Promenade en forêt ( " Escapades " 1979 )


Et, en rêvant ainsi, promeneur solitaire,
Respirant fort l'humus de la terre jaunie,
Mon coeur enthousiasmé vraiment ne peut se taire,
Et mon corps tout entier aux arbres communie.

La forêt toute entière libère ses odeurs,
Fleurant bon le feuillage, les herbes et les bruyères;
Le soleil réchauffe les dernières froideurs,
Baignant en un instant la mousse de lumière.

C'est le réveil en somme de toute la nature,
Les arbres s'ébrouant des dernières rosées,
Sur le lac le soleil, dessine des marbrures
Et pose à la surface, des couleurs irisées.

M'enfonçant dans le bois, en suivant le sentier,
J'aperçois au détour une jolie clairière :
Elle est plantée autour, de jeunes noisetiers
Et parsemée de fleurs, à la vie éphémère.

Puis je longe un taillis aux couleurs automnales,
Une grive s'enfuit en entendant mes pas,
En quelques tire d'ailes d'un vol magistral,
Elle monte vers les cimes et s'y fond par-delà.

Parfois on aperçoit, quand on lève la tête,
De gros nuages blancs qui semblent accrochés
A la dentelle verte du touffus de ses crêtes,
Comme des mains géantes, qui veulent ciseler.

Et, en rêvant ainsi, promeneur solitaire,
Écoutant le silence qui bientôt se confond,
La forêt radieuse, aux arbres séculaires,
Enveloppe mon corps d'un bonheur profond.