Jamais je n'aurai imaginé nuit plus noire que celle dont je suis honni. Jamais je n'aurai pensé, une fois de plus, voir les portes de l'Enfer déverser leurs flots de haine et de douleur dans ma direction. Jamais je n'aurai songé à nouveau croiser la route de ces Démons que j'ai tenté de fuir toute ma vie. Jamais je n'aurai cru que ces blessures mal cicatrisées se rouvriraient avec tant de violence.
Je ne suis qu'un homme hanté par un passé qui l'a profondément écorché. Je ne suis qu'un être dont la sensibilité exacerbée est illimitée. Je suis quelqu'un que l'on a maintes fois jugé, puis rejeté, parce qu'il ne ressemble pas aux stéréotypes honorés par notre société. Je suis un humble parmi les humbles qui ne se soucient pas des désirs et des volontés de ces mille divinités qui l'ont autrefois crucifié. J'ai été regardé comme un monstre dont l'univers n'a ici-bas pas droit de cité. J'ai été mutilé dans ma chair et dans mon cœur pour ne les avoir pas contentés. J'ai maintes fois été propulsé dans un monde qui m'a ensuite oublié. J'ai été terrorisé par ces Géants qui se disent Seigneurs de l'Olympe, mais qui ont oublié la plus élémentaire des Vérités :
Tous autant que nous sommes vivons avec nos différences, nos grandeurs et nos ambivalences. Tous, existons grâce aux multiples défauts et qualités rattachées à nos innombrables personnalités. Tous, portons en nous laideur et beauté, qui sont, par ailleurs, intimement liées à nos incroyables Destinées. Tous, subissons les affres du Temps et de ses multiples Réalités. Tous espérons ce qu'il y a de meilleur pour nous et tous ceux que nous aimons, qu'ils soient parents, intimes, ou familiers.
Mais qui sommes nous pour décider de ce qui est bien ou mal, et détruire les rêves de ceux qui n'ont pas de projets ; semblables à ceux que nous avons, pour eux, espéré. Qui sommes nous pour les faire chuter, les blesser, les briser, afin de les obliger à s'y soumettre, et ainsi violer leur personnalité. Nul n'a le droit de s'arroger le droit de dominer celui, selon lui, qui n'est pas "bien né".
Moi qui ai vécu mille vies et mille Destinées, je vous aime tous tels que vous ètes et avez été. Je vous aimerai aussi quel que soit le lieu où l'avenir aura voulu vous entrainer. Alors, ne me condamnez pas sans savoir qui je suis, d'où je viens, et quelles embuches j'ai dû affronter. Car sensible au regard que vous avez de moi, celui-ci me renvoie aux plus obscurs cauchemars auxquels j'ai déjà été confronté...
Dominique