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Textes Illustrés : Le Chrysanthème au japon
Publié par Loriane le 30-10-2015 10:00:00 ( 2078 lectures ) Articles du même auteur
Textes Illustrés



Le Chrysanthème au Japon

Alors que voici venue l’époque où l’on fleurit les tombes de nos défunts de chrysanthèmes
, faisons un petit voyage au pays du soleil levant pour voir ce qui s’y passe…
Le chrysanthème, ou " fleur d’or ", originaire de Chine, est arrivé au Japon sous l’ère NARA (710-794) et a tout d’abord été considéré comme plante médicinale, abaissement de la fièvre, remède contre les inflammations…, comme ce fut le cas pour un grand nombre de plantes chinoises arrivées au Japon à cette époque.
Puis, sous l’ère HEIAN (794-1185), la famille impériale et la cour s’intéressèrent davantage à la beauté de sa fleur, créant même des banquets et une fête en son honneur. C’est l’empereur GO-TOBA qui, au début du 13ème siècle, décida d’utiliser la forme à seize pétales comme emblème de la famille impériale.
Limitée au début au bon plaisir de l’aristocratie japonaise, la culture du chrysanthème se développa considérablement sous l’ère EDO (1600-1868) à partir de la ville impériale de Kyoto. De nombreuses maisons se spécialisèrent dans la culture et la création de nouvelles variétés de chrysanthèmes et exposaient leur production lors de « présentations », dans des auberges traditionnelles et dans des temples de Kyoto. Plusieurs estampes japonaises nous permettent d’avoir une idée de ces présentations, qui réunissaient généralement entre cinquante à soixante pépiniéristes, pour une centaine de chrysanthèmes exposés. La forme, la couleur des fleurs, le nom de la variété, son prix très cher, sa culture étaient consciencieusement notés dans un registre qui sont des sources d’information extraordinaires.
Centrée sur la ville impériale de Kyoto entre 1688 et 1703, la culture du chrysanthème se répandit ensuite à travers tout le pays, dans une course effrénée à la création et l’on vit apparaître des productions locales très importantes.
En 1719 fut publié un ouvrage de référence, le Kyôshingikumeikasôwarinaechô , détaillant 475 variétés de chrysanthèmes de l’époque et l’on réalise que le prix des chrysanthèmes était alors très cher car les variétés les plus prisées se négociaient à un équivalent de 750 à 1 000 euros d’aujourd’hui !
Mais qu’en était-il de ces chrysanthèmes, qui généraient une telle frénésie et qui attirent tout autant les foules aujourd’hui lors des festivals de chrysanthèmes ?

Les Japonais distinguent trois familles principales de chrysanthèmes :

1. Les grands chrysanthèmes, Oo-giku , avec un diamètre de fleur de 10 cm environ ; ce sont des chrysanthèmes cultivés dans un but ornemental et présentés dans des styles extrêmement codifiés lors des festivals que l’on peut voir en ce moment au Japon. On distingue plusieurs formes de fleurs :
a. [/img] La forme atsu-mono : Cliquez pour afficher l
inflorescence épaisse avec une centaine de pétales en forme d’écaille de poisson, incurvés vers le centre et soigneusement ordonnés.
b.

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La forme atsu-bashiri : même forme que la précédente, mais avec des ligules qui semblent courir vers l’extérieur, dans la partie inférieure d’où le nom japonais car hashiru signifie courir.
c. Cliquez pour afficher l
La forme oo-tsukami : même forme que les deux autres, mais avec la particularité suivante : la tête de l’inflorescence nous donne l’impression d’avoir été saisie entre deux mains, d’où le nom japonais car le verbe tsukamu signifie pincer, tenir fortement entre les mains) et il y a également de longs pétales qui courent vers l’extérieur dans la partie inférieure.
d.
Cliquez pour afficher l
La forme kuda-mono : les pétales , allongés, ont ici une forme tubulaire, avec une extrémité affinée, recourbée et le centre de l’inflorescence a la forme d’un bol de riz japonais. Selon la finesse des ligules, on distingue, par ordre décroissant d’épaisseur trois appellations différentes : futo-kuda , kan-kuda intermédiaire et hoso-kuda ou hari-kuda comparée à la taille d’une aiguille.
e. La forme hiro-mono : qui a une forme étalée horizontale, souvent soutenue par un collier lors des présentations japonaises. On distingue la forme à fleur simple, appelée ichimonji et la forme à fleur double, appelée « mino-giku .
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2. Les chrysanthèmes de taille moyenne, chû-giku, également appelés chrysanthèmes classiques koten-giku ou encore chrysanthèmes d’Edo edo-giku car ce sont eux qui furent développés à grande échelle durant cette ère Edo 17ème au 19ème siècle. Les Japonais de l’époque n’ont eu aucune limite dans la création variétale car ces chrysanthèmes ont la particularité d’avoir une floraison qui varie du début jusqu’à la fin, exerçant même un véritable ballet artistique pour certains ! On distingue 4 formes principales, qui portent le nom de la région dans laquelle elles furent créées :
a. Les chrysanthèmes de Saga, saga-giku : Saga est le nom d’une ancienne province de la région de Kyoto. Les ligules longs et fins commencent à fleurir de façon horizontale, puis se redressent en cours de floraison pour prendre la forme d’un bol !
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b.
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Les chrysanthèmes d’Ise, ise-giku : créés dans l’ancienne province d’Ise (préfecture de Mie), ces chrysanthèmes sont une variante des chrysanthèmes de Saga, démarrant leur floraison de manière horizontale également, sauf qu’ils la terminent en retombant vers l’extérieur !
c. Les chrysanthèmes de Higo, higo-giku : nous allons, cette fois, vers le sud du Japon puisque l’ancienne province de Higo correspond aujourd’hui à la préfecture de Kumamoto, sur l’île de Kyushu
.Cliquez pour afficher l
La culture de ces chrysanthèmes a longtemps été tenue secrète et confiée uniquement à des personnes officiellement autorisées. L’inflorescence simple est largement ouverte, en étoile.
d. Cliquez pour afficher l Les chrysanthèmes de Edo, edo-giku : créés à Edo, l’ancien nom de la ville de Tokyo, ces chrysanthèmes sont également appelés chrysanthèmes artistiques car ils effectuent un véritable ballet ! Les ligules tubulaires en forme de cuiller sont horizontaux au démarrage, puis ils se redressent, se tordent, se tournent et se cambrent ! La floraison, ou devrais-je dire le ballet, dure une dizaine de jours.
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3. Les petits chrysanthèmes, ko-giku : avec un diamètre de 3 cm environ, ces petits chrysanthèmes sont utilisés au Japon pour réaliser les cascades, les poupées de chrysanthèmes kiku-ningyô, les bonsaïs, etc.
Pour mettre tous ces chrysanthèmes en valeur et les montrer au public, les Japonais ont créé plusieurs styles de culture et de présentation, très codifiés, que l’on peut admirer à partir du 1er novembre dans toutes les régions du Japon.
Selon la taille de la fleur de chrysanthème, les styles suivants sont préconisés :

