( Une femme) - j'ai une mite. C'est vrai. Elle est apprivoisée. Elle me reconnaît. Et quand je tape des mains, elle vient voler autour de moi comme un oiseau en fête. Quand j'ai bu du whisky ça m'arrive de temps en temps, forcément. Quand on est seul. Elle se maintient juste devant ma bouche, elle agite ses petites ailes, elle est drôle, et je souffle. Au bout d'un moment elle vole en biais et tombe par terre. Je la ramasse et la met dans une petite boîte, sa petite boîte de nuit comme je dis. Elle a des soubresauts, comme des hoquets, et s'endort.
Je suis sûre qu'elle attend mon retour le soir. Dès que j'arrive, elle vole dans tous les sens, et même parfois elle vient se poser sur mon épaule.
Ce n'est pas encombrant une mite, ça donne moins de travail qu'un chien qu'on doit promener, qu'un chat qu'on doit brosser. c'est quand même une compagnie. J'ai quelqu'un qui m'attend à la maison... je dis souvent, et je ris en dedans de moi. Forcement... Je lui ai installé une couverture de laine au pied de mon lit. Comme ça elle ne mange pas mes pulls ou mon manteau.
Des fois, quand la solitude est trop forte, vous comprenez? Je dis à ma mite:
"Je vais faire un tour." Je vais m'asseoir dans un café sur le boulevard. Il y a du bruit, ça fait du bien. ( Un homme ) il passe devant elle et la salut.
Les hommes, il ne comprennent jamais qu'une femme seule quelque part, c'est peut-être triste. Alors il y en a qui viennent à ma table pour rigoler. qui me proposent d'aller avec eux.
Moi je leur réponds, je ne peux pas, j'ai ma mite qui m'attend. Il me regardent comme si j'étais folle. Mais je ne suis pas folle, je le sais.
Un jour, il y en a un, je ne sais pas ce qui s'est passé. Je suis resté avec lui. je n'ai pas osé lui dire qu'elle m'attendait. On s'est revu et puis on s'est revu. Et puis je l'ai invité chez moi.
( L'homme rentre en scène)
J'étais... je ne sais pas... intimidée... Il avait l'air si doux, si tendre, et je me disais que tout ça, ça, vous comprenez? ça serait bientôt terminé... Et puis. J'avais hâte de lui présenter ma mite pour voir comme il réagirait. J'avais le trac.

Lui: très intimidé

Elle: Vous voulez un whisky ?

Lui: Je veux bien merci.

Elle: J'en sers deux verres, à ras bord, pour nous donner du courage.

Lui: ( il claque des mains.) - Une mite ! Je l'ai eus !

Elle: C'est pas de chance voyez-vous... (Elle prend une arme) Elle le tue.

Courte scène du spectacle .Auteur Guy Foissy.