.

Au pied du couvre lit, j’ai découvert Francis qui gisait dans son panier en osier. Il était allongé sur le côté, la bouche presque fermée et les yeux grands ouverts. Sur le moment, j’ai cru qu’il était canné, la pauvre bête. J’allais l’annoncer à la mère DUMAS, mais j’ai vu sa queue remuer comme s’il avait envie de jouer. J’ai caressé le chat estampillé Francis pour le faire réagir et prendre la mesure de la situation. Madame DUMAS restait derrière moi comme si j’étais le véto, comme qui dirait en consultation d’urgence. Quand Francis à tourné la tête pour réagir à mes caresses, j’ai compris en voyant la moitié de sa gorge purulente et la bave qui lui sortait des tripes qu’il fallait l’y emmener chez le véto et de toute urgence que c’était pas moi la solution.

- Madame DUMAS…
- C’est grave ?
- Faut qu’on se dépêche, je vais le porter.

Madame DUMAS a attrapé son sac au vol, le porte monnaie des commissions et on a pris les escaliers deux par deux en descendant du quatrième. Il fallait se battre pour Francis.

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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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