| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> xnews >> Gestion de crises ( suite 4ème partie: suite et fin ) - Nouvelles - Textes
Nouvelles : Gestion de crises ( suite 4ème partie: suite et fin )
Publié par Salimbye le 02-10-2013 12:37:35 ( 1117 lectures ) Articles du même auteur




Gestions de crises 4ème et 5ème paries ( suite et fin )

Quatrième partie :

Chaque vendredi, après la prière de midi, des centaines de jeunes chômeurs se rassemblaient sur la vaste plage de la ville, avant de former un long cortège. La foule se dirigeait vers la municipalité pour continuer ensuite en direction de la préfecture. Le défilé empruntait toujours le même itinéraire.
Boulevard de La Ligue Arabe. Boulevard Hassan II.
Banderoles marquant clairement les revendications des jeunes chômeurs. « Nous voulons du travail », « le travail est un droit », « Elus, où sont vos promesses ? », « Qui a vidé le trésor public ? », « Arrêtez les voleurs ! ».
Marée humaine.
Chants assourdissants.
Tous les passants s’arrêtaient pour contempler et commenter cette procession. Ils savaient que ces jeunes qui réclamaient un droit fondamental ne seraient jamais satisfaits. Usés et désespérés, ils perdraient leur engouement. Ils passeraient à d’autres choses. Ils s’enrôleraient dans l’illégalité.
Vols. Crimes. Vente de la drogue. Prêche de la « Charia ».
Ils partiraient pour l’Afghanistan, le Pakistan, l’Irak, ou la Somalie, le Yémen ou la Syrie faire la guerre sainte. Faire le Djihad.

Police.
Casques et matraques.
Ceinture humaine de sécurité autour de la préfecture.

Un homme ouvrait la marche devant cette foule qui grossissait, qui gonflait, qui grondait, qui progressait. Il était en haillons. Cheveux ébouriffés et poussiéreux, yeux cernés, pieds nus, il marchait d’un pas décidé. La tête haute. Un soldat déterminé, qui se rendait au champ de bataille.
Il ne récitait pas le même chant que fredonnaient ses poursuivants.
Il insultait.
Il maudissait tous ceux qui l’avaient privé de son rêve.
Tenant un long bâton à la main, il voulait récupérer son bonheur, quitte à être arrêté par la police et jeté une nouvelle fois en prison.

Accusé d’avoir tué l’être qui lui était le plus cher dans ce monde, il avait passé une dizaine d’années en détention.
Personne n’avait fait attention à la maladie d’amour qui l’avait attaqué le jour même où on lui annonça le drame.

Au moment de la reconstitution de la scène du déroulement du crime, la police lui dicta les gestes qu’il fallait faire afin de prouver incontestablement qu’il était bien l’auteur de la tragédie. Comme un somnambule, l’accusé effectuait machinalement les mouvements demandés.


En quittant la prison, Ritzou se dirigea directement au marché Lalla Zahra et commença à parcourir les ruelles étroites en criant :
« Viens Rachida ! Où es-tu ? Il faut qu’on rentre chez nous ».
Marchands et usagers comprirent enfin que l’homme en haillons souffrait gravement.
L’amour lui avait perdre la raison.
Regards pitoyables.
Toutes les jeunes filles qui faisaient des achats rêvaient d’un amour pareil.
Un homme qui leur resterait fidèle même après la mort.
Un homme qui perdrait la raison après leur disparition.

Après avoir fouillé dans tous les recoins du marché, il quitta les lieux et se dirigea vers la plage.
Il s’assit sur un rocher, celui-là même qui les avait accueillis la première fois, lui et Rachida.
Il hurla de toutes ses forces : « Je suis là. Viens on va partir au festival Moulay Abdellah. Hier, j’ai dressé notre tente tout près du mausolée. Viens ma chérie, nous allons partir tout de suite ».
Les rares baigneurs dévisageaient pitoyablement ce misérable qui parlait tout seul en fixant les vagues.

Vers dix sept heures, Ritzou informa Rachida qu’il comptait passer une semaine à Moulay Abdellah. Il allait partir le soir même à ce festival. Il y dresserait la petite tente canadienne qu’il avait achetée quelques jours auparavant. Il reviendrait le jour suivant pour l’emmener avec lui. Elle allait certainement apprécier ce lieu touristique qui drainait beaucoup de visiteurs. Elle admirait la fantasia, cette course de chevaux dont le pays tout entier demeurait fier. Elle vibrerait aux divers chants folkloriques.
Il lui conseilla de rester à la maison, de manger et de ne pas avoir peur. Il reviendrait tôt le jour suivant.
Il partit.
Rachida alluma la petite radio. Elle ne voulait pas continuer à penser qu’elle allait passer la nuit toute seule.
Mais elle était heureuse d’avoir rencontré l’homme qui lui prêtait toute son attention, tout son amour.
Rêve délicieux.
Sommeil profond.

Cinquième partie :

Sur la place centrale du marché, une immense foule formait un grand cercle autour du corps gisant par terre. Une main blanche, aux doigts très fins, dépassait le bout de tissu blanc tacheté de sang qui couvrait le cadavre. Des objets éparpillés par terre : Un peigne rose, un petit miroir ovale, un minuscule flacon de parfum en forme de cœur…
La tristesse étranglait Naima qui pleurait silencieusement. L’ex-inspecteur était consterné. Il titubait. M’jid vomissait contre le mur de sa boutique.
Habillés tous en blanc, les barbus se mirent à réciter, à haute voix, quelques versets de Coran.
Seuls les visages des autres vendeuses demeuraient inexpressifs.

Ritzou, l’air hagard, répondait machinalement aux policiers chargés de mener l’enquête. Son regard, brouillé par les larmes, criait son innocence.
Mais il fallait faire vite. Clore le dossier. Le suspect était là. Le bouc émissaire.
Rachida paya pour l’attitude irresponsable des responsables. Leur laxisme lui coûta la vie.
Sacrifice sur l’autel du désordre et de la misère.
Deuil.
Police.
Travail fastidieux.
Questions idiotes.
Qui ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?
Arme du crime.
Reconstitution du drame.
Enquête achevée.
Juge d’instruction.
Condamnation.
Folie.

Cris lointains de jeunes chômeurs réclamant du travail et de la dignité.

LAABALI

Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 03-10-2013 18:57  Mis à jour: 03-10-2013 18:59
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9500
 Re: Gestion de crises ( suite 4ème partie: suite et fin )
Pauvres femmes de la planète terre !!
Merci
couscous
Posté le: 04-10-2013 06:17  Mis à jour: 04-10-2013 06:17
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Gestion de crises ( suite 4ème partie: suite et fin )
Histoire déchirante que voilà.

Merci pour le partage salimbye.

A bientôt

Couscous
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
33 Personne(s) en ligne (9 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 33

Plus ...