Alyssa avait passé une nuit blanche. De vilains cernes étaient apparus sous ses yeux. Elle avait fait le même cauchemar que la nuit précédente, mais cette fois-ci avec beaucoup plus de précisions. Comme si elle n'était pas suffisamment fatiguée, de gros nuages menaçants s'amoncelaient dans le ciel, promettant de la pluie avant la tombée de la nuit.
Elle se leva en se promettant de garder les yeux ouverts durant son premier cours de la journée. Le sac sur l'épaule, elle se dirigea vers son lycée. Elle arriva en avance, la salle de son cours d'économie était ouverte, elle en profita pour s'installer. Quelques minutes plus tard, elle fut submergée de noir. Elle se vit sortir de la voiture et se dirigeait à pas de course vers le lieu de travail de son petit ami. La secrétaire lui indiqua la porte. Alyssa alla l'ouvrir quand la sonnerie retentit. La jeune fille ouvrit les yeux. Les élèves entrèrent en masse dans la salle. Jessica arriva avec le sourire comme à son habitude. Elle poussa le sac d'Alyssa et prit place. Après avoir sorti ses affaires, elle prit la parole : - Je suis désolée pour hier. Je n'aurais pas dû insister. - Ce n'est pas grave, rassura Alyssa en sortant ses affaires. - Tu le sais, je ne peux pas m'empêcher de me mêler des affaires des autres, argumenta la blonde, en chuchotant. - Cela, je le sais. Écoute, je ne t'en veux pas. Juste une seule chose, tu ne dois parler à personne de ce que je t'ai révélé. - Promis, annonça Jessica en se signant. Alyssa sourit aux gestes de son amie, puis se concentra sur le cours.
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L'économie politique est une science sociale qui étudie l'effort solidaire et organiser des hommes pour satisfaire les besoins qu'ils éprouvent en allouant de façon optimale les ressources entre les emplois... La sonnerie qui annonça la fin du cours retentit. Les élèves commencèrent à ranger leurs affaires mais ils furent interrompus : - Attendez une minute, quelques-uns firent la moue. Pour demain vous me lirez les documents pages 136 à  142 sur l'économie politique. Le professeur eut juste le temps de finir que certains étudiants étaient déjà sortis de la salle. Les deux filles se levèrent, rangèrent leurs affaires et partirent en direction du cours d'anglais, leur dernier cours de la matinée. Alyssa appréhendait ce cours. Elle n'aimait pas cette matière. Malgré ses efforts et ses prédispositions, elle ne savait pas aligner deux mots. Elle avait toujours peur que le professeur l'interroge, qu'il s'aperçoive de son accent reprochable et de sa syntaxe désastreuse. Les amies pénétrèrent dans une salle peu éclairée par la lumière du jour, aux couleurs d'un jaune délavé, sans vie. Des affiches en anglais avait été collées ici et là . Alyssa se dirigea rapidement vers l'avant dernier rang près des fenêtres, s'installa et sortit ses affaires. Jessica la rejoignit et fit de même.
Le cours commença sur la correction des questions qu'ils devaient préparer à la maison. La brune avait réussi à répondre à seulement trois questions sur cinq. Quand le professeur demanda un volontaire pour corriger, Alyssa baissa la tête et fit semblant de recopier quelque chose sur sa feuille. Ses muscles se relâchèrent quand un de ses camarades prit la parole.
Après cette rapide correction, le professeur distribua les interrogations qu'ils avaient réalisées il y a une semaine. Quand il déposa celle d'Alyssa, il ne fit aucun commentaire et continua. La jeune fille jeta un œil à sa note, huit sur vingt. - Tu t'améliores, intervient Jessica en examinant sa copie. - Tu parles, d'un sept, je passe à huit. Quelle amélioration, ironisa-t-elle. Et toi, changea-t-elle de sujet. - Douze, répondit tout simplement la blonde, tout en prenant note de la correction que dictait le professeur à l'oral. Découragée, Alyssa se contenta de copier, la feuille de sa collègue, sans prendre la peine de comprendre quoi que se soit et ce pendant une bonne heure.
