Supplique aux hommes vieillissants.
Le soleil chauffe ma peau, je m'étire lentement, je savoure le présent. Sur le sable un corps d'homme allongé, visage avenant, la trentaine, mince, les muscles saillants. Je soupire, je frissonne, érotisée, soudain mon ventre se serre, le désir illicite m'inonde, ignorant ma soixantaine. Mon regard qui balaie la plage s'affole. A celui qui chantait « où sont les femmes ?», je retourne la question « où sont les hommes » ? Où sont les hommes vieillissants qui seraient encore appétissants ? Ayez pitié de nous messieurs, faites vous beaux. Faites vous encore désirables, ne nous laissez pas seules dans nos jolies dentelles. Faites disparaître s'il vous plaît cette horrible bedaine, que vous laissez si souvent pousser sans culpabilité, gardez votre ventre plat, que nous jouissions enfin, de ce que cette disgracieuse bosse, nous cache, là juste en dessous, et, qui nous préoccupe plus que vous ne le pensez. Faites de l'exercice, régulièrement et si le temps de courir vous manque, faites le ménage chaque matin, faites le, à fond, avec vigueur et énergie. C'est une activité très efficace, c'est un exercice peu onéreux et à la portée de tous.. Tentez nous, s'il vous plaît messieurs. Excitez nous, allumez nous, faites nous grimper aux rideaux, gardez votre peau douce et chaude, que nous nous frottions dessus, dessous, avec appétit. Chassez tous ces poils inutiles, en surplus, une légère touffe nous suffit. Arrachez vos poils de nez, faites la chasse aux boutons . Gardez votre bouche fraîche , chassez les odeurs pestilentielles Et avant tout, nous vous en supplions encore, travaillez vos muscles. Oui, messieurs, s'il vous plaît, nous vous en supplions, plus de bedaine mais du muscle. Laissez nous rêver et réveillez nos appétits de femmes abandonnées, la libido en panne, pour cause de peau terne et avachie, de corps gonflés de kilos flasques. Pensez à nous, à nos désirs, à nos frustrations d'amoureuses, à nos corps qui démissionnent et fuient. Nous avons faim de vous, de vos corps d'hommes et de votre belle virilité. Et vous, les damoiseaux, ne riez pas, devant le confort de vos jeunes corps si tentants, ne soyez pas ironiques. Mais préparez le jour du naufrage avec âpreté, sans faiblir, soyez en certains, votre tour viendra, aussi préparez vous dès maintenant, regardez votre silhouette dans la glace jour après jour. Gardez, bien plus, l'œil sur vos 10 kilos de trop que sur les 2 kilos superflus des hanches de votre voisine. Ne voyez vous pas que nous sommes affamées, le sexe en feu, réfugiées dans nos fantasmes consolateurs et nos jouets magiques ? Ne nous prouvez pas que nous n'avons plus besoin de vous, et que vous êtes devenus moins délectables qu'un bon gâteau au chocolat. Nous combattons notre petit ventre de la cinquante, s'il vous plaît, combattez à votre tour, votre gros ventre de la soixantaine. Pensez aux malheureuses éloignées du saphisme, et qui vous attendent, vous rêvent, vous espèrent. Messieurs redevez attirants, beaux, et excitants. Je vous en conjure, ne nous condamnez pas, vous et nous, au seul, au triste onanisme.
Loriane Lydia Maleville
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