Lorsqu'à l'instant précis où, montant sur les planches, Sous les feux de la rampe et ceux des projecteurs Et que, du goufre noir où sont les spectateurs, Monte un sourd grondement et que ses genoux flanchent, Lorsque, soudainement , le batteur se déchaîne, Présentant le chanteur et donnant son tempo, Sa chemise, déjà , est collée à la peau Alors que le saxo et les guitares enchaînent.
Le rythme doit, d'abord, devenir obsédant Avant que de lancer les premières paroles Et de faire exploser, sur fond de rock and roll, La foule, devant lui, agitée, qui attend.
Les premiers mots lachés, saccadés, agressifs, Doivent être scandés, comme des coups de poing, Pendant que le batteur assène, à contre-point Son rythme débridé, délirant, excessif !
Le rocker ne voit plus que le micro qu'il tient, Il ne contrôle plus ni ses pied, ni ses hanches, Glissant sur le côté, il saute et il se penche; Il ne connait plus rien et tout lui appartient Il sait lorsque c'est bon et qu'il tient son public. La danse a commencé, au rythme de ses doigts. Accrochant une note, il la hurle, parfois, Puis laisse un peu vibrer la guitare électrique.
Même un simple amateur déguste son succés. Il a, un court instant, lorsqu'il descend de scène, Des groupies d'occasion qui viennent et qui l'entraînent Sur un chemin de gloire, très court et sans excès.
Qu'il était bon le temps du très vieux rock and roll, Lorsque, la nuit venue, je dirigeais mes pas Vers ce trou de lumière et vers tous ses appats, De rêves éphémères et de temps qui s'envole ...
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