Le secret de la coupe du monde
La foule sur les gradins faisait entendre un fort brouhaha, le match sur le terrain comme à l'accoutumée déchaînait les passions. Les supporters de l'équipe de foot étaient excités par le score,ils étaient emportés par la peur de perdre. Tout ce public rassemblé là , était en quête de triomphe sur l'adversaire, passionnés et fougueux les spectateurs insufflaient bruyamment aux joueurs la volonté de gagner, ils les incitaient , par des slogans hurlés à pleine voix, à marquer le beau but qui les gonflerait de joie et aussi de fierté. Leurs encouragements agissaient comme le moteur, le levier qui allait transcender et porter vers la victoire toute leur équipe de foot. Cette bataille il fallait avec certitude la gagner absolument, c'était incontournable. Perdre eut été une humiliation terrible, non envisageable, selon les termes employés couramment par la presse et les représentants politiques eux-mêmes. Il était question, d'honneur, de vaincre, d'humiliation, de vexation, de drapeau, de patrie, d'hymnes nationaux, de fierté nationale, …..de guerre en résumé. La coupe du monde, était une grande affaire, elle échauffait la planète entière, tous les pays se sentaient impliqués dans cette compétition, et même repoussaient provisoirement dans les cordes, la politique courante elle même. L'ambiance était donc violente et surchauffée. Le joueur, Bibi, sur le terrain, entouré des bruits du stade, debout avec le poids de millier d' yeux sur lui, se concentra pour viser sans manquer, et tirer, à coup sûr, le ballon en un temps record et avec justesse, marquer. Un oeil sur les buts, un oeil sur le ballon, il s'appréta à shooter avec conviction. Il fallait placer ce but. En fait, il faillit, oui, il faillit seulement shooter, car à ce moment précis, au moment fatidique où son pied bien ajusté, allait heurter le ballon, voici que l'horrible, le terrible maléfice, le sortilège se reproduisit une fois de plus. Une fois encore, Bibi subit l'épouvante vision, l'horreur : le ballon n'était plus cet objet rond du jeu si bien connu, ce n'était plus l'objet de cuir familier que son pied enverrait dans les buts, car à cet instant précis et décisif de l'action, un sort jeté avait transformé sous ses yeux le ballon et lui fit prendre un aspect stupéfiant. Ce ballon démoniaque s'était transformé brutalement en un énorme fessier joufflu de déesse callipyge et envoya avec force et malveillance, sur le pauvre Bibi, un vent plus malodorant que puissant, Ce mauvais souffle hostile déstabilisa tant notre pauvre footballeur, que son pied resta un instant en suspend . Un autre fois, son co-équipier Bubu avait eut la vision d'une monstrueuse tête de gros chien hargneux, cet énorme chien de combat agressif ouvrit grand sa gueule, une gueule immense et puante, le joueur bubuDevant la , vit dessous des yeux rouges qui flambaient et disaient sa rage, au milieu un nez énorme fait de deux trous sans fin, fumaient, et sur le sommet de cette face de monstre dressées hautes et agressives, des oreilles pointues, et de surcroit, une écoeurante odeur de souffre sortait entre les dents redoutables qui tentèrent prestement de s'emparer et de« bouffer » sans pitié le pied du footballeur terrorisé.
Devant la brusque appartion Bibi prit d'effroi, comme avant lui Bubu, Baba, Bobo, stoppa vivement son élan et son pied atteignit le ballon mais malheureusement avec mollesse, sans conviction il vit impuissant son tir partir lentement, mollement et échouer tranquillement, moqueur, par défi bien loin des buts. Ce terrifiant cauchemar durait depuis de longs mois déjà , et s'était accentué de façon dramatique depuis le début de la compétition mondiale. Tous les joueurs subissaient ce terrible sortilège, hormis, un ou deux, parmi lesquels ce fichu breton, épargné , on ne sait pourquoi. Tous, ou presque donc, dans l'équipe, étaient en proie à ces visions diaboliques qui les paralysaient. Bien évidement aucun ne put jamais confier à leurs supporters le mal terrible qui était à l'origine de leur défaite : ils ne pouvaient ni jouer, ni courir, jamais ils ne pouvaient tirer, car ils avaient , tous, mais tous très, très peur du ballon, une peur paralysante qui leur enlevait toute ardeur. Comment, alors, jouer et comment gagner ? Comment se montrer compétent ? Comment déclarer à tous ces spectateurs cette peur du ballon. Le coach, le staff, enfin tous, comprirent très vite l'impossibilité qu'il y avait à confier ce genre de problème, aux médias et aux supporters. Ces mécréants ne feraient à coup sûr que mettre en doute ce trouble et probablement même à en rire avec peu de compassion, à n'en pas douter, ces gens n'entendraient rien à ce trouble étrange et ne manqueraient pas de tourner en dérision le sort terrible qui avait été jeté sur ces malheureux footballeurs si valeureux et motivés par ailleurs. Donc, impossible de compter sur ces incrédubles esprits cartésiens, l'équipe entière savait qu'ils ne seraient pas entendus, pas crédibles. Ils avaient une peur viscérale du ballon et n'avaient aucune chance d'être entendus et compris, pauvres sportifs sans soutien, livrés seul à leur peur du monstre abject et invisible de la foule idiote. Le footballeur Baba, l'avant centre, qui lui, voyait dans le ballon non pas un gros fessier, ou une tête de chien comme Bibi, mais une horrible tête de porc, une grosse tête de porc avec un groin redoutable, Baba, proposa enfin, une solution.
