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Nouvelles confirmées : Les deux petits marchands de journaux
Publié par Loriane le 13-04-2013 13:30:00 ( 1614 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées




Les deux petits vendeurs de journaux.

Dring, dring, dring.....
Se lever, de bon matin, l'hiver à St Denis, près de Paris, n'est pas chose aisée.
Aussi, la sonnerie du téléphone fût-elle très mal accueillie.
Le dring, dring sonnait sans réaction notable, depuis quelques minutes lorsqu'une main tâtonnante, en recherche, sortit des draps et s'empara décidée de ce maudit instrument de torture, pour l'enfoncer au fond du lit, loin sous les couvertures et le faire disparaître, et miracle inespéré, le faire taire.
Daniel qui avait émis un moment un grognement d'ours, repris son somme, mais une autre sonnerie dans sa conscience lui rappelait que le devoir était dehors.
Camarade, l'huma Dimanche n'attend pas!

L'adolescent se fit violence et sortit de son doux lit pour aller porter la bonne parole.
Maman lui avait préparé son grand bol de café au lait très sucré qui le réveillait.
Il buvait doucement les yeux encore fermés en écoutant la radio de la cuisine.
Après Edith piaf qui clamait " Y prend mes sous, y m'fout des coups, mais le l'aiaimemmeemmee, "la folle!" aurait commenté avec colère, sa grande sœur, "paroles stupides!.;"
C'était maintenant " Dalida, bien réveillée, elle, qui survoltait les foules avec son "petit bikini, rouge et jaune à p'tits pois" !
La pauvre , aucun goût, pensait-il.
Heureusement que ses sœurs , ne portaient pas ce genre de truc affreux.
Il faut dire que sa petite sœur, avec ses 9 ans, à peine sortie de l'enfance ne posait guère de problème, mais il n'en dirait pas autant de cette grande sœur, de 18 mois son aînée.
Cette demoiselle avaient des idées de révolte et avait pour habitude de discuter tout et toujours, décidément, comme le déplorait souvent ses parents, il fallait bien admettre que ses études brillante au lycée ne lui réussissaient pas.
Plus elle étudiait et plus elle s'affirmait, elle avait des idées bien à elle, elle était quelque peu rebelle, indépendante et s'opposait très souvent à leurs parents.
Les baffes et les coups tombaient drus, le martinet était souvent de sortie, et la ceinture du père aussi.
Mais cela ne concernait pas Daniel, lui, était un garçon, et un homme, c'est pas pareil, et c'est justement ce que ne semblait pas vouloir comprendre cette grande fille qui allait sur ses seize ans.
Son père tenait bien les rennes fort serrées et sans douceur, et s'entendait à dresser cette fille sans faillir, fier de la peur qu'il lui inspirait.
Daniel grandissait, fort de sa suprématie, dans sa différence protectrice, inconscient de ses privilèges.

Il avait quitté la fréquentation du curé, après sa première communion, et peu de temps après, pour ses quatorze ans, il rentrait, à la grande satisfaction et fierté de son père, dans une autre église assez semblable, en fait à la première, il s'agissait de la cellule communiste de son papa à St Denis la rouge.
Il était dans ce nouveau lieu, comme chez lui, c'était déjà à l'époque le changement dans la continuité.
Il retrouvait là, dans cet engagement politique, le même désir d'idéal, et aussi la même morale, la même obéissance au dogme absolu, la même satisfaction de se rendre utile en gérant la vie des autres, en se sachant généreux et dans le bon droit.
La seule différence entre ces deux croyances se trouvait dans l'éloignement des paradis promis.
Celui de Dieu, abstrait, était lointain, quelque part au ciel, et surtout, gros problème, après la mort.
Alors qu'en revanche le paradis communiste, plus concret lui, était pour tout de suite, et se trouvait proche, à seulement deux mille Kilomètres de Paris, c'est à dire à Moscou.
Le choix devenait donc facile, puisque le chemin pour atteindre ce paradis est bien le même.

