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Nouvelles : Repentirs d'outre-tombe
Publié par Salimbye le 06-11-2013 12:23:26 ( 1141 lectures ) Articles du même auteur




Repentirs d'outre-tombe



I - ça y est. C’est fait. Il a fallu joindre le pouce à l’index pour que tout bascule dans les ténèbres. La déflagration était assourdissante. Quant aux dégâts, je n’en ai aucune idée. Pourtant, je ne vois rien de tout ce qui m’a été promis. Leurs discours n’étaient peut-être que purs mensonges. Ils m’ont fait savoir, au cours de notre dernière formation, qu’une fois l’acte commis, j’atterrirais directement au paradis et je serais reçu par Dieu Lui-même qui me féliciterait pour mon acte de bravoure. Il m’informerait du nombre de mécréants dont j’ai débarrassé le monde musulman. Il mettrait à ma disposition un palace où je vivrais éternellement choyé par sept nymphes. Malheureusement, je ne vois rien de tout cela. J’ai peur que mon acte ne soit qu’un crime abject, un massacre de gens innocents qui ne m’avaient fait aucun mal. Qu’est ce que j’ai fait pour mériter cette mort ? Et ma famille? Va-t- elle toucher la prime dont ils m’avaient promise?
Où suis-je ? Je ne vois que le noir, le vide, le néant.
Ah ! Si j’étais encore en vie, je massacrerais tous ces charlatans, tous ces semeurs de terrorisme, tous ces psychopathes qui, au nom de l’Islam, transforment beaucoup de jeunes innocents en bombes, en vrais criminels.
Mes parents avaient tout à fait raison, le jour où ils m’avaient averti que je risquerais d’être entraîné dans des histoires si je continuais à fréquenter ces soi-disant amis et à passer avec eux la plupart de mon temps. Aujourd’hui, je regrette de ne les avoir pas écoutés.
Il est vrai qu’à cette époque je n’avais aucun travail. Comme beaucoup de jeunes de mon âge, j’ai fréquenté l’école pendant quelques années, mais faute de moyens, j’étais obligé d’abandonner mes études pour me retrouver dans le monde infernal de la rue. Sans aucune formation professionnelle, je passais, comme la plupart des adolescents, de longs moments à errer dans l’attente de jours meilleurs qui tardaient à venir. Je frôlais tous les vices inimaginables.
Le jour où Driss, un de mes meilleurs amis, est venu me proposer de faire du sport, j’ai hésité un instant parce que je n’avais aucune prédisposition pour ce genre d’activité. Mais devant son insistance très convaincante j’ai fini par céder et nous sous sommes mis d’accord pour faire de la marche, tôt chaque matin.
Lors de notre première séance sportive, mon ami m’a suggéré d’aller dans un petit bois qui se trouvait à la sortie de la ville. « C’est très calme et l’air y est très pur ».
Sur la route, nous parlions de tout et de rien. A un certain moment, mon ami a abordé la situation très désastreuse, selon lui, du monde musulman. Il m’a fait savoir que tous nos malheurs provenaient du fait que nous avons négligé notre religion. « Si tous les musulmans respectaient scrupuleusement les préceptes de l’Islam, sois sûr et certain, que ce monde serait mille fois meilleur que ce que nous vivons maintenant ».
Personnellement, j’avoue que je n’avais pas saisi le lien entre notre religion et la misère qui nous écrasait chaque jour davantage. Mais je me disais qu’il avait peut-être raison sur ce point étant donné qu’il était plus instruit que moi. De plus, je n’avais même pas le niveau seuil de connaissances qui me permettaient de débattre d’une manière constructive un sujet pareil. Même quand j’étais à l’école, mes différents professeurs d’éducation islamique n’avaient jamais évoqué ce lien qui paraissait évident pour mon ami. Alors dans l’impuissance d’argumenter pour défendre un point de vue quelconque, je me contentais de hocher la tête pour lui signifier que j’étais parfaitement d’accord avec lui.
Après avoir marché deux bonnes heures entre les arbres, nous avons rattrapé un groupe de trois individus. Ils étaient habillés en blanc et portaient de longues barbes noires. L’un deux, le plus âgé, je crois, a salué chaleureusement mon ami, puis il lui a demandé s’ils pouvaient faire un bout de chemin avec nous. Driss a accepté, et nous avons continué ensemble notre marche.
Quelques temps après, l’un de nos trois accompagnateurs nous a proposé de nous reposer un peu. Tout le monde a trouvé son idée bonne et nous nous sommes installés sous un grand arbre. Alors le plus âgé des barbus s’est retourné vers moi et m’a tendu la main.
« - Bonjour frère. Je m’appelle Omar, mais mes amis me nomment Abou Zaid, »
« - Enchanté » lui, ai-je répondu tout en serrant sa main large et poilue.
« - Qu’est ce que tu fais dans la vie ? » a poursuivi mon interlocuteur
« - Rien »
« - Tu vas au moins à la mosquée pour faire tes prières ? »
« - Non »
« - Ecoute- moi …
« - Nour Eddine