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Au moment de la sonnerie, Alyssa avait déjà rangé ses affaires et attendait patiemment l'autorisation du professeur pour sortir. Elle mémorisa les devoirs à faire puis sortit. S'apercevant que Jessica ne suivait pas, elle dut l'attendre dans le couloir. Dès qu'elle aperçut la tête blonde de son amie, elle commença à dévaler les escaliers. Jessica courait presque derrière elle. - Tu as un train à prendre, réussit-elle à dire toute essoufflée par ce rythme effréné. - Non. Pourquoi tu me demandes ça, répondit Alyssa en ralentissant le pas. - Parce que tu cours. On est déjà sur le parking alors que les autres sortent à peine de leurs classes, expliqua Jessica. Au même moment, une moto bleue s'immobilisa devant les deux amies. Le motard descendit de sa bécane et retira son casque. - Maintenant, je comprends mieux pourquoi tu étais aussi pressée. Bonjour David, salua-t-elle en lui faisant la bise. - Jess, contente de te voir. Comment vas-tu ? - Bien, mais ta chérie me fait des surprises, rit-elle. David ne répondit pas et s'avança vers sa petite amie. Avec tendresse, il lui prit la main et lui déposa un baiser sur le front. Sous ses gestes intimes, Alyssa se raidit. Des images envahirent son esprit. La jeune femme fut désorientée, regarda autour d'elle un instant pour reprendre ses repères. Les alentours manquaient de netteté, elle entendait à peine ses amis qui s'inquiétaient de son état. Elle secoua la tête puis tout redevint normal. Elle prit la parole et annonça faiblement : - Je dois y aller. Sans explication, elle s'échappa et rentra de nouveau dans le lycée, laissant ses collègues au milieu du parking.
Avec rapidité, Alyssa monta les escaliers, elle traversa un couloir et s'arrêta devant une porte où l'on pouvait lire « scolarité ». La jeune fille reprit son souffle et ouvrit la porte en omettant de frapper. Toutes les personnes présentes se retournèrent. - J'ai besoin de vous parler, ajouta Alyssa en regardant Sullivan. Michael lâcha ce qu'il faisait et amena l'élue dans une autre salle, sous une dizaine d'yeux surpris et curieux.
Ils entrèrent dans une pièce, qu'Alyssa ne connaissait pas. Sur le mur en face de la porte, on pouvait voir deux ordinateurs et tous les instruments que les mordus de cinéma aimeraient. Au fond de la pièce, il y avait de nombreuses étagères de fortune, faites en métaux et pas très solides. Dessus étaient entreposés des caméras, des cassettes, des micros... Tout ce qui permettait à l'option cinéma de travailler dans de très bonnes conditions. Les volets étaient encore fermés, la pièce était peu éclairée. Le silence s'installa, Alyssa marchait de long en large, avec inquiétude. Tandis que Michael la suivait du regard. Après quelques minutes, il décida de mettre un terme à ce lourd mutisme.
- Mademoiselle, vous... - J'ai peur, je crois, non, j'en suis sûre. David est en danger, je le sens. Bafouilla-t-elle entre deux pas. - Qu'est-ce qui vous fait croire cela, questionna-t-il calmement. - Si je vous le dis, vous me prendrez pour une folle, dit-elle avec un rire nerveux. - Jamais je n'oserais, même pas en pensée, essaya-t-il de la rassurer.
Alyssa recommença à arpenter la pièce, s'immobilisa un instant puis vint s'affaler sur la chaise en face de l'agent. - Je l'ai vu... - Vous l'avez vu en rêve n'est-ce pas ? - Oui, mais comment le savez-vous ? - Toutes les élues, sans exception, ont ce don : leurs rêves, pour la plupart sont prémonitoires, expliqua-t-il toujours aussi imperturbable.
À présent, Alyssa comprenait son cauchemar, mais cela n'expliquait pas les images qui avaient défilé dans sa tête et Sullivan remarqua son malaise. - Il y a quelque chose d'autre qui vous tracasse, suggéra-t-il. - C'est vrai. J'ai compris pour mon rêve, mais pas pour les images que j'ai aperçues tout à l'heure en touchant David. À ce moment, j'étais bien réveillée ! - Je ne vais pas vous mentir. Je sais quel est ce phénomène. Dans le passé, une seule combattante avait ce don. Il stoppa net pour observer la jeune fille. - Mais quel don, bon sang ! On dirait que c'est une habitude chez vous de garder le suspense. Je déteste ça, s'impatienta la jeune fille en remuant fébrilement sur son siège. Un fin sourire s'afficha sur le visage de Michael. - Le don de prémonition. Elle pouvait voir l'avenir avec un simple toucher. - Ho là  là  ! Alors je vois l'avenir. Mais c'est affreux. Est-ce que ses prémonitions se sont réalisées ? Exprima-t-elle d'une traite. - Sur ce point, je ne peux pas vous aider, mais je sais où trouver la réponse. Mais en attendant, on va faire en sorte que celle-ci ne se réalise pas. Racontez-moi avec une grande précision votre vision. À nous deux, on va bien pouvoir aider votre ami.
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