Quelques minutes plus tard, l’incident clos, l’armée se remet en marche et prend la route de Gressac. L’avancée vers le village dure plusieurs heures. Puis, au bout de ce laps de temps, le comte de Lamoricière, ses hommes, ainsi que les Personnages, voient le bourg apparaître au loin. Ils se rendent compte que celui-ci est situé en contrebas de la vallée à l’intérieur de laquelle ils s’engagent. En son centre, des maisonnées flamboient tandis qu’une épaisse fumée noirâtre s’échappe des hauteurs du hameau. S’y perçoivent également des hurlements de terreur, accompagnés de bruits de saccages provenant des habitations alentours. De l’intérieur des rues conduisant immédiatement vers l’exterieur du bourg se distinguent des barricades en train d’être élevées a l’aide de matériaux divers et variés. Et des dizaines hommes en armes les entourent en surveillant l’horizon, tandis que d’autres parcourent les rues en criant que chacun doit rentrer chez lui De chaque coté du sentier conduisant à l’entrée du bourg, et sur plus d’un kilomètre, sont plantées des dizaines de croix de bois. Leurs flancs laissent apparaître des hommes crucifiés, aux visages ravagés par la souffrance, ensanglantés. La plupart des individus sont décédés, certains depuis peu de temps, d’autres depuis plus longtemps. Quelques uns semblent toujours vivants puisque des gémissements de douleur s’échappent de leurs lèvres tuméfiées. En voyant cela, le comte de Lamoricière convoque ses capitaines auprès de lui. Les Personnages sont évidemment présents. Et durant cet entretien, le comte demande l’avis de chacun afin de savoir comment trouver un moyen d’éviter la confrontation directe avec les rebelles Catholiques retranchés au cœur de Bressac. Le comte écoute chacun a tour de role. Finalement, au bout de quelques minutes d’échange, il prend la décision d’envoyer un émissaire pour demander aux Catholiques de se rendre. Il insiste sur le fait qu’il ne veut pas de morts, s’il est possible de l’éviter. L’un des Personnages peut éventuellement se porter volontaire pour cette mission. Mais, quoiqu’il en soit, à peine cet émissaire a-t-il avancé d’une centaine de mètres vers Bressac, qu’il se fait tirer dessus par les insurgés Catholiques. En effet, ceux-ci usent de leurs mousquets et de leurs arquebuses pour arrêter sa progression. Et l’émissaire doit bientôt rebrousser chemin afin de se mettre à l’abri parmi les soldats de l’armée du comte. Dépité, le comte de Lamoricière se tourne dès lors vers les Personnages. Il leur avoue qu’il s’attendait à un tel comportement de la part des ennemis de la Fronde. Mais, poursuit t’il, il a une autre idée ; les Personnages étant pourvus de pouvoirs surnaturels, ceux-ci peuvent leur permettre de passer inaperçus. De cette manière, ils sont capables d’entrer le plus discrètement possible dans le bourg. Une fois là , ils pourraient jauger de la situation. Ils pourraient revenir jusqu’auprès du comte afin de lui donner les informations dont il a besoin pour mettre un terme à la résistance de ces fanatiques Catholiques. Et, de son coté, il pourrait ensuite prendre les décisions qui s’imposent afin de mener un assaut efficace, et de délivrer les populations qui se trouvent entre les mains de ces criminels. Le comte termine alors en leur disant que les Personnages ont évidemment le choix, mais que, du fait de leur état vampirique, leur intervention lui faciliterait grandement les choses. Si les Personnages refusent, c’est à Mahaubert que le comte de Lamoricière s’adresse alors, pour lui demander s’il accepterait cette charge. Mahaubert accepte immédiatement, et c’est accompagné d’une demi-douzaine de soldats qu’il se dirige alors discrètement vers le bourg. Et les Personnages le voient alors s’éloigner de la caravane en s’enfonçant à travers les fourrés et les buissons bordant le long de la route. Puis, en se glissant ensuite au travers des herbes hautes qui longent les champs alentours, tout en évitant le plus possible de croiser les croix plantées non loin de là . A moins que, les Personnages ne décident de le rejoindre, après un petit moment d’hésitation. Quoiqu’il en soit, les Personnages parviennent aux abords du village sans difficultés. Dès lors, ils se rendent compte que toutes les rues sortant du village sont barricadées. Des amas d’objets divers et variés bloquent le passage. Les fenêtres des maisons qui les bordent ont été clôturées ; des