« - Dieu soit loué ! Quel beau nom ! Nour Eddine ! (La lumière de la religion). Écoute-moi Nour Eddine. Il est de mon devoir de te dire ceci : Tu n’es rien aux yeux de la société parce que tu n’as aucun travail. Et tu ne seras rien devant Dieu parce que tu n’es pas musulman. Oui, c’est vrai. Tu n’es pas musulman puisque tu ne vas pas à la mosquée pour faire tes prières. Tu te retrouveras certainement aux enfers avec des mécréants comme Golda Mayer, Shimon Pérez, Bush, Pasteur, Anouar El Sadate, Yasser Arafat et d’autres, au lieu de te retrouver au Paradis à côté de Khomeiny, Ben Laden, Zaouahiri , Zarkaoui et d’autres fidèles.
« Moi aussi, j’étais comme toi, ou peut être pire. Oui, j’ai volé, j’ai violé, j’ai fait de la prison, mais grâce à des frères, et Dieu soit loué, ma vie a complètement changé depuis le jour ou j’ai commencé à respecter les lois de l’Islam. Aussi, ai-je un travail. Je suis marié et j’ai un garçon qui s’appelle Zaid d’où le surnom Abou Zaid (Le père de Zaid). Je compte faire de lui un grand Imam (un chef religieux) qui combattra tous les mécréants sur cette terre. Ecoute- moi frère. Toi aussi tu peux changer. Commence par faire tes prières et tu verras. Ta vie prendra un autre sens et tout deviendra facile pour toi. Il y a beaucoup de fidèles qui sont prêts à aider tous ceux qui veulent sauver l’Islam, tous ceux qui veulent combattre les mécréants. Crois- moi Nour Eddine, notre Islam triomphera. Crois-moi. Essaie et tu verras ».
De retour chez moi, je commençais à me demander si le barbu Abou Zaid n’avait pas raison. « Pourquoi ne pas essayer pour vérifier si ce qu’il disait est vrai ».
Driss mon ami, soutenait les propos d’Abou Zaid, et me déclarait chaque fois que l’occasion se présentait que ce dernier avait raison, que notre pays avait besoin de citoyens comme lui, qu’il fallait agir vite avant que le mal ne se propage partout dans le corps du monde musulman. Et c’est ainsi qu’un jour j’ai décidé d’aller à la mosquée pour faire mes prières comme tous les fidèles, non pas par conviction mais, plutôt pour vérifier si Abou Zaid avait raison. Mon ami était aux anges. Il m’a promis de venir chaque matin très tôt pour m’accompagner à la mosquée.
Deux jours après cette reconversion, Driss est venu me rapporter 500 dinars (50 euros).
- « De la part d’Abou Zaid. Il m’a chargé de te féliciter et de te remettre cette somme pour que tu puisses partir de bon pied dans ta nouvelle vie de musulman. »
Alors que nous parlions de la misère qui rongeait notre société, de l’ignorance et de l’analphabétisme qui sévissaient dans le pays, mon ami m’a fait savoir qu’un bon musulman doit toujours apprendre pour pouvoir analyser des situations, acquérir des expériences, prendre les bonnes décisions quand il le fallait.
Sentant que j’étais tout à fait d’accord avec lui, il m’a proposé de venir assister aux cours donnés gratuitement chaque soir dans différents lieus.
Les cours en questions, commençaient vers 22h30. Pour ne pas attirer l’attention des gens, les assistants devaient venir par groupes de deux personnes toutes les 10 minutes.
Les intervenants changeaient en fonction du niveau du public et du thème abordé. La hiérarchie était scrupuleusement respectée. Les premières séances appelées «séances d’initiation » étaient généralement assurées par de très jeunes gens dont le niveau d’instruction dépassait rarement le baccalauréat.
Le premier cours auquel j’ai assisté portait sur trois points.
. Comment faire ses ablutions.
. Comment accomplir ses prières dans une mosquée en présences d’autres fidèles .
. Comment un musulman se distingue-t-il, au niveau physique et vestimentaire, des mécréants .
J’avais déjà quelques notions glanées au cours de ma scolarisation sur les deux premiers points, mais ce qui a retenu mon attention lors de cette première rencontre c’était surtout le troisième.
Habillé tout en blanc et portant une longue barbe noire, bien touffue, l’animateur, un jeune « frère » dont j’ai toujours ignoré le vrai nom, s’est longuement attardé sur l’aspect vestimentaire du vrai musulman. J’ai ainsi appris que dans une société musulmane tous les hommes devaient porter une tunique de couleur blanche de préférence, (la couleur verte, noire, ou rouge est tolérée), un large pantalon qui ne dépasse pas les mollets, un turban, des sandales et des chaussettes. L’usage de la soie et des tissus avec motifs est strictement interdit. Le « frère » ne cessait de nous rappeler un hadith (acte ou parole du prophète) où il est clairement mentionné que « celui qui imite un peuple en fera partie ». Gare donc à celui ou à celle qui s’habillait à l’occidentale.
