Marco avait recherché une nouvelle personne pour lui servir d’alibi durant les meurtres qu’il commettait, à cause du fait qu’Alphonse était devenu corpulent. En effet Alphonse pouvait toujours adopter le même visage que Marco grâce à un masque de pomose, mais il serait trahi par son ventre. Le cannibale se demandait par quel moyen, il pourrait arriver à ses fins, quand il eut l’idée de taper fans de tueurs, sur un moteur de recherche. Il tomba sur un site animé par des gens qui discutaient autour de leur passion commune, les meurtriers. De temps à autre des débats et des rencontres étaient organisés. Marco se rendit à plusieurs réunions, puis après quelques mois de prospection, il tomba sur le disciple idéal. Justin Laverne, cet homme de vingt cinq ans, en plus d’avoir la même taille et corpulence que Marco, adorait le tueur au carreau. En outre un soir où il était ivre, il avoua au mangeur d’homme en parlant tout bas qu’il rêvait de commettre secrètement un meurtre.
Justin n’était pas un enfant battu, et il n’avait pas subi une éducation étouffante, qui l’avait poussé à devenir un déviant. Cependant très tôt, c'est-à -dire dès l’âge de cinq ans il était allé sur des sites proposant des jeux violents. A six ans il lisait des bandes dessinées interdites à la vente aux moins de dix huit ans, et à huit ans, il commençait à dévorer les romans décrivant de manière très crue des scènes de meurtre. Les parents de Justin étaient très souvent absents, et sa nounou ne s’occupait pas de lui, car elle se contentait de regarder la télévision. Justin qui adorait ses lectures osées, et ses jeux violents, ne dénonçait pas l’incompétence de sa nurse. Dès que Justin était devenu indépendant de ses parents, il avait commencé à rosser des clochards, et à agresser des femmes. Il ne donnait pas de coups de poing ou de pied aux représentantes de la gente féminine. La plupart du temps, il s’approchait sournoisement d’elles, et leur ôtait leur t-shirt ou leur haut.
Marco : Justin, j’ai un secret à t’avouer. Je suis le tueur au carreau. Justin : C’est une sacrée blague que tu me fais là Marco. Marco : Je t’assure que je ne bluffe pas. Justin : C’est ça tu es le tueur au carreau, et moi je suis un éléphant rose. Marco : Très bien, pour te prouver ma bonne foi, lis demain le journal, un dénommé Léonard Vaci va bientôt mourir, victime du tueur au carreau. Justin : Tu ferais un excellent acteur, tu arrives à rester sérieux, même quand tu fais un numéro de comique. Marco : Ah j’allais oublier j’aimerais que tu ailles au cinéma des Hunaudières aujourd’hui vers vingt heures, en mettant ce masque représentant mes traits. Justin : C’est que je suis assez occupé, ne peux-tu pas demander à quelqu’un d’autre de te rendre service ? Marco : Si tu acceptes de faire ce que je te demande, je te donnerai deux mille euros. Justin : Marché conclu, mais je ne crois toujours pas à ton délire. Marco : Lorsque tu liras le journal tu seras bien obligé de me croire. Justin crut en une blague, jusqu’à ce qu’il tomba sur un article décrivant en détail le meurtre de Léonard Vaci. Dès qu’il eut fini de lire le journal, Justin se précipita chez Marco. Justin : C’est formidable, tu es mon tueur préféré, j’ai hâte que l’on se mette ensemble à tuer des gens. Marco : Je veux bien t’enseigner à être un tueur efficace, mais tu te débrouilleras seul pour la chasse. Lorsqu’un de nous deux voudra commettre un assassinat, l’autre portera un masque de pomose, afin de créer un alibi imparable. Y’a-t-il une personne que tu voudrais tuer en particulier ? Justin : Oui Marceline Grégaire, cette truie sous prétexte que j’avais un peu menti sur mes revenus, m’a infligé des pénalités fiscales qui m’ont coûté des milliers d’euros. C’est injuste, les dirigeants des multinationales sont libres de cacher des milliards d’euros au fisc. Mais les contrôleurs fiscaux sont impitoyables avec les petits contribuables, y compris quand ils commettent de légers excès. Marco : Franchement, ton excès était-il si petit que ça ? Je te connais, tu dis de gros mensonges parfois. Justin : Ce coup ci je n’avais pas grand chose à me reprocher du point de vue fiscal, mais Marceline fut très tatillonne. Malgré le fait que l’indemnité à payer me mettait dans une situation délicate, que j’ai promis de réguler ma situation, elle a été inflexible et glaciale.
