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Accueil >> xnews >> Le temps des cacahuètes - Nouvelles confirmées - Textes
Nouvelles confirmées : Le temps des cacahuètes
Publié par Bacchus le 28-06-2013 20:10:00 ( 1410 lectures ) Articles du même auteur



Tu te souviens, hein?
Oui, bien sur que tu te souviens, autant que moi.
Bah, nous étions jeunes et tout nous semblait beau, plein de couleurs et de promesses. Nous étions tous les deux et nous étions forts, forts de nos espoirs et de notre jeunesse que l'on croit éternelle, à cet âge.
Nous commencions notre vie commune sans atouts dans nos manches et nous pensions les avoir tous. C'est drôle, quand je pense à cette pèriode, il me semble qu'il faisait toujours beau, tous les jours. Même les jours de pluie, de vent ou de froid avaient du soleil, à cette pèriode de notre vie.
On ne peut pas dire que tu es restée avec moi par calcul ! je sortais de ma pèriode de vache très maigre et je n'avais rien d'autre à t'offrir que mes espoirs et mes histoires drôles. ça devait être suffisant puisque tu ne t'es jamais plainte.
Tu te souviens de notre banc, à La Plaine ?
Nous avons connu des moments bien agréables, le temps passant, mais ces rendez-vous du midi n'ont rien de comparable, oh non.
Midi. Je remontais le boulevard Chave, à la fin de ma matinée de travail et je traversais la place pour aller retrouver notre banc, devant le familistère où tu te trouvais déjà, pour acheter notre déjeuner. Il n'était pas compliqué, notre déjeuner : une baguette de pain et une boite de pâté. Tous les jours.
Je te voyais sortir du magasin et tu me faisais un signe de la main, puis tu traversais la rue en sautillant, avec un grand sourire de bonheur; et j'étais heureux d'être la raison de ce bonheur.
Tu te penchais pour me déposer un baiser au coin des lêvres et, déjà, tu commençais à me raconter, en riant , les petites péripéties de ta matinée. Tu pouvais dire en une heure ce qui s'était passé pendant dix minutes !
Tout en papotant , tu avais déplié un mouchoir sur le banc, entre nous deux, pendant que je sortais mon couteau pour te le tendre. Tu vois comme ils sont, les hommes: j'ai toujours remarqué que tu coupais le pain en deux parts inégales : le gros morceau était toujours pour moi. Je n'ai jamais rien dis pour te laisser ce petit plaisir.
C'était moi qui ouvrais la boite de pâté, pour que tu ne te blesses pas...La protection du mâle.
Un moment de silence pendant la préparation du repas. Tu me tendais mon sandwich avec le même sérieux, chaque jour.
Nous le mangions lentement en regardant les gens vivre autour de nous, indifférents au petit couple qui était en train de prendre son repas.
Tu te souviens de ' cacahuète ', hein ?
Oui, bien sur, tu t'en souviens toujours. Tu le connaissais depuis que tu étais toute gosse et lui te reconnaissait aussi.
Il sillonnait Marseille avec son panier en osier, comme celui d'une vendeuse d'esquimaux, au cinéma, un panier rempli de cacahuètes grillées qu'il vendait dans des petits cornets de papier.
Parfois, il lui arrivait de se trouver sur la place de La Plaine, à l'heure de notre déjeuner.
J'imagine que sa vue te rappelait des souvenirs de ton enfance .Tu lançais toujours un grand cri : ' Cacahuète ! ' et tu t'élançais vers lui, comme s'il allait disparaître du milieu de la place.
Je me souviens de son air résigné, lorsque tu t'approchais de lui. Pardi ! il connaissait par coeur la petite séance de charme que tu allais lui faire .
Tu lui donnais d'abord ta piècette. Commençait alors le processus de marchandage que tu entamais aprement.Le cornet était vraiment petit...et pas plein...Plus, cacahuète, plus .Et puis la poignée pour la vieille cliente qu'elle était . Prestement, tu en chipais une pincée en riant, pendant qu'il marquait sa désapprobation par un petit grognement, sans conviction.
Tu revenais t'asseoir près de moi avec ton butin et nous prenions notre dessert inattendu, lentement, en piochant chacun notre tour dans le sachet et le petit tas supplémentaire déposé sur le mouchoir.
Ce qu'elle était chouette, la vie !

" Quand j'pense aux cacahuètes que tu m'avais ach'té, au bon vieux temps si chouette, où on était fauchés.."

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Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 28-06-2013 20:40  Mis à jour: 28-06-2013 20:40
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Le temps des cacahuètes
Quel jolie évocation de ce temps du bonheur simple.
Poète, sensible et drôle. Il y en a une qui est gâtée ...

Merci
saulot
Posté le: 05-07-2013 12:08  Mis à jour: 05-07-2013 12:08
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: Le temps des cacahuètes
Jolie nouvelle, on dirait un morceau de vie intime.
Loriane
Posté le: 07-07-2013 22:13  Mis à jour: 07-07-2013 22:13
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9500
 Re: Le temps des cacahuètes
Merci de nous offrir tous tes dons de conteurs pour nous emportés dans un autre lieu, un lieu d'avant, simple et heureux.
Mon dieu, qu'est-ce qu'ils sont riches ces plaisirs de pauvres !!
Merci Bacchus si j'ose dire ton récit vaut plus que peanuts
Il était un petit homme homme pirouette cacahuète, il était un petit homme qui avait une drôle de maison ... voilà le petit refrain qui me vient à l'esprit, tu connais ?
Merci
Bacchus
Posté le: 16-07-2013 20:43  Mis à jour: 16-07-2013 20:43
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le temps des cacahuètes
Plus vraie et plus intime que ça, Saulot, tu ne pourras jamais...et sans un seul macchabée.
Bacchus
Posté le: 16-07-2013 20:48  Mis à jour: 16-07-2013 20:48
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Le temps des cacahuètes
Oui oui, je connais :
"Sa maison était en tôle,
Pirouette, cacahuète,
sa maison était en tôle,
Mais son bonheur était béton
Mais son bonheur était béton. "
Loriane
Posté le: 18-07-2013 00:11  Mis à jour: 18-07-2013 00:11
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9500
 Re: Le temps des cacahuètes
Hi hi hi un couplet que je ne connaissais pas
Voici ceux que je connais. Je m'entraîne pour Diane :

Il était un petit homme, pirouette, cacahouète
Il était un petit homme
qui avait une drôle de maison (X2)

Sa maison est en carton, pirouette, cacahouète
Sa maison est en carton
ses escaliers sont en papier. (X2)

Le premier qui y mont'ra, pirouette, cacahouète
Le premier qui y mont'ra
se cassera le bout du nez. (X2)

C'est le facteur qui y est monté, pirouette, cacahouète
C'est le facteur qui y est monté
il s'est cassé le bout du nez. (X2)

On lui a raccommodé, pirouette, cacahouète
On lui a raccommodé
avec du joli fil doré. (X2)

Le fil doré s'est envolé, pirouette, cacahouète
Le fil doré s'est envolé
le bout du nez s'est envolé. (bis)

Un avion à réaction, pirouette, cacahouète
Un avion à réaction
a rattrapé le bout du nez. (bis)

Mon histoire est terminée, pirouette, cacahouète
Mon histoire est terminée.

http://youtu.be/ZVgwaVPtc3w

http://youtu.be/W0aMIKXajw8
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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