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Accueil >> xnews >> Des vents et des grains (partie 1) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Des vents et des grains (partie 1)
Publié par couscous le 23-10-2013 19:40:00 ( 1089 lectures ) Articles du même auteur



Voici une nouvelle que j'ai écrite pour un concours que je n'ai pas gagné. Par contre, je me suis fait plaisir en l'écrivant. J'espère que vous prendrez le même plaisir en le lisant.



Dans le désert chaud du Sahara, un sirocco naît. Il enfle, emportant avec lui des grains de sable dorés. Il se dirige vers la méditerranée, et tel un voyageur sans papier, entame sa traversée vers la France.
C’est mardi aujourd’hui et il fait particulièrement chaud et lourd dans la voiture de Pierre. Il faut dire que cette dernière n’est plus de prime jeunesse. La climatisation n’était alors qu’une option de luxe inabordable pour le portefeuille de ce jeune comptable. Il desserre sa cravate repassée soigneusement la veille. Il déteste avoir l’air débraillé mais il suffoque dans son costume. Il ne se rend pas à une fête ou au restaurant. Il va simplement travailler, c’est sa tenue journalière, même s’il est le seul à avoir opté pour ce look strict dans le cabinet qui l’emploie. Il augmente la puissance de la ventilation d’air qui ne pulse que des bouffées chaudes.

Face à lui, le sirocco se meure et s’engouffre dans un dernier souffle sous la voiture, amenant ses passagers clandestins dans le système de ventilation dont le filtre s’apparente à un gruyère. Pierre reçoit en plein visage quelques grains de sable dont un vient se loger dans son œil droit. Aveuglé quelques instants et privé d’une vision en trois dimensions, il se rapproche un peu trop du vélo qu’il dépasse pourtant lentement. Ce dernier, percuté par le rétroviseur, perd l’équilibre et chute sur le bord de la route. Pierre, paniqué, s’arrête un peu plus loin pour s’enquérir du sort de sa victime. Le conducteur du VTT est déjà assis et se tient la jambe. Pierre se précipite :

« Je suis désolé Monsieur. Comment allez-vous ? Rien de cassé ?
- Monsieur ? Vous avez un sacré problème de vue mon cher ! »

Surpris de cette réponse, Pierre observe attentivement le visage légèrement grimaçant et lui découvre des attributs féminins à l’opposé de ce que ses cheveux blonds coupés courts et sa tenue sportive sombre lui inspiraient de prime abord. En croisant son regard bleu, un petit frisson lui parcourt l’échine.

« Oh pardon, Madame.
- Mademoiselle ! »

Pierre est un peu surpris de la réactivité de son interlocutrice qui l’interroge :
« Vous m’aidez à me relever ou dois-je attendre ici que vous reculiez pour m’achever ? »
Il soulève le corps frêle de la cycliste. Elle vacille en tentant quelques pas hésitants avec le soutien du bras de Pierre, avant de rendre un verdict :

« Apparemment, rien de cassé mais j’ai la cheville qui flotte et de moches écorchures aux bras et aux jambes. Vous me conduisez à l’hôpital ou je fais du stop ?
- Euh … je me rendais au travail.
- Moi aussi mais je ne suis plus trop en état … un peu à cause de vous. Je ferai un mot pour votre patron si vous voulez. Vous pourriez embarquer mon vélo dans votre coffre car si je le laisse ici, je ne pense pas le retrouver à mon retour. »

Après avoir aidé la jeune femme à s’installer dans la voiture, Pierre tente de faire entrer la bicyclette à l’arrière du véhicule. Impossible de fermer complètement le coffre mais un bout de ficelle tombe à pic pour solutionner le problème. Il s’arrête devant l’entrée des urgences.

« Je vais chercher une place de parking et je vous rejoins.
- N’en profitez pas pour vous enfuir avec mon vélo, hein ? »

Pierre observe sa passagère claudiquer vers la porte automatique. Il se dirige ensuite vers le parking bondé. Un coup de chance, une voiture quitte une place.

