A chacun son dû ( 3ème partie )
III ème partie : Le siège des bureaux administratifs de l’entreprise « Shimon transit co. » se trouvait en pleine ville près du port. Une minuscule villa coincée entre de hauts bâtiments et située à quelques mètres des services de douanes. Le bureau personnel du juif était au rez-de chaussée. On y accédait par une entrée particulière. La porte équipée d’un interphone, s’ouvrait et se refermait automatiquement. Aucun employé de l’entreprise n’avait le droit d’entrer dans le bureau de Shimon sans l’autorisation de ce dernier. Toute communication orale se faisait par téléphone. Même si cet appareil restait décroché pour de longues heures, personne des employés n’osait venir sonner à la porte du patron. Vaste et peu éclairée, la pièce contenait, en plus d’un bureau en bois massif avec son siège pivotant, deux somptueux fauteuils en cuir marron au dessus desquels on avait accroché une reproduction de D. Gasser : « Corps de femme ». Une vieille femme chargée de l’entretien du lieu, venait chaque matin à huit heures. Le patron, en personne, lui ouvrait la porte avant d’aller prendre un café juste en face. Le nettoyage ne dépassait jamais vingt minutes. Cet après midi là , Leila découvrait pour la première fois le bureau de son ami Shimon. En annonçant son nom près de l’interphone, elle perçut un déclic, avant de voir la porte s’ouvrir lentement. Au moment où elle avait quitté sa maison, Leila était excitée et inquiète. Elle avait peur que le juif ne soit pas dans son bureau. Elle ne cessait de se demander s’il était lucide et sincère, au moment où il lui avait donné ce rendez-vous. Quels prétextes pourrait-il avancer pour justifier son absence ? Quelles seraient leurs relations après l’échec de ce rendez-vous tant attendu ? L’homme à qui elle n’avait cessé d’y penser durant tout le trajet se tenait debout près des fauteuils. « Il est là ! ». Une illumination ! Elle ôta ses larges lunettes de soleil, jeta son petit sac par terre et courut se jeter entre les bras ouverts de Shimon. Sans prononcer un seul mot, ce dernier lui colla un long baiser sur les lèvres, avant de l’emmener toute chancelante vers l’un des deux fauteuils ? Elle s’y installa, remit ses cheveux en ordre, se croisa les jambes tout en fixant son amant qui s’assit en face d’elle sur l’autre fauteuil. La jupe courte qu’elle portait laissait voir de ravissantes jambes. Subjugué, Shimon dévorait d’un regard avide chaque partie de ce corps qui se trouvait à portée de sa main. En parlant de la soirée du samedi précédent, la femme du juge évoqua exprès la danse que lui avait accordée le juif. Elle se plaignit d’avoir été maladroite parce qu’elle ne savait pas danser le slow, et pria son amant de lui donner des leçons dans ce domaine. En réalité, elle voulait qu’il la prenne entre ses bras et qu’il se colle à son corps afin qu’elle éprouve les mêmes sensations que celles qu’elle avait vécues au cours de leur première danse. Shimon qui cherchait un moyen quelconque lui permettant de caresser l’envoûtant corps de la visiteuse, sauta sur l’occasion, tout en signalant qu’une ou deux séances étaient largement suffisantes pour exécuter cette danse à la perfection. Il s’approcha de Lalla, la prit par la main et se mirent tous les deux à basculer lentement au milieu de la pièce. Cette première leçon ne dura que quelques secondes. Elle céda la place à leurs désirs dévastateurs. D’un geste énergique, l’amant prit la femme du juge entre les bras, chercha des yeux la place propice pour éteindre les braises de la passion qui les consumait tous les deux et ne trouva que l’un des deux fauteuils. Tremblante et palpitante de désir, Leila s’affala sur le cuir et laissa Shimon explorer superficiellement les secrets de son corps. Ce dernier emprisonna les globes de ses seins entre ses doigts tremblants. La jeune femme émit un son plaintif et inarticulé en faisant bomber son torse d’avantage pour mieux l’offrir à son partenaire. Se tortillant frénétiquement, elle renversa sa tête en arrière et se lova sous le corps qui l’accaparait pour épouser ses formes. Elle retira prestement sa culotte qu’elle fit glisser sur ses chevilles et finit par s’en débarrasser en gigotant. Haletante, la gorge serrée, le cœur battant dans sa poitrine à un rythme convulsif, elle ferma les yeux et serra de ses deux bras le corps en sueur de son amant en s’y agrippant des ses ongles aigu. Les caresses tantôt tendres, tantôt rigoureuses et le rythme accéléré de la respiration de son amant procurèrent un doux plaisir sensuel et une volupté qui lui était inconnue jusqu’alors. Ses yeux restèrent fermés comme si elle avait peur que son attention ne fut détournée de cette délicieuse sensation qu’elle n’avait jamais goûtée avec son mari. Soupirs, halètements, sons étouffés, demi-mots, plaintes, cabrages. Les mouvements, tantôt lents et doux, tantôt violents et énergiques, ne durèrent que quelques minutes qui furent largement suffisantes pour essouffler les amoureux.
Avant de se quitter, le patron promit à Lalla qu’il installerait un large divan pour qu’ils puissent profiter pleinement de leurs amours. Elle lui répondit que c’était une bonne idée, bien qu’au fond d’elle-même, elle préférat plutôt les postures encombrantes et qui exigeaient de grands efforts physiques, vu que son mari était incapable d’en fournir quand ils faisaient l’amour. Shimon tint sa promesse et acheta un divan qui ne fut utilisé que rarement. La femme du juge devint une habituée de la petite villa située près du port. Elle s’y rendait chaque lundi après midi, pour briser le carcan conjugal. Deux mois après leur première rencontre, Leila tomba enceinte. Shimon fut le premier à apprendre la nouvelle, pourtant, il ne manifesta pas de joie et se contenta de féliciter son amante. Ce ne fut pas le cas du juge qui jubila à l’annonce de cet heureux événement en soulignant qu’il était sûr qu’il finirait par faire un enfant à sa ravissante épouse. Feignant d’être touchée par le compliment, Lalla embrassa sur mari sur la joue en se disant : « Pauvre idiot ! ». ( à suivre )
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