panneaux de bois les recouvrent, quand ce ne sont pas des hommes armés qui sont installés derrière avec des arquebuses, afin de parer à toute éventualité. Des patrouilles de Catholiques fanatiques protègent les monticules défensifs extérieurs. D’autres font les cent pas un peu plus loin dans les avenues en surveillant les environs. Ces dernières empêchent d’ailleurs quiconque de s’aventurer plus loin vers l’intérieur du village, et notamment vers sa place principale ; là ou les habitations en flammes achèvent de se consumer. Les Personnages se rendent donc compte que pour progresser plus loin, ils n’ont pas d’autre choix que de franchir une des barricades ; mais, le plus silencieusement possible. Evidemment, grâce a leurs pouvoirs surnaturels – du moins pour ceux qui possèdent ce genre de capacité vampirique – ils peuvent se rendre invisible physiquement. Mais, s’ils font le moindre bruit, l’alerte sera donnée, ils en sont certainement conscients. Le seul moyen est donc de trouver une faille dans le dispositif défensif et les soldats qui le composent. Ils découvrent donc très vite que trois hommes se tiennent un peu à l’ écart des autres, sur l’un des cotés de la barricade. Ils se jettent sur eux, les attirent dans l’obscurité, avant de les assassiner. Puis, ils se glissent dans la brèche ainsi ouverte, et se dissimulent sous le porche de l’une des maisons de la ruelle intérieure menant plus avant dans le hameau. Par contre, au moindre bruit suspect, l’alerte est immédiatement donnée, le branle bas de combat est ordonné parmi les défenseurs. Et des coups de feu sont tirés dans toutes les directions. Enfin, des renforts arrivent très vite à la rescousse. S’ils ont été assez discrets pour ne pas s’être fait repérer, ou une fois que le calme est revenu, les Personnages peuvent poursuivent leur avancée. Ils parcourent donc deux ou trois ruelles sinueuses et désertes. Des monceaux de détritus se déversent dans les caniveaux et sur le sol. Les maisons alentours sont délabrées ; certaines ont les murs fissurées, d’autres ont une partie de leur toit endommagées, voire, complètement déchiqueté. Ils parviennent enfin à l’entrée de la grande place du village. Et là , ils aperçoivent qu’une grande croix de bois a été installée en son centre. Tout autour de cette dernière, apparaissent plusieurs estrades ; elles sont puissamment éclairées par de nombreuses torches. Sur leurs pontons, des prêtres et des soldats Catholiques sont en train de s’activer au milieu de villageois ligotés et entassés les uns sur les autres. Ils poussent certains de leurs détenus sans ménagements en direction de la croix, tout en s’apprêtant à les y attacher fermement. D’autres sont sur le point de les enflammer, malgré les suppliques des pauvres hères qu’ils y conduisent. D’autant qu’à leurs cotés, trois prêtres aux regards farouche et haineux, se mêlent à eux. Habillés de blanc, une croix en argent dans l’une de leur main, un Bible dans l’autre, ils hurlent des invectives aux condamnés. Ils leur demandent de renoncer a l’hérésie dont ils sont victimes avec fureur. Et ils insistent pour qu’ils se soumettent de nouveau à la vraie foi. Un peu plus loin de là , se discernent des cages de fer, à l’intérieur desquelles sont enchainées de nombreux hommes, femmes et enfants vêtus de guenilles. D’autres hommes en armes s’appuient nonchalamment contre les cages, tout en surveillant les prisonniers d’un œil vigilant. Tandis qu’encore un peu plus loin de là , une dizaine d’autres prélats vêtus de blanc entourent un religieux habillé d’écarlate, et discutent avec lui à voix basse tout en surveillant ce qui se passe autour d’eux. Mais aussi, en lançant de temps en temps des ordres brefs et coléreux en direction des hommes d’armes qui semblent être sous leurs ordres. Evidemment, en découvrant cette scène, les Personnages peuvent décider de poursuivre leurs observations. Dans ce cas, au bout de quelques instants, ils entendent des bruits de pas précipités provenir de l’une de ruelles adjacentes à la leur. Puis, ils voient débouler une jeune femme d’une vingtaine d’année habillée de loques et crasseuse. Affolée, elle regarde autour d’elle afin de trouver une issue a sa course éperdue. Mais, le temps qu’elle examine les lieux, trois prêtres surgissent à leur tour de la même avenue. Ces derniers sont aussi revêtus de robes blanches ; ils ont les yeux remplis de violence, le visage