Chers lecteurs, veuillez lire les chapitres précédents pour une parfaite compréhension.
Lucie ouvre un œil. L’horloge indique huit heures. Personne n’est venu la sauver pendant la nuit. Mais que font-ils ? Ils ont dû interroger sa tante. De quoi se sera-t-elle souvenue ? Elle ne sait même pas quel jour on est. Elle en oublie le prénom de Lucie parfois. Elle leur aura peut-être juste parlé de sa dernière conversation avec un rhododendron.
Et après, ils auront cherché les différentes routes que Lucie aurait pu emprunter pour rentrer chez elle. Sur celles-ci, il faut trouver une maison isolée, habitée par deux retraités. Même Derrick y arriverait en moins de vingt-quatre heures !
Dad débarque et effectue les soins comme si de rien n’était. Le silence qui règne est juste entrecoupé par les gémissements de Lucie, ce qui n’inquiète aucunement le vieillard. Mom dépose la bassine, le nécessaire de toilette et une robe verte au bout du lit. Puis elle sort sans échanger un regard avec sa prisonnière.
Lucie se débarbouille et se change. Elle trouve la robe du jour encore plus horrible que les précédentes. Faute de mourir de septicémie, elle mourra peut-être de honte. Elle ne veut pas perdre espoir, confiante dans la compétence de la police fédérale.
Un coup de sonnette résonne dans toute la maison. Lucie retrouve un regain de vie. Elle entend Dad discuter avec une voix masculine. Lucie se hisse péniblement hors du lit afin d’atteindre sa fenêtre qui surplombe l’entrée. A ce moment, Mom entre en trombe dans la pièce. Elle repousse Lucie dans le lit et lui maintient une main sur la bouche en posant un index sur ses lèvres ridées. Lucie se débat mais ne peut se déparer de l’étreinte de la vieille dame. Elle tâtonne le matelas de la main et retrouve le cutter. Elle le brandit, en fait sortir la lame neuve et entaille la main de Mom. Celle-ci hurle et recule en regardant le sang gicler de son poignet. Lucie en profite pour sautiller vers la fenêtre, l’ouvrir et hurler à l’adresse des deux policiers qui s’éloignent déjà dans l’allée.
L’un des deux se retourne et ils se mettent à courir vers l’entrée. Le plus grand sonne et tente de forcer la porte. Lucie voudrait sauter dans leurs bras mais la chute s’avérerait fatale pour elle ou celui qui tenterait de la rattraper.
Elle se retourne et fait face à Mom. Celle-ci s’est emparée du bâton qui siégeait dans le coin et lui assène un méchant coup dans la cuisse droite. Lucie s’écroule dans un râle. Par la fenêtre toujours ouverte, la voix d’un policier s’écrie : « Passons par derrière ! ». Mom part rejoindre le rez-de-chaussée, sûrement pour prévenir son mari, pensant Lucie hors service. Celle-ci rampe péniblement jusqu’à l’escalier. Elle dépasse la tête entre les barreaux et aperçoit ses deux tortionnaires menottés par les forces de l’ordre. Mom crie :
« Mais c’est notre fille. Elle est devenue folle et prétend qu’on la séquestre. Je vous assure. Ne nous la prenez pas ! »
Lucie éprouve presque de la pitié ; ce doit être ça, le syndrome de Stockholm. Un gars en uniforme s’approche de Lucie. Il la rassure, lui explique qu’elle est hors de danger, avant de solliciter une ambulance dans son talkie. Quelques minutes plus tard, la camionnette jaune, sirènes hurlantes, fait son entrée dans la cour. Les brancardiers montent l’escalier quatre à quatre. Lucie, à moitié consciente, parvient à peine à répondre aux questions des ambulanciers. Ils lui prodiguent les premiers soins et lui posent la perfusion de circonstance. Lucie entend les sirènes avant de sombrer dans un trou noir.
A suivre ...
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