Je me faisais fort
D’avoir raison
Même lorsque j’avais tort

Je me faisais fort
De déterrer des tonnes de mots
Que je balançais chauds
A la face du monde
Cinglante d’ironie,
D’un rire gras de dérision
J’érigeais par tous les pans
Des arpents de déraison

Toi, le hacker
De mon cœur
Tu le savais pourtant…

Je me faisais fort
D’avoir la langue aussi pendue
Que des pensées désespérées
Et dans cette gangue perdue
J’étais un parapet de pierre
Il faut faire des remparts
De toutes parts
Ou bien l’on perd ses repères,
De toutes parts
Lorsque l’on est désemparé

Toi, le hacker
De mon cœur
Tu le savais pourtant
Aucune citadelle…

Je me faisais fort
De caillasser sans cesse
D’une mitraille imaginaire
Des chimères de méchants
Qui s’en prenaient à ma personne
Dans ma forteresse, seul le silence
Qui résonne
Insensible force de tristesse, à la tendresse
Et au pardon

Toi, le hacker
De mon cœur
Tu le savais pourtant

Aucune citadelle
Même celles serties de douves
Gardées de vouivres
Pleurées des veuves
Même les illusions d’optiques
Des hautes tours panoptiques
Même celles que l’on s’invente
Paravents crépitant qui nous hantent

Même celles incrémentées de générateurs
De secours et de systèmes
De sauvegardes, bardées
D’anti-virus, blindées
De pare-feux et d’anti-
Cheval de Troie

Toi, le hacker
De mon cœur
Tu le savais pourtant

Avec la tranquille patience
D’un habile braqueur de banque

Aucune citadelle
Ne demeure
A jamais
Imprenable