Les vêtements du vrai musulman doivent être amples pour ne mouler ni révéler certaines parties de son corps. Ils ne doivent en aucune manière être transparents. A l’inverse des hommes, les femmes doivent se couvrir entièrement, en noir, (y compris leurs visages, leurs mains et leurs pieds). Quant au comportement à adopter, et selon ce jeune frère, le musulman doit avoir de la pudeur. Il doit dissimuler en public les attraits du corps qui, selon lui, doivent être réservés au conjoint ou à la conjointe. D’où la nécessité de se marier très jeune.
Les filles doivent se couvrir les cheveux. Il leur est interdit de porter de mini jupes ou de jeans. Plus tard, on les obligeait à ne plus aller à l’école, au lycée ou à l’université. La femme musulmane est faite pour garder le foyer.
Plus de cheveux longs, plus de tatouages, plus d’habits extravagants pour les garçons.
La vue, nous a-t-il appris, doit être bien maîtrisée et parfaitement surveillée. Ainsi, le vrai musulman ne doit jamais porter son regard sur la partie comprise entre le nombril et les jambes d’un autre homme. Il ne doit en aucune manière porter son regard sur une partie quelconque d’une femme (sauf sur sa propre femme et sur celles qui lui sont interdites en mariage).
En répondant un jour à une question relative au port de la barbe, le jeune frère était catégorique et clair :
« - Tous les hadiths ordonnent de laisser pousser la barbe dans son état normal et de raser la moustache pour se distinguer des mécréants ».
A partir de ces premières leçons, j’ai commencé à comprendre l’Islam. Je ne ratais pas un seul cours. J’étais l’élève le plus assidu de tout le groupe.
Ayant remarqué les efforts que je déployais et les progrès que j’accomplissais, mes supérieurs commençaient à me faire confiance. A la fin de chaque mois, mon ami Driss me remettait une importante somme d’argent qui me parvenait des « hautes sphères », comme il disait. Cette aubaine inespérée me poussait à redoubler mes efforts pour être à la hauteur des espoirs de tous mes chefs. Et effectivement, j’ai été récompensé pour mon travail.
Un jour, mon ami Driss et un frère nommé Abou Hafsa sont venus frapper à la porte de notre maison. Lorsque je suis sorti, ils m’ont salué cordialement et m’ont informé que le Comité Régional était très content de mon progrès. Et en signe de récompense, ils m’ont remis la clé d’une boutique bien équipée où je devais vendre des produits laitiers.
J’étais fier de mon succès. Surtout lorsque j’ai appris, quelques semaines après que j’étais sélectionné pour participer à des rencontres qui se tenaient au niveau national, rencontres qui étaient dirigées par des cheikhs dont le niveau intellectuel était largement supérieur à celui des frères. J’étais content parce que cette participation allait me permettre de connaître d’autres frères, m’ouvrir d’autres horizons. En outre, elle me permettrait de visiter d’autres villes et d’autres régions du pays, puisqu’elles se tenaient généralement dans des maisons à la campagne ou dans de grandes villes et duraient plus d’une semaine. De plus, tout le monde était pris en charge pendant cette période de formation.
J’étais donc admis au niveau supérieur. Celui qui me permettait d’analyser des situations afin de prendre les décisions les plus adéquates. Nos formateurs nous parlaient de la politique internationale. Dans ce domaine, j’ai été encore une fois parmi les meilleurs éléments parce que j’ai appris énormément de choses sur l’Islam et la politique. J’ai appris que le seul pays qui était sur le point de devenir un vrai état islamique est l’Afghanistan. Malheureusement cette renaissance a été étouffée dans l’œuf par les mécréants et à leurs têtes les Etats-Unis d’Amérique et Israël.
Dans ce pays, les musulmans avaient commencé à bannir tout ce qui avait rapport avec l’Occident. Il n’y avait plus de collèges, plus de lycées, plus d’universités. Il n’y avait que des medersas où l’on apprenait le Coran par cœur et la Charia Islamique (la loi) pour pouvoir l’appliquer par la suite contre les mécréants. Dans ces établissements, il n’y avait pas de chaises, pas de tables, pas de tableaux. Il n’y avait pas de diplôme de baccalauréat, de licence ou de doctorat. A la fin de leur cursus, les musulmans Afghans devenaient des cheikhs, des muftis, des oulémas, des mollahs ou des émirs. Là-bas, nous affirmaient nos formateurs, les gens « ne s’habillent pas comme les occidentaux, ne regardent pas la télévision, n’écoutent jamais la musique. Ils dorment à même le sol et mangent avec les doigts de la main droite (Satan se tient toujours sur le côté gauche de l’être humain) ». Ils nous ont appris que lorsque les vrais musulmans Afghans avaient pris le pouvoir, il n’y avait plus une goutte d’alcool dans tout le pays. Les femmes Afghanes se couvraient entièrement et n’avaient pas le droit de sortir de leurs foyers toutes seules. Si elles quittaient leurs maisons, elles étaient obligatoirement accompagnées d’un homme adulte de leur famille pour qu’il les surveille de près.

