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Mardi 4 novembre
C’est reparti pour les traditionnels soins qui la font de plus en plus souffrir. Dad s’étonne de la quantité de sang qui s’est échappée de sa blessure.
« Je ne comprends pas. Tu es pourtant restée tranquille hier. - C’est bizarre … »
Dad ne remarque pas que Lucie rougit. Le cachet qui lui est remis ensuite, ne semble apporter aucun soulagement. Est-ce mauvais signe ? Tant pis, elle n’a qu’à se laisser mourir, ce sera une façon comme une autre de s’échapper.
Tiens, encore une autre robe. Elle est à fleurs rouges celle-ci. La coiffure du jour est une queue de cheval. Ensuite, un peu de solitude dans la chambre en attendant midi et son concert de casseroles qui annonce le repas. Lucie a le temps de cogiter à nouveau. Suite à sa découverte d’hier soir, elle ne peut se résigner à rester ici sans tenter quelque chose.
Après le dîner, elle doit attendre le passage habituel devant l’objectif. Mom n’a plus besoin de blanchir son teint qui a pris une couleur naturellement très pâle. Ils affichent toujours le même sourire béat à la découverte du cliché. Ensuite, allongée sur le canapé, Lucie demande à Dad d’allumer la radio du salon, prétextant que cela l’aiderait à s’endormir. Le vieil homme s’exécute et repart dans son jardin pendant que sa femme entame le grand nettoyage de sa cuisine.
Lorsque Lucie est sûre que personne n’entrera dans la pièce, elle se lève et sautille jusqu’à la carabine qui trône au-dessus de la cheminée. L’objet semble ancien et est assez lourd. Elle se demande s’il est chargé mais peu importe, elle ne le destine pas à trucider les vieux. Elle le pose droit et s’en sert comme appui afin d’atteindre la porte d’entrée.
A l’ouverture, un froid piquant s’engouffre dans le couloir. Lucie sort et referme doucement derrière elle. Un frisson lui parcourt l’échine. Elle porte le bonnet que Mom lui a tricoté. Elle aurait dû accepter la proposition des moufles et même demander des chaussettes. Lucie s’avance lentement dans l’allée. Son pied droit, nu et traînant, creuse un sillon dans le gravier blanc. La route semble à des kilomètres. Une fois la grille atteinte, la jeune fille s’arrête, essoufflée et grimaçante. Un coup d’œil aux alentours lui confirme que cette maison est très isolée. Aucune habitation à l’horizon. Pas âme qui vive, seulement des vaches qui broutent au loin. La route en terre est étroite et ne permet pas la circulation des véhicules dans les deux sens.
Que faire ? Elle ne peut pas rester là à faire de l’autostop. Avec sa chance, elle risque de tomber sur quelqu’un d’encore plus fou que ces deux vieillards. A gauche ou à droite ? Lucie est en plein doute lorsqu’elle entend un « Hé ! » derrière elle. C’est Dad qui court vers elle. Paniquée, Lucie braque la carabine comme un chasseur vers sa proie en criant : « Arrêtez ou je tire ! »
A suivre ...
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