crispé par le fanatisme et la férocité. Ils se précipitent sur la jeune femme. Et si les Personnages n’interviennent pas en sa faveur, ils la rattrapent très facilement, avant de l’emmener un peu à l’écart. Malgré tout, les Personnages peuvent vite se rendre compte, par les hurlements qu’ils perçoivent, que la jeune femme subit un viol de la part des prêtres. Puis, lorsqu’ils en ont terminé avec elle, et sans qu’aucun de leur confrère situé a proximité ne se mêle de ce qu’ils lui ont fait, ils la conduisent ensuite jusqu'à l’une des cages, où ils l’enferment à son tour. Les Personnages peuvent également décider d’intervenir à un moment ou à un autre. Dans ce cas, ils peuvent tenter de secourir la jeune femme. Les Prêtres se défendent alors au mieux durant quelques instants. Puis, l’un d’eux tente de s’échapper afin d’appeler ses confrères et leurs hommes d’armes à la rescousse. Les renforts interviennent de fait rapidement. Mais ce léger laps de temps peut permettre aux Personnages de se fondre dans l’obscurité de la ruelle en compagnie de l’inconnue. Dès lors, les Prêtres fouillent les rues alentours durant un moment. S’ils utilisent leurs capacités vampiriques afin de devenir invisibles, ils ne retrouveront aucune trace des Personnages et de leur nouvelle amie. Celle-ci profite d’ailleurs de ce léger moment de répit pour se présenter. Tout en chuchotant, elle leur dit se nommer Carole. Elle remercie chaleureusement les Personnages de s’être porté à son secours. Puis, d’une voix frêle, elle leur demande s’ils sont Catholiques ou s’ils sont Protestants, et attend leur réponse avec anxiété. En fonction de ce que les Personnages disent, elle dit alors être du même bord religieux qu’eux. Catholiques : elle avoue que, par vengeance, ces Soldats de Dieu s’en prennent à tous ceux qu’ils croisent sur leur route, car ces derniers soupçonnent tout le monde d’être de connivence avec les Frondeurs. Protestants : elle souligne le fait qu’elle même est Protestante ; elle vient tout juste de fuir son habitation tandis que les Prêtres qui ont pris le contrôle de Bressac étaient sur le point d’emprisonner tous les membres de sa famille. En sondant son âme, les Personnages peuvent en outre très vite s’apercevoir que c’est la deuxième explication qui est la vraie ; Carole est réellement Huguenote. Une fois que le calme est revenu dans la rue, Carole conduit les Personnages dans une avenue située à quelques pâtés de maisons de là . Elle les amène jusque devant la porte d’une habitation délabrée. En regardant tout autour d’eux, les Personnages peuvent d’ailleurs se rendre compte que l’une des extrémités de la ruelle mène non loin de l’une des sorties du village. Car en effet, quelques dizaines de mètres plus loin, se discerne une barricade derrière laquelle se tient une demi-douzaine de soldats. Ils constatent que ce n’est pas la sortie de Bressac la mieux protégée. Carole les invite à pénétrer à l’intérieur de sa masure. Or, c’est à cet instant précis que plusieurs individus se discernent au croisement des avenues qu’ils viennent de quitter pour entrer à l’intérieur de celle-ci. Les Personnages les reconnaissent d’ailleurs immédiatement, puisqu’il s’agit des hommes d’Eglise qui accompagnaient le prélat en robe écarlate un moment auparavant. Ceux-ci marchent d’un pas rapide ; ils discutent vivement entre eux a voix basse, tout en jetant des coups d’œil nerveux autour d’eux. Leurs pas les mènent jusque devant une maison abandonnée non loin de là . Quoique fassent désormais les Personnages, les mêmes événements se produisent ; que ce soit avant ou après qu’ils aient quitté Carole. De fait, ils s’approchent discrètement des Prélats sur le point d’entrer dans la maisonnée. S’ils se font surprendre, les Clercs se mettent a hurler pour que la garde vienne à leur secours. Pendant ce temps, ils se défendent comme ils peuvent contre les assauts des Personnages. Si ceux-ci ne les ont pas très vite fait taire, des hommes de main apparaissent afin de les aider à se débarrasser de leurs assaillants. Et les Personnages se doivent dès lors de réagir rapidement pour ne pas se faire emprisonner. A moins, qu’ils ne décident de fuir une fois de plus dans l’obscurité d’une ruelle adjacente. Quant aux Prêtres, ils profitent de la situation de confusion pour quitter les lieux ; a moins qu’ils ne soient déjà morts.
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