Au cours de ces rencontres, tous les intervenants répétaient que nous étions les espoirs de ce pays, les sauveurs mêmes. En tant que bons musulmans nous devons agir comme nos frères Afghans qui, malgré leurs armes rudimentaires, luttent contre les mécréants. La phrase : « Il faut assainir le monde musulman » revenait fréquemment dans la bouche des intervenants. Ils nous assuraient que le monde occidental est vulnérable en nous citant le nom d’un grand musulman qui s’appelle Oussama Ben Laden. Ce dernier a osé attaquer les intérêts des pays occidentaux aussi bien à l’étranger que dans leurs propres pays. Ils nous rappelaient les énormes dégâts que ce bienfaisant avait causé à ces mécréants en Tanzanie, au Kenya, en Espagne, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Inde et mêmes dans des pays qui se disent musulmans comme le Pakistan ou l’Arabie Saoudite. Nos formateurs voulaient qu’on soit tous des Ben Laden, ou des Afghans, pour anéantir les mécréants. Mais comme ces derniers se tenaient souvent loin de chez nous, il fallait donc attaquer leurs pantins, leurs chiens de garde sans oublier tous les citoyens nuisibles à notre cause. Tous nos efforts devaient donc se concentrer d’abord sur notre société avant de passer aux intérêts des mécréants. Les ivrognes, les alcooliques, les drogués doivent être tués. Toutes les armes étaient permises pour venir à bout de ces parasites : couteaux, armes à feu, bâtons, essence pour les brûler vifs.