Linette, sa grande sœur, était à n'en pas douter de la graine de bourgeoise pourrie, elle en avait les goûts, l'insurrection contre l'ordre ouvrier et avait bien mauvais esprit .
Elle avait la critique acerbe, Chaque discussion politique se terminait régulièrement en échauffourée verbale violente.
L'opposante avait des arguments, elle avançait qu'il était vraiment curieux de voir tant de personnes se faire tuer pour sortir du paradis communiste en franchissant le mur de Berlin, alors qu'en revanche on constatait que tant d'autres personnes tentaient frauduleusement d'entrer dans l'enfer capitaliste pourri des états unis ?.
Pourquoi, hein, pourquoi, explique !.. ?? c'est bizarre, non !! criait-elle.
Mais ses remarques réactionnaires, ne prenaient pas, il n'en avait cure et faisait sa route sans crainte, sans contestations inutiles, il faisait confiance à ces certitudes.
Sa foi communiste était inébranlable, et ce Dimanche matin, il allait sortir de son HLM, pour aller vendre sa bible à lui, "l'huma dimanche" et ainsi il allait ouvrir les consciences perdues.
De passage dans la cuisine, il emplit ses poches d'une belle provision de gros morceaux de sucre, (taille 3 ), et pénétra dans l'ascenseur rapidement.

Dehors il faisait froid et gris comme si souvent à Paris en hiver.
Au pied de l'immeuble, il croisa, les lèves-tôt du Dimanche, quelques voisins qui parlaient vivement de la guerre d' Algérie, et en cette année 62, le discours portait surtout sur le retour des pieds noirs, ces riches qui venaient s'installer chez nous, et exigeaient des logements !.
La petite fille du premier étage, était là aussi, entourée de trois voisines auxquelles Daniel se joignit, comprenant qu'il était question de l'intervention de l'ambulance hier au soir dans l'appartement où vivait l' enfant.
Intriguées, les femmes questionnaient la petite :
"qu'est-ce qui s'est passé ?, il y a quelqu'un qu'est malade chez toi ?"
"OUi", répondit la gamine " c'est mon grand frère qui tousse trop parce qu'il a une infection populaire, il est à l' hôpital"
Daniel amusé par l'infection "populaire", mais rassuré qu'il n'y ait pas mort d'homme, dépassa la deux-chevaux de son père, garée devant l'immeuble, pour jeter un coup d’œil d'expert sur la Simca 1000, qu'ils étaient tous deux en train de remettre en état, il restait beaucoup à faire.
L'engin avait une aile bleue, une rouge et la carrosserie était composée de plusieurs morceaux de blancs de nuances différentes, le pare-choc posé devant sur le sol, et l'absence de phares lui faisait un curieux sourire.
Ouais! pensa-t-il, bof ! pas trop mal!.
Il ne demanderait pas son avis à sa grande sœur, la bêcheuse ne montera pas dans ce truc, déjà sa belle mobylette n'était pas, aux yeux de la demoiselle, en odeur de sainteté, alors cette demi-épave n'avait aucune chance de lui convenir, tant pis pour elle.
Elle préférera marcher à pied avec ses jolis talons aux bouts pointus, et qui lui bousillent les doigts de pieds.

Il s'éloignait d'un bon pas, de son quartier, il se dirigeait vers le foyer de Nord-Africains, venus en France travailler sans leur famille.
Devant l'immeuble de béton l'attendait son copain Serge, portant sur l'épaule une sacoche remplie de journaux, elle contenait tous les "Huma-Dimanche " qu'ils avaient pour projet de vendre, et, si possible ils voudraient les vendre tous.
C'était tout de même important de faire admettre aux habitants de ces citées abandonnées, loin de la richesse, que la vérité absolue, que leur salut en fait, étaient dans les pages de ce journal intègre, jamais menteur, et qui les aimait tant. ce journal détenteur de vérité et qui savait si sûrement séparer le bon grain de l'ivraie.
Ils devaient tous comprendre où se trouvait leur intérêt. Ils ne s'agissait pas de prosélytisme, oh ! non, mais juste d’œuvre de bienfaisance pour le bénéfice de ces masses ouvrières, ces malheureux ignorants exploités.
Derrière les portes, nos deux jeunes militants trouvaient beaucoup d'écoute, et même, souvent des amis qui leur donnaient du "camarade" avec chaleur et amitié.
Ils se sentaient heureux, ils étaient entre eux, partageant les mêmes révoltes, les mêmes luttes, et les mêmes espoirs.
Parfois, évidemment, ils étaient reçus plus que fraîchement et c'étaient les insultes, mais ça ils savaient parfaitement y répondre avec courage et détermination.
Parfois aussi, c'était un silence froid, un " non merci, on ne lit pas ça ", d'un petit ton suffisant, qui faisait monter leur colère.

