Tout commence hier soir vers 20h00.

À peine rentre-t-elle du travail qu'elle engueule son fils pour des papiers qui traînent dans la poubelle. Elle dit qu'ils pourraient s'envoler avec le vent. Et comme d'habitude, elle ne peut pas le faire elle-même, alors elle le demande autoritairement à son fils.

Moi, je suis dans la chambre sur l'ordinateur. Je suis surtout concentrée sur ses paroles.

Elle voit la vaisselle dans l'évier et là, elle s'énerve davantage :
- je rentre de 12h de travail et en plus je dois tout faire en rentrant.
Quand j'entends cette phrase, je pense : « ben voyons, c'est moi qui fais tout ici, le ménage, les courses... ».

Elle continue sur sa lancée, quand elle aperçoit des chiffons que j'ai mis à tremper dans de la javel. Comme madame les utilise pour je ne sais trop quoi et qu'elle ne les nettoie pas, c'est moi qui le fais. Et là j'entends :
- mais elle ne sait pas que la javel c'est mauvais. Interdit de s'en servir. Je comprends pourquoi ses vieux ne veulent pas qu'elle fasse le ménage.

Je quitte l'ordinateur, je ne veux pas sortir de la chambre. Je ne veux pas l'affronter alors je plie le linge que j'ai lavé aujourd'hui. Je commence à trembler mais j'essaie de rester concentrée sur ce que je fais.
- c'est elle qui décide tout. Je vis ici non ? Tu te sens pas bien, dit-elle à son fils.
- Déjà si tu mangeais mieux. Mac do trois fois par jour ce n'est pas bon. Mais elle a dit ça on fais ça, ajoute-t-elle en parlant de moi.

De mon côté, les larmes commencent à déferler sur mon visage mais, je m'applique toujours sur le pliage de mes tee-shirts.
- Elle fait le ménage et alors. Moi je fais plein de petites choses. Et cette couette humide, qui sent affreusement la lessive. Il ne faut pas vider le produit dans la machine. Ça aussi elle ne le sait pas.
Alisée, je ne sais pas ce que tes parents t'ont appris. Rien de toute évidence...

Là c'est la goutte qui fait déborder le vase. Je finis de ranger les vêtements. Je m'assois sur le lit et je pleure toutes les larmes de mon corps. J'éteins la lumière et je me couche. J'entends encore ses paroles désobligeantes envers moi. À force de pleurer mon oreiller devient humide. Une migraine me lance la tête. Je ressasse sans cesse les médisances qu'elle a faite à mon égard. Je n'arrive pas à m'endormir.

Ce n'est pas la première fois et cela ne sera pas la dernière qu'elle s'en prendra à moi.

Comme à mon habitude, je n'ai rien dis, sûrement par peur ou par manque de courage. Je préfère m'enfermer dans mes sanglots, dans ma carapace que j'ai construite depuis ma plus tendre enfance, à cause de mon père.

J'ai vécu l'enfer avec lui et je ne veux pas que cela recommence avec elle...