Chapitre 5

Première partie

3 mois plus tard. Samedi 12 décembre, 10 heures.

- Aly, tu peux m’aider ? Je n’arrive pas à résoudre cette équation, dit Jessica avec une pointe de colère dans la voix.
- Montre. Jessica lui passa son brouillon. Sers-toi du discriminant.
- Le problème, c’est que je me souviens plus de la formule ! Avoua-t-elle d’un ton désespéré. Alyssa sourit, son amie avait toujours eu des problèmes en mathématiques.
- C’est simple, c’est b2 - 4ac.
- Merci.

La jeune fille nota rapidement la formule dans un coin d'une feuille volante puis se leva pour fermer la fenêtre du salon. Les deux amies étaient installées sur un canapé marron, en face de deux fauteuils de la même couleur et, au milieu, une table basse couverte d’un tas de bouquins et de feuilles.

- Tu veux boire quelque chose de chaud ? proposa Alyssa en fermant son livre de calcul.
- Je veux bien. Cela nous permettra de faire une pause, répondit la blonde en s'enfonça dans le canapé.

L'hôte se leva pour se diriger vers la cuisine aux couleurs chaudes, spacieuse et aménagée avec goût. Elle sortit deux tasses et une casserole. Elle ajouta le cacao au fond des récipients, puis versa le lait brûlant. Calmement, elle porta les deux boissons dans le salon, où Jessica avait allumé la télévision. Elle les posa sur la table puis s'installa auprès de son amie en s'emmitouflant sous la couverture.
- Il y a quelque chose d'intéressant ? Demanda-t-elle à l'adresse de Jessica.
- Tu parles ! Que des séries endormantes, ou des documentaires.
Au moment où, Alyssa allait lui répondre, son téléphone portable vibra. Elle s'avança pour voir qui c'était. Au prénom, elle se leva précipitamment, faisant tomber la couverture, attrapa son mobile et répondit.
- David, je suis contente de d'entendre.
L'adolescente sortit dans la fraîcheur de la véranda, laissant seule son amie d'enfance, qui zappait de nouveau.

La conversation, ne dura pas longtemps, quelques minutes seulement, à la grande surprise de Jessica.
- Déjà ! Il y a un problème ? questionna-t-elle en observant la brune faire des va-et-vient dans la pièce.
- Tu ne devineras jamais, lâcha-t-elle, enfin, en s'immobilisant et en souriant.
- Heu..., commença Jessica en hésitant.
- David revient à Saint Fontaine. Quand il m'a appelé, il était à la gare. Il m'appellera quand il sera arrivé.
Sur ses paroles, Jessica sauta sur ses jambes et prit son amie dans ses bras.
- Je suis contente pour toi. Mais, pour combien de temps ?
- Il se réinstalle à Saint Fontaine. Il m'a dit qu'il m'expliquera tout à son arrivée. Jessi, je suis tellement contente de l'avoir de nouveau auprès de moi.
- Je sais, je sais. Les trois mousquetaires seront de nouveau réunis, termina Jessica avec un large sourire.




Chapitre 5

Deuxième partie

Samedi 12 décembre, 16 heures.

L'hiver. Saison la plus froide de l'année. Les manteaux, les gants, les bonnets, les écharpes encombrent les armoires. Les arbres sont dégarnis, l'herbe se fait rare…

Michael repoussa légèrement le rideau. Il put apercevoir un jeune homme qui équipait ses roues de chaînes et un voisin qui retirait la neige devant sa porte.
Il relâcha le rideau, prit les toasts chauds dans le grille-pain, se servit un café qui fumait encore et s'installa à la table de la cuisine. Un dossier l'attendait. Il portait un nom, David Lambert.
L'agent but une gorgée de sa boisson puis entreprit la lecture rapide du document.

Après quelques minutes, il rangea le dossier et s’attarda sur la photographie du jeune homme.
En deux ans, l'adolescent avait vécu un enfer. Sa mère décéda dans un accident de la circulation, son père tomba subitement dans l'alcool. David s'était retrouvé à de nombreuses reprises aux urgences avec des ecchymoses, des entorses ou des fractures. Avec l'aide d'une assistance sociale, il réussit à obtenir l'émancipation. Il quitta son père et décida de revenir dans sa ville natale.

Quelque peu inquiet, Michael se leva et se dirigea dans le salon. Tout un attirail de surveillance avait été installé. Il attrapa des jumelles, se plaça à la fenêtre et observa sa protégée.

