Citation :
Je pense avoir reçu ma part de mauvais coups;
Je pense que tout est là .
Je dis souvent que lorsque l'on a connu le malheur on ne lui court pas après.
On comprends vite que l'on aura que le bonheur que l'on fabrique soi-même, chaque jour, chaque matin il faut se fabriquer le bonheur du jour., et comme toi je n'ai pas trop de goût pour la tristesse et pourtant je reconnais que c'est seulement en poésie ou dans la littérature que l'on peut considérer que les vers de Musset ont un sens :
LA MUSE
Crois-tu donc que je sois comme le vent d’automne,
Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau,
Et pour qui la douleur n’est qu’une goutte d’eau ?
Ô poète ! un baiser, c’est moi qui te le donne.
L’herbe que je voulais arracher de ce lieu,
C’est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu.
Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,
Laisse-la s’élargir, cette sainte blessure
Que les noirs séraphins t’ont faite au fond du cœur ;
Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur.
Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,
Que ta voix ici-bas doive rester muette.
Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,l
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots.
Il faut bien admettre que c'est d'une très grande beauté, et que "dans le temps" les poètes, les écrivains mais aussi les chanteurs n'étaient pas d'une franche gaîté, mais c'était sublime. Racine, puis Baudelaire, pour citer les plus connus, ne nous faisaient pas vraiment rigoler, les chansons de Berthe Silva, Lucienne Delyle, Edith Piaf ... tout ce répertoire ne nous faisait pas plier de rire et ressemblait plus à une longue plainte qu'a un chant d'espoir
Pour que des écrits soient remarquables il faut qu'il soit inspirés par une passion et bien souvent le désespoir, la tristesse, la souffrance ... sont plus faciles à éprouver que le bonheur. Le bonheur que l'on juge simple, simpliste même pour certain, qui pensent eux que
"les gens heureux n'ont pas d'histoire"Sur cette terre qui saigne toute joie est obscène et les gens heureux sont seuls. Dis Sartre dans Le Diable et le Bon Dieu donnant une fois de plus ces lettres de noblesse au malheur. et Géraldy disait :
Si Les gens heureux n'ont pas d'histoire, ils feraient bien de ne pas nous la raconter Le romantisme, le lyrisme ont toujours chanté les grandes souffrances considérant que le bonheur est insipide et ne se partage pas. Sommes nous masos, pour avoir ainsi le gout des grandes douleurs ?
Mais pour en revenir à ce que je disais au début, cette tendance aux grandes plaintes disparaît pendant et après les guerres et les conflits, mais dès la paix revenue les humains s'ennuient et recherchent à se plonger dans la peur et dans ce qui donne du prix à la vie : la mort et ce qui l'entoure.
Peu d'humains sont sages, peu d'humains sont doués pour le bonheur.
Citation :
On ne se parle plus et chacun soliloque,
Dépose son trop-plein d'un étrange chagrin
Fait de nuages noirs, d'un ciel tournant au grain
Et qui, la nuit venue, éclate tout d'un bloc..
Et pourtant, la liberté de ton et l'humour sont toujours présents, et pourtant les échanges, la communication, si ils ont changé de forme, existent plus que jamais, et nous permettent de communiquer, de dialoguer et de confronter nos avis. Aujourd'hui, tout le monde a droit à la parole,
Je n'ai jamais vu autant de débats, de tribunes, de liberté d'expression, jamais vu autant de gens s'exprimer (internet, radio, télé, la deux, la cinq, la sept, les chaînes thématiques, les forums ...
Bien sûr, la méthode est différente, le canal pour où passent tous ces échanges est différent mais il fonctionne et nous enrichit, nous rapproche. Nous communiquons beaucoup.
Et bien sûr l'époque est plus anxiogène qu'après la guerre où nous avions l'espoir de la reconstruction, alors qu'aujourd'hui dans ce grand chambardement nous avons plutôt le sentiment d'une grande déconstruction.
Très belle et intéressante lecture
Merci