Cette solution était très certainement la seule envisageable dans l'immédiat, la seule capable de mettre un terme à leur souffrance seule responsable de leur échec. Dans son enfance, Baba avait eu connaissance de faits semblables, de tels maléfices, et proposa de communiquer sa connaisance des formules magiques, pour mettre sur la touche le belliqueux esprit satanique du ballon.
Et donc, à la mi-temps, alors que tout semblait perdu, alors qu'ils étaient tous mis en échec par ce ballon sorcier qui les terrorisait de leur maléfice. Ils tentèrent d' inhiber les effets de l'enchantement .
C'est ainsi que tous réunit dans les vestiaires, profitant du discours du coach, avec l'accord de l'équipe, l'ailier gauche, Baba se mit à réciter les formules magiques qu'il tenait de sa famille: « vas niquer ta mère , fils de pute » Il le dit une seule fois mais à voix haute et ferme, et en y apportant toute sa puissance mentale, toute le force de son esprit. Ce n'était pas la première fois que Baba prononçait cette formule, mais cette fois ci, précisemment, il était en proie à la peur du danger, et en espérait un effet notable et définitif. Il fallait chasser cet esprit corrompu, dépravé, ce maléfice grossier, ordurier qui avait pris possession du ballon, et qui du même coup leur volait le succés, le triomphe, et qui les tenaient tous, pauvres victimes martyrs loin de l'apothéose du triomphe espéré. Ce remède n'aurait jamais du échouer et pourtant, l'esprit veule et malin, les mît une fois encore en échec, il sortit du vestiaire malgré eux, et à leur insu, avec impudeur il souffla sur la France entière, il couru dans les salles de presse, sur les pages des journaux, il "les balança", les dénonça sournois et menteur. Ce malfaisant couru sur toutes les bouches, dans les rédactions, à la télé et il salit ses malheureuses victimes, il porta sur eux l'opprobre en déformant les propos de Baba. La belle phrase magique, loin de calmer le mauvais esprit l'avait plutôt boosté et celui-ci lâchement utilisa son terrible pouvoir pour transformer la formule magique : Et par sorcellerie "Vas niquer ta mère, fils de pute" devint : «vas te faire enculer, fils de pute ». Ce qui est, il faut le noter, très différent et n'a absolument rien à voir, bien entendu avec la vraie formule magique .
Cette calomnie fut l'hallali et l'équipe entière dut par la force se résigner à fuir le terrain et le ballon effrayant, le mauvais!. Le coach conscient de la souffrance de ses joueurs accepta, à leur demande de lire leur communiqué de presse, fait sous l'effet de la pression, de la tension morale, et annonça la suspension des entrainements. Cette belle collaboration démontrait bien leur union si cela était nécessaire, cet appui était la confirmation de la confiance, du respect sans faille, pour ne pas dire la tendre affection que les joueurs accordaient à leur sélectionneur.
La peur du ballon ne fût jamais portée à la connaissance du public, elle ne fût jamais comprise des supporters, tant ceux-ci étaient affamés de réussites envers et contre tout. Le drame ne prit fin qu'à la fin de la coupe du monde et l'injuste expulsion de Bobo, dont on ignora sans reconnaissance aucune, le caractère égal, la bonne camaraderie, l'immense talent, la belle ardeur et la vitalité. L'ignorance porta supporters et public à méconnaître le sens caché de la formule magique et nous vîmes nos joueurs, mortifiés, offensés, mis au banc du sport, et tristement plier sous l'affront et les insultes.
La victoire finale revint ainsi au ballon diabolique qui gagna donc, puisque sorcier victorieux, il se refusa à nos joueurs qui le fuyaient. Nos joueurs qui d'autre part, ont appris à leurs dépends que les formules magiques devaient en toutes circonstances rester secrètes.
Lydia Maleville
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