1. Pour les grands chrysanthèmes, on verra notamment les cultures et formes suivantes :
a. sanbon-jitate : on développe trois branches à partir d’un pied de chrysanthème, avec une inflorescence au sommet de chaque branche. La branche la plus haute symbolise le ciel et les deux autres, la terre et
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l’homme ; à l’image de ce que l’on observe en ikebana arrangement floral japonais. Les Japonais utilisent des inflorescences de couleur blanche, jaune et rose et disposent douze pieds sur quatre rangées et trois lignes en créant des diagonales blanches, jaunes et roses. La composition a une hauteur comprise entre 90 cm et 155 cm.
b
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ippon-jitate : on développe une seule branche sur un pied et l’idée est de présenter une couleur par rangée de chrysanthèmes.
c. nanahon-jitate : à partir d’un pied, on fait partir sept branches avec une inflorescence au sommet en faisant en sorte que les fleurs du milieu soient légèrement plus hautes que celles du pourtour
.Cliquez pour afficher l

d.
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senrin-zukuri : c’est l’une des formes qui requiert le plus de technicité car à partir d’un pied de chrysanthème on fait partir plusieurs branches de façon à créer une demi-sphère. L’ensemble peut atteindre trois à quatre mètres de diamètre et déployer de plusieurs centaines à un millier de fleurs au sommet.
e. daruma-zukuri : cette culture est similaire à la forme sanbon-jitate puisque l’on développe trois tiges, mais la composition est plus basse avec une longueur maximum de tige de 60 cm.
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2. Pour les chrysanthèmes de taille moyenne, appelés edo-giku ou koten-giku , on verra les cultures et styles hôki-zukuri shichigosan-zukuri , tenchin-zukuri , shino-zukuri et higogiku-kadan
Les techniques sont tellement particulières qu’il faudrait consacrer un article entier sur leurs caractéristiques de culture !
3Pour les petits chrysanthèmes, il y a , une fois encore, toute une variété de cultures et de présentations, mais la plus connue est la kengai-zukuri , autrement dit la culture en cascade.
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Ceux qui ont la chance d’être au Japon en ce moment peuvent admirer toutes ces cultures et présentations partout à travers le pays.

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Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 30-10-2013 22:55  Mis à jour: 30-10-2013 22:55
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le Chrysanthème au japon
Les chrysanthèmes sont de magnifiques fleurs ayant de nombreuses variétés, c'est indéniable, mais, en Europe, elles sont trop attribuées à la décorations des cimetières pour être appréciées à leur juste valeur.
Le fait que, chaque année, les gens vont les acheter pour fleurir des tombes imposent une certaine image.
Bien sur, c'est dommage.
Istenozot
Posté le: 31-10-2015 21:43  Mis à jour: 31-10-2015 21:43
Plume d'Or
Inscrit le: 18-02-2015
De: Dijon
Contributions: 2303
 Re: Le Chrysanthème au japon
Chère Loriane,

L'espace de quelques secondes, j'ai cru que Bacchus était ici!
La sensation est saisissante et surprenante tout à la fois.

Comme il avait raison!
Mais peut être ces belles fleurs nous pousseraient-elles à penser que la mort et la vie ne font qu'un, que la mort est vie.

Merci pour nous faire partager l'amour des chrysanthèmes.

Je te souhaite un bon dimanche de la Toussaint.

Amitiés de Dijon.

Jacques
Loriane
Posté le: 02-11-2015 09:07  Mis à jour: 02-11-2015 09:07
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9500
 Re: Le Chrysanthème au japon
Mais oui notre Bacchus est toujours ici. Il y a toujours sa trace et ces commentaires aimables.
Il avait confessé souvent que, comme moi, il avait une passion pour les fleurs.
Il était si présent.
Merci, passe une bonne journée.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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