La chasse était donc ouverte. Une fois revenus chez nous, nous avons formés des groupes de cinq frères.
Armés de bâtons, de couteaux et d’un ou deux bidons d’essence, nous sillonnions certains quartiers à la recherche des ivrognes. Moi-même j’ai eu la chance de brûler deux jeunes alcooliques. La tâche était très facile. Après les avoir aspergé d’essence, je craquais une allumette et je prenais la fuite. Leur mort était signalée dans les journaux à la rubrique des faits divers. « Un jeune drogué a été retrouvé mort carbonisé. Le feu s’est déclaré à cause d’un mégot non éteint».

Comme j’étais devenu apte à analyser des situations et à prendre les solutions adéquates, un jour, je me suis dit qu’il fallait que je donne l’exemple du bon musulman, non pas à mon niveau personnel car, Dieu soit loué, j’étais déjà un bon musulman, mais à celui de ma famille. Je suis donc allé voir mon père, qui lui aussi faisait ses prières depuis très longtemps, malheureusement, il ne se comportait et n’agissait pas comme le voulait notre religion.
Mon père travaillait à la municipalité de la ville. Il était un simple employé : un planton. Il portait toujours durant son travail un uniforme bleu et une casquette rouge. Ce qu’il ne me plaisait pas chez lui, c’est que, d’abord, il faisait ses prières tout en restant habillé de son uniforme, ensuite, il permettait à ma sœur, plus jeune que moi, d’aller au lycée tout en mettant soit un jean soit une jupe, et enfin, il autorisait ma mère à aller toute seule, chaque matin, faire des courses.
Je suis donc venu le voir pour lui montrer le droit chemin. Quand j’avais fini mon discours, mon père s’est levé et m’a déclaré sur un ton on ne peut plus furieux.
« Ecoute moi jeune homme, nous sommes musulmans de père en fils. Nous avons toujours vécu avec des chrétiens et des juifs. Chaque communauté pratiquait son culte et ses rites librement sans jamais nuire aux autres. Nous nous respections, nous nous conseillions, nous nous entraidions. Nos enfants et les leurs fréquentaient les mêmes écoles, ils jouaient ensemble, allaient ensemble au cinéma. Et tu viens aujourd’hui me dire ce qu’il faut faire et ce qu’il ne le faut pas. Tu viens me demander de renier toutes les autres religions. Tu veux que je me range à tes côtés pour anéantir tous ceux que tu appelles « des mécréants ». Qui t’as donné ce droit ? »
« Ecoute-moi bien. Ce ne sont pas des barbus comme toi qui vont bouleverser ma vie. Le monde évolue. Mon arrière grand père ne s’habillait certainement pas comme moi, et ton arrière grand-mère ne s’habillait pas comme ta sœur, et si ta maman sort chaque matin pour faire le marché c’est parce qu’il n’y a personne pour le faire. Moi je travaille et toi tu erres Dieu seul sait où. Et combien même elle n’aurait pas à accomplir cette corvée chaque jour, moi, je l’autoriserais à sortir pour casser un peu la routine, parce que ton père croit à l’évolution de la société.
« Mon fils, ton Islam n’a pas de place chez moi. Va le prêcher plutôt ailleurs, et ne remets jamais les pieds dans cette maison tant que tu ne renonces pas à ton idéologie obscurantiste et intolérante en vers les autres religions. Et crois-moi. Vous n’irez pas loin avec vos crimes et vos discours fascistes ».
Fou de rage envers ce père têtu qui prétendait qu’on pouvait vivre en harmonie avec des mécréants, j’ai quitté donc la maison en espérant le tuer, un jour, de mes propres mains.
J’ai acheté un lit et je me suis installé dans ma boutique.
Au cours de la rencontre qui a suivi cette scène et qui s’est tenue à la campagne, j’ai demandé à mon formateur si je pouvais supprimer mon père. Le moufti (celui qui donne des fatouas) m’a prié de renoncer à mon acte : « Ton père rejoindra certainement notre rang ».
Cette volonté de ne reculer devant rien quand l’Islam est en danger m’a projeté au devant de la scène. J’étais l’objet d’admiration de tous mes supérieurs. Des rumeurs parlaient de missions de haute importance qui m’attendaient. C’était une question de temps et de planning.
Et c’est ce qui allait arriver.
( à suivre)