La salle d’attente est quasi vide. Pierre s’assied à côté de la jeune femme, sort son GSM et appelle le bureau.

« Allo, patron. C’est Pierre. Je suis à l’hôpital.
- Tu as eu un accident. Pas trop grave, j’espère.
- Oui et non.
- Quoi ?
- Oui, j’ai eu un accident. Et non, ce n’est pas grave. Je n’ai rien.
- Tu reviens tout de suite alors ?
- Pas vraiment. On attend notre tour aux urgences.
- On ?
- Oui, je suis avec …. »

Pierre se rend compte qu’il ne connaît pas le prénom de sa voisine. Il lui demande :
« Comment vous vous appelez ? »

D’un air malicieux, la jeune femme répond :

« Je pense que j’ai eu un choc à la tête car je ne m’en souviens plus. »

Pierre l’observe, dubitatif quant à la véracité de ses propos, avant de reprendre la conversation avec son chef.

« J’ai renversé un cycliste …
- D’accord. Tiens-moi au courant. »

Il raccroche et se tourne vers l’amnésique.

« C’est vrai que vous ne connaissez plus votre identité ?
- C’est plutôt vous qui ne connaissez pas les bonnes manières. Pourquoi donnerais-je mon nom à un parfait inconnu ?
- Je vois. Je m’appelle Pierre Laroche, comptable. »

Et il lui tend la main avec un sourire franc. Elle la serre en énonçant :

« Sandy Desvents, cycliste malchanceuse, victime de Pierre le comptable.
- Je suis désolé mais j’ai été aveuglé.
- Par ma beauté ! Mais j’étais de dos …
- Non, par un grain de sable dans l’œil.
- J’ai eu de la chance qu’il vous restait l’autre œil sinon vous ne m’auriez pas frôlée mais carrément écrasée.
- Vous exagérez … »

A suivre ...

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
arielleffe
Posté le: 25-10-2013 10:13  Mis à jour: 25-10-2013 10:13
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Des vents et des grains (partie 1)
Dommage que tu n'aies pas gagné, j'avais bien aimé ton histoire.
Christophe
Posté le: 25-10-2013 10:24  Mis à jour: 25-10-2013 10:24
Plume d'Argent
Inscrit le: 21-10-2013
De: Aigle
Contributions: 117
 Re: Des vents et des grains (partie 1)
Excellent!
On attend donc impatiemment...
couscous
Posté le: 25-10-2013 12:35  Mis à jour: 25-10-2013 12:35
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Des vents et des grains (partie 1)
Merci pour votre passage à tous les deux.

La suite, bientôt, sur votre écran (d'ordinateur bien sûir !)
Loriane
Posté le: 29-10-2013 11:07  Mis à jour: 29-10-2013 11:07
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: Des vents et des grains (partie 1)
Citation :
C’est mardi aujourd’hui et il fait particulièrement chaud et lourd dans la voiture de Pierre. Il faut dire qu’elle n’est plus de prime jeunesse.
Cette phrase, Couscous, tu devrais la revoir ;
par exemple :" C’est mardi aujourd’hui et il fait particulièrement chaud et lourd dans la voiture de Pierre. Il faut dire que cette dernière ou celle-ci, n’est plus de prime jeunesse".
Ce récit est si près de "jambe en l'air", tes thèmes personnels sont souvent récurrents.
Amusant ce vent africain qui provoque un accident en Europe, mais cela arrive plus souvent qu'on ne le croit, je me souviens d'avoir skié, dans les Alpes sur une neige rose, colorée par une tempête saharienne qui avait traversé la grande mare aux canards. C'est la théorie du chaos, dite plus joliment "l'effet papillon".
Merci
couscous
Posté le: 29-10-2013 12:42  Mis à jour: 29-10-2013 12:42
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Des vents et des grains (partie 1)
Je vais revoir cela. J'avoue avoir un peu utilisé les mêmes ficelles. Mais ce type de personnage est drôle à utiliser.
De la neige rose, impressionnant

Merci Loriane
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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