Je regarde l'horloge accrochée au mur crème Et me prends à penser au jour qui se finit. C'est l'enseigne qui m'a extrait de mon ennui, L'estomac réclamait issue à son carême.
Après avoir garé dans la nuit ma voiture Je suis entré, discret, dans ce petit bistro. Dans le café devisent cinq ou six poivrots Pour qui rentrer chez eux est la grande aventure.
Un couple d'amoureux roucoule en fond de salle: Mettra-t-il un genou à terre pour prier Qu'elle s'unisse à lui pour toujours, "C'est juré!"? Peu importe, à dire vrai, l'heure est à la dalle.
Je saisis le garçon efficace et rapide En son vol continu de clients en patients, Commande ma pizza, en fixant ses yeux cyan; Le contact est furtif, son regard fuit, livide.
Se sont assis des jeunes à la table voisine, Deux garçons, la vingtaine, au babil incessant: Le sujet de leur prose à leur âge est pressant, Ils parlent de bagnoles, ah! que ça les fascine!
Après avoir repu l'estomac que je porte Un café est souhaité, sitôt dit, sitôt fait: L'elixir est fumant, exhalant son fumet, Le Brésil en ma tasse, un p'tit noir qui transporte.
Je regarde l'horloge accrochée au mur crème Et me prends à penser au jour qui se finit. Je me lève et dehors, englouti par la nuit Retourne à mes galères: "En avant le trirème"...
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