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Accueil >> xnews >> Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus) - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus)
Publié par couscous le 14-08-2013 07:51:06 ( 1337 lectures ) Articles du même auteur




J’étais tranquille, occupé à travailler, appliqué sur ma tâche. Quand soudain, cette sensation douloureuse, séparation brutale et puis la chute. Non ! Je ne veux pas finir haché dans cette broyeuse, puis dans le burger destiné à un français se prenant pour un américain. Je ne suis pas comestible. Ne me laissez pas ainsi, je me sens seul. Où sont mes frères et sœurs. Nous sommes 14 pour la branche gauche et j’ai 14 cousins de la droite. Je ne suis pas fait pour être isolé. Notre devise : restons soudés comme les doigts d’une seule main !

Enfin, je me sens soulevé et je retrouve la chaleur de ma fratrie. Celle s’enquiert de mon état. Je leur réponds que je suis scié par ce qui m’arrive.

Me voilà arrivé dans un lieu inconnu. Des lumières m’aveuglent. Une jeune femme m’observe sous tous les angles comme si j’étais un diamant à tailler. Quand tout à coup, je ressens une vive douleur à ma base. Elle vient de me transpercer à l’aide d’un morceau de métal. Imaginez-vous la sensation horrible que cela procure. Je reste immobile, dans l’attente de la suite. Vais-je être mis sur le grill d’un barbecue ou servi en apéritif ce soir entre les chips et les olives ? Non, elle fait subir le même sort à mon frère cadet et nous réunit à nouveau. Un petit coup de liquide coloré qui pique et je me retrouve avec un manchon sur la tête. Une prise d’otage ? Quelle rançon vont-ils réclamer pour quelqu’un de si insignifiant que moi ? C’est vrai. S’il y a avait un vote pour le morceau de corps le plus inutile, je serais en compétition avec l’appendice et les amygdales.

Je suis à la même position qu’avant mais incapable de faire le moindre mouvement. Le temps me paraît long. Mon frère tente une approche mais les liens sont rompus. Nous n’avons plus la même communication. Habitué à vivre la tête en bas, je suis devenu l’objet de nombreux égards et on me garde la tête haute, sûrement pour éviter une seconde chute. La nuit passe.

J’entends que l’on retourne dans le même lieu qu’hier. Je reconnais la jolie voix de la jeune dame. Je sens à nouveau ses doigts délicats me toucher et me retrouve brutalement au fond d’un récipient. Qu’a-t-elle encore comme idée ? De la super glue ? Ce sera peut-être plus efficace que le cure-dent. Je vois quatre yeux penchés sur moi et mon cas désespéré. Mon propriétaire semble pourtant soulagé. La femme me jette violemment dans la poubelle. Je suis encore jeune. Donnez-moi une chance. Je peux encore servir pour taper sur le A et le Q du clavier et pour compter. Quel sort funeste. J’entends bien que mon maître tente de me récupérer mais en vain.
En-dessous de moi, je constate que je ne suis pas seul. Un orteil m’interpelle : « Hé, le nouveau. Ne t’inquiète pas. On ne va pas rester là longtemps. C’est pas le pied mais c’est comme cela. ». Et il se met à rire. Une oreille me rassure. « Confie-toi. Je peux tout entendre. J’ai appartenu à un psychiatre. ».

Quelques heures plus tard, on a tous fini dans un feu de joie. Ainsi se termina la carrière de la dernière phalange du petit doigt de Bacchus.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
aliv
Posté le: 14-08-2013 12:04  Mis à jour: 14-08-2013 12:04
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus)
Coucou, un texte bien sympathique.
Je n'ai pas deviné la chose que c'était à part la fin quand tu nous le dis lol.
Merci.
Bacchus
Posté le: 14-08-2013 13:04  Mis à jour: 14-08-2013 13:04
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus)
Merci Couscous , pour cet accompagnement si fraternel et humain sur mon long chemin de croix.
Sais-tu a quel point mes deux frères triplets ont eu du mal à s' habituer à mon absence? comme il était touchant de les voir, vainement, croire toujours m'accompagner et tenter l'impossible accès du défunt que je suis dans les profondeurs chaleureuse d'une narine toujours nécessiteuse ?
Nul ne connait la touchante abnégation des phalanges, entre elles.
Aussitôt, dans une pathétique et émouvante précipitation, tous mes frêres des extrèmités se ruèrent pour tenter, fièrement, de faire oublier mon absence.
Ils s'ensuivaient des embouteillages indescriptibles qui, hélas, laissèrent des séquelles irrattrapables. Les habitudes sont forces ténébreuses. L'opération ne se fera plus qu' accompagnée de réminescences de souvenirs nostalgiques.
Etait-ce le destin qui frappe tous les gauchers obstinés ?
couscous
Posté le: 16-08-2013 06:51  Mis à jour: 16-08-2013 06:51
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus)
Merci Aliv, je ne pensais pas être arrivée à garder le suspense.
BAcchus, oui, je compatis avec ta phalange déchue. C'est pourquoi je lui ai dédié ce petit texte.
arielleffe
Posté le: 19-08-2013 18:08  Mis à jour: 19-08-2013 18:08
Plume d'Or
Inscrit le: 06-08-2013
De: Le Havre
Contributions: 805
 Re: Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus)
Je n'avais pas du tout deviné ce que c'était, bon suspens jusqu'à la fin. C'est très drôle en plus. Je crois que je ne vais plus pouvoir manger de hamburger...
couscous
Posté le: 19-08-2013 19:14  Mis à jour: 19-08-2013 19:14
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Si le corps pouvait parler ... (pour Bacchus)
C'est malheureusement ce qui est arrivé à notre pauvre Bacchus.
Merci
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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