Marceline Grégaire, la contrôleuse fiscale vivait seule, elle pouvait être gentille, mais il lui arrivait souvent d’avoir un côté cassant, et elle était capable de devenir épouvantable quand elle éprouvait de la jalousie. Etant donné que pas grand-chose suffisait à la rendre jalouse, la contrôleuse avait la fâcheuse manie de mettre souvent à l’épreuve la compréhension et la patience de ses proches. Marceline n’avait que deux amis, qu’elle voyait une fois tous les ans environ. Quand à ses collègues de travail, ils la trouvaient franchement antipathique, ils ne lui parlaient que quand c’était nécessaire pour le travail. Marceline malgré son mauvais caractère était respectueuse de sa hiérarchie, et faisait très efficacement son travail, résultat elle était bien notée. D’ici quelques années elle pourra passer chef d’équipe, ce qui faisait pousser des lamentations à certains de ses collègues, qui espéraient de tout cœur que Marceline ne deviendra pas leur supérieur hiérarchique. La contrôleuse possédait une passion pour le Feng shui, elle croyait dur comme fer que sa réussite professionnelle était due à la bonne circulation de l’énergie dans sa demeure. Marceline consultait une fois par an un expert en Feng shui, il lui avait conseillé de reculer d’un an sa décision de faire des travaux à son domicile. Le Feng shui était un art asiatique selon lequel l’orientation du bâtiment, des meubles, des pièces, jouait un rôle dans les relations sociales et la bonne fortune des habitants d’une maison, ou les travailleurs d’une entreprise. Avec des plantes vertes, le choix de certaines couleurs et formes pour les meubles ou les objets décoratifs, des carillons, des cristaux, et d’autres accessoires, il était possible de favoriser l’équilibre du chi, dans son domicile ou son lieu de travail. Le chi était une sorte d’énergie. Certains estimaient que le Feng shui était une véritable source de bien-être et de réussite, d’autres que c’était un attrape-nigaud.
Justin grâce aux leçons de Marco ouvrit en deux trois mouvements avec un rossignol, la porte d’entrée de l’immeuble où vivait sa cible. Ce fut un peu plus long de pénétrer dans le domicile de Marceline car il y avait quatre serrures à crocheter, toutefois l’opération ne prit que deux minutes. La contrôleuse fiscale se débattit, mais la tuer ne fut qu’une simple formalité vite expédiée. Comme signature de son meurtre, Justin traça avec le sang de sa victime, un pique. Muni d’un Voixpox pour altérer sa voix, il composa le numéro d’appel de la police, le 17 afin que son crime soit tout de suite signalé à la presse. Le lendemain matin, Justin le disciple de Marco eut la satisfaction de voir son crime faire la première page des journaux locaux, on le baptisait le tueur au pique. Le disciple dut faire beaucoup d’efforts sur lui-même pour ne pas retourner près de l’immeuble où était morte Marceline. Toutefois Justin résista à la tentation en se rappelant les sages conseils de Marco. Un suspect qui s’aventurait près du lieu d’un crime, attirait sur lui l’attention de la police, ce qui s’avérait mauvais pour lui. Des membres des forces de l’ordre interrogèrent Justin car le disciple avait eu des propos durs à l’égard de Marceline, et il avait un mobile crédible.
Cependant l’alibi fabriqué par Marco qui avait pris les traits de Justin, et était allé dans une discothèque où des dizaines de témoins clamaient avoir vu le disciple du cannibale, disculpa Justin. Le commissaire Jive sentait qu’il existait un lien criminel entre Justin et Marco, mais il manquait de preuve pour étayer son intuition. Justin avait littéralement adoré le fait de tuer, cela lui avait procuré plus de sensations que la première fois où il avait fumé du cannabis. Toutefois contrairement au cannibale, le disciple ne bouffait pas ses victimes. Marco dut réprimer sévèrement Justin pour que l’apprenti tueur modère sa soif de sang, un meurtre par mois, c’était suffisant pour devenir célèbre, un par semaine était le moyen idéal de se faire épingler par la police. D’après Marco si le comportement meurtrier devenait obsessionnel, on se mettait à commettre de graves erreurs. Comme le disciple aimait beaucoup le cannibale, Justin se força à ne commettre qu’un homicide par mois, cela ne l’empêcha pas de commettre une grosse erreur. Ainsi chez sa cinquième victime, Clémentine Armorion il but de l’eau dans un verre qu’il oublia de nettoyer. Le disciple avait pris la précaution de mettre des gants, mais il n’empêchait que Justin avait commis une belle bévue, surtout que la police avait les moyens de l’identifier. La police française ne conservait pas seulement les empreintes digitales des suspects et des condamnés, elle avait aussi des stocks de salive. En outre comme Justin était fiché suite à une condamnation pour la destruction de blé génétiquement modifié, et qu’il n’avait aucun lien amical ou amoureux connu avec sa dernière victime, si les analyses de la police scientifique n’étaient pas perturbées, le disciple serait soupçonné de meurtre. Justin lorsqu’il se rendit compte de son erreur, se précipita vers le domicile de Clémentine afin de rectifier sa gaffe, mais il arriva trop tard, la police était déjà sur les lieux du crime. En désespoir de cause, Justin pensait se suicider afin d’éviter de connaître la prison, puis il se dit que Marco avait peut-être une solution.
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