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Alyssa se trouvait sur une terrasse couverte et fermée par des vitres menant sur un jardin enneigé.
La véranda était meublée avec un salon d'extérieur de style contemporain. Il se composait d'un canapé, de deux fauteuils, d'une table basse et d'un bar rustique et chaleureux, accompagné de deux tabourets. Enfin, sur le mur, on avait accroché un téléphone blanc.

La jeune fille était plongée dans une histoire noire et captivante. Elle ne pouvait plus se détacher du bouquin. Elle voulait absolument connaître le dénouement. Alyssa tourna une page. Tout en la dévorant, elle avala une gorgée de son chocolat qui avait refroidi. Elle vérifia le nombre de pages avant la fin puis reprit sa lecture. Pendant un moment, elle pensa aller lire la conclusion, mais elle se ravisa. Une nouvelle page se tourna. Alyssa commença la première phrase quand tout-à-coup une sensation dérangeante l'envahit. Elle releva la tête et regarda autour d'elle en s'arrêtant sur les fenêtres, les portes des maisons voisines. Alyssa pressentait un regard soutenu sur elle.
Mal à l'aise, elle se leva et pénétra dans le salon. Subitement, le téléphone sonna ce qui la fit sursauter. Elle reprit le contrôle de son corps : ses muscles se relâchèrent, les battements de son cœur diminuèrent et sa respiration reprit son rythme normal. Elle décrocha à la troisième sonnerie.

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Michael relâcha le rideau puis se colla contre le mur à l'abri de son regard intense, les jumelles encore dans la main. Il inspira et expira profondément. Un clic retentit. Il se dirigea vers la table du salon, monta le son de la table d'écoute qui trônait au centre, tout en déposant son accessoire de surveillance sur le fauteuil. Une voix douce se fit entendre. Michael s'installa sur le canapé avec un bloc-notes et un crayon et écouta attentivement.
Après quelques secondes de conversation, on raccrocha. Michael s'approcha de nouveau de la fenêtre. Il aperçut la jeune fille qui marchait rapidement dans l'allée, avec son téléphone portable à la main. Elle claqua le portail blanc puis patienta sur le trottoir. Un taxi arriva et freina devant elle. Le conducteur lui ouvrit la porte, elle s'engouffra dans le véhicule. La voiture démarra. Aussitôt, Michael s'emmitoufla dans son manteau, prit ses clés et se dirigea vers le garage. Il fit chauffer la voiture pendant que la porte automatique du garage s'ouvrait. Quand il quitta son abri, des flocons débutèrent leur descente avec légèreté.

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Alyssa paya le taxi puis s'enfonça dans la gare de Saint Fontaine. Elle passa rapidement le hall d'entrée pour atterrir sur le quai bondé de personnes. Un train venait tout juste d'arriver. L'adolescente observait les gens qui en sortaient. Soudain, son visage s'éclaira. Un jeune homme brun, qui portait un sac de voyage, descendit la grande marche. Sans perdre une seconde, Alyssa se jeta dans ses bras. Il lâcha son bagage et serra davantage la jeune fille, respirant au passage son doux parfum vanille. Il la repoussa gentiment. Elle se noya, un instant, dans son regard émeraude, puis lui donna un langoureux baiser.
- Je suis tellement contente de te voir, lui murmura-t-elle au creux de l'oreille tout en lui passant la main dans les cheveux.
- Moi aussi, ma chérie, moi aussi, répéta David tout en lui donnant de petits baisers sur les commissures des lèvres, le bout du nez et le front.

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Michael gara sa voiture puis se rendit sur le quai de la gare. Il s'installa sur un banc à l'abri des regards, prit un journal et l'ouvrit devant lui. Le couple se trouvait face à lui sur quelques mètres seulement. Il n'entendait pas leurs paroles, mais il les devinait. Le lieu se vida petit à petit. Ayant peur de se faire voir, l'agent décida de se lever et de se rendre dans le hall d'entrée. Il eut tout juste le temps de se cacher derrière une plante, quand le couple passa devant lui main dans la main. Du regard, il les vit monter dans un taxi. Sans perdre une minute, il se dirigea vers son véhicule et entreprit de les suivre.
Après un court trajet, le taxi déposa le jeune homme devant un bâtiment neuf puis repartit avec Alyssa. Michael observa rapidement l'adolescent, tout en notant l'adresse afin d'effectuer quelques recherches. Il reprit sa route, à la poursuite du taxi.
Celui-ci effectua un dernier arrêt au domicile des Gérard, ce qui rassura le jeune agent.