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 07-11-2013 22:19  Mis à jour: 08-11-2013 11:15
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: Repentirs d'outre-tombe
Combien de gosses sont pris dans ce piège ?
Comment peut-on croire toutes ces sornettes ?
La raison est peut-être dans ce sentiment que de l'extérieur on ressent :
ces gens ne vivent plus les pieds sur terre mais dans un rêve obsédant, dans une religiosité destructrice qui les prive de toutes réalités et même de toute humanité.
Effrayant. Comment peuvent-ils vivre ?
La suite
couscous
Posté le: 08-11-2013 06:00  Mis à jour: 08-11-2013 06:00
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Repentirs d'outre-tombe
Tout l'art de l'endoctrinement !

J'attends la suite.

Merci
Titi
Posté le: 08-11-2013 09:43  Mis à jour: 08-11-2013 09:43
Administrateur
Inscrit le: 30-05-2013
De:
Contributions: 1622
 Re: Repentirs d'outre-tombe
Magnifique démonstration, Salimbye, de la façon dont un certain nombre de jeunes, le plus souvent désœuvrés car délaissés, tombent dans le piège de ces dangereux maniaques, qui se servent, mais desservent, la foi qu’ils prétendent défendre…

Dans son livre sur la mal intitulé " Le problème du mal " Etienne Borde explique remarquablement le cheminement qui mène à ces actions et à ses conséquences irrémédiables, concluant sa démonstration par cette phrase qui est en parfaite adéquation avec ton sujet : « L'intégrisme est une nostalgie du passé qui se prend pour une référence à l'éternel » . Tout est dit !!!

Ces guerres saintes comme on les appelle, ne sont,(si tant est qu’elles aient été), plus d’époque .

Roberto S. Lopez, historien italien, évoquant le résultat négatif des Croisades, qui n’étaient rien d’autres que des guerres saintes, écrivait en 1963 que les seuls résultats durables des croisades, furent la ruine de la chrétienté byzantine, le raidissement de l'orthodoxie musulmane et la recrudescence de l'antisémitisme en Europe ».

Hélas, les expériences nocives de l’histoire ne sont pas toujours prises en compte par les hommes, et les martyrs d’hier deviennent les bourreaux d’aujourd’hui !!!

Cher salimbye, très impliqué sur ce sujet, j’ai dévoré tes remarquables lignes, sur ce cheminement qui mène à ces folies mortelles, et le contexte favorable dans lequel s’écrivent ces terribles faits.

Encore merci et Bravo
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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