L'été était, mourant, dans ses coloris d'or,
De sa gamme de bruns tapissant la forêt,
Entourée de près verts qui cernaient son orée
En bruissant doucement, comme un enfant qui dort.

J'ai fait un nid douillet juste à l'entrée du bois,
Fait de mousse charnue et de fougères tendres,
Un logis de douceur où je pourrai attendre,
Regardant, paresseux, le monde autour de moi.

C'était le temps, vois-tu, où l'air sentait si bon,
Où les chemins, encore parfumés de noisette
Troublaient nos coeurs d'enfants et nous tournaient la tête
Quand nos amours rimaient avec une chanson.

J'étais un amoureux qui avait fait son nid.
J'apprenais à quel point un coeur peut battre fort:
Va t'elle ou non venir ? Je ne savais encore
Et je goûtais déjà un tourment infini.

De mon abri obscur où j'étais étendu,
Je voyais le chemin qui sautait la colline.
Il était bien trop tôt..mais le regard s'obstine;
Il lui semble toujours avoir trop attendu.

Je crois que la forêt attendait, elle aussi.
Les oiseaux qui chantaient semblaient faire le guet.
Peut-être ont-ils compris que j'étais aux aguets ?
S'ils voulaient m'informer, ce fut bien réussi.

Mon coeur s'est arrêté lorsque j'ai aperçu
Tout au bout du chemin, sur fond de ciel opale,
Une jupe corolle, des jupons rose pâle
Et puis son grand sourire..mon dieu, elle est venue !