Ce dimanche était un bon dimanche et la messe communiste était presque dite alors qu'il n'était que quelques minutes après midi, ils avaient fait quelques convertis de plus, c'était vraiment du bon boulot, c'était une belle satisfaction. La moisson avait été bonne, et quelques travailleurs avaient promis de prendre leur carte du parti dans la semaine.
Serge regarda dans la sacoche:
" Merde, il n'en reste que trois, alors là , on ne rentre pas avec, on les vend tous, Eh ?!, plus que trois, allez on vend tout, et on rentre à vide, tu vas voir la tête des camarades !"
L'enthousiasme était porteur, et la porte suivante fût l'occasion d'un démarchage en règle ardu, serré efficace, et ....abouti.
Il ne leur restait plus que deux Huma-Dimanche, ils étaient donc à deux doigts du record absolu.
Stimulés, et bien motivés, Daniel et son copain attaquèrent avec détermination la porte suivante.
Toc toc toc....
A cette époque, tout le monde vivait encore la porte juste fermée, sans juger nécessaire de tourner la clef, et personne encore, dans ce genre de pauvre logement d'ouvrier, n'avait de sonnette, comme c'était le cas dans les appartements de bourgeois.
Ces logements avaient été pourtant construits tout récemment, mais construits malheureusement à la va-vite, et surtout à l'économie la plus stricte.
C'était, seulement huit années plus tôt, que l 'abbé Pierre avait lancé son fameux et vibrant appel, pour alerter les français et dénoncer la souffrance des sans-logis, tous ces démunis de l'après guerre qui mouraient de froid, sans toit, loin de leur campagnes désertées, échoués dans les grandes villes aux faubourgs de misère, c'était, alors, la grande crise du logement.
Cette crise fut génératrice de construction en état d'urgence et nous avons vu ces banlieues déjà désavantagées, se couvrir de tristes cités où la laideur le disputait au malheur.
Les deux petits marchands de journaux frappaient sur cette porte depuis un long moment, mais sans réponse.
Toc, toc, toc et toc.
Les deux gamins commençaient à se lasser de ne pas entendre le traditionnel et bruyant " entrez" .
" J'entends du bruit " dit Serge
"Chut" , Daniel l'oreille sur la porte écoutait.
" y s' foutent de nous, y'a quelqu'un" reprit-il en rogne.
Toc toc toc toc toc , i
IIs tapaient fort, à grand coups de poing, et leurs coups sur la porte devaient s'entendre jusqu'au pied de l'immeuble.
Un couple qui passait dans l'escalier, les croisa en ricanant d'un air goguenard.
Serge ne dit rien, mais Daniel explosa:
" Attends, putain, y vont ouvrir, tu vas voir, tu paries ?,"
Toc, toc toc, TOC.
Derrière la porte on entendait bien, par moments des bruits très nets et précis, ce logement n'était pas vide, mais la porte restait fermée
Une jolie jeune fille, montait l'escalier, arrivée à leur hauteur, elle les examina curieusement, les dépassa, et leur jeta encore un regard bizarre en se retournant.
Puis ce fut une famille entière qui la suivait, et avec toujours, sur eux, ce regard curieux.
C'en fût trop pour Daniel, il explosa :
" Merde!, en plus on se fout de not' gueule ici, c'est pas le président de la république qui habite là, non mais!!, on n'est quoi nous ? ?? hein ? des cons ....?, y peut même pas nous ouvrir, ??? ....nous répondre, merde!! ?"
Serge qui commençait, sous la pression, à se monter aussi, et excédé par les caprices méprisants de l'habitant récalcitrant qui résolument les ignorait avec un humiliant dédain, décida de passer outre les convenances, de faire preuve d'autorité et de s'imposer,.
Et donc, il attrapa la poignée à pleine main, disant :
" Allez, tant pis , on y va , je rentre ! "
En parlant il appuya de toutes ses forces , et, la porte s'ouvrit sans résistance.

Un silence, un ange passa, les deux garçons pétrifiés regardaient.
Ils regardaient, mais aucun mot ne leur vint tout de suite, il étaient abasourdis, étonnés,.
Ils voyaient sous leurs yeux, juste une toute petite pièce au murs de béton gris,
Ils restèrent figés sur le pas de la porte d' un local exigu.
Et dans ce local sale en tous points, tout l'espace était occupé par la gaine du vide ordure qui descendait du dernier étage, et charriait bruyamment tous les détritus de l'immeuble, qui résonnait du bruit de la descente par saccades, des bouteilles vides, des boîtes de conserves, des boîtes de sardines, des coquilles d'huîtres etc... enfin de tous les restes du repas dominical, et autres ordures.

Nos deux compères, toujours silencieux, se retournèrent avec un bel ensemble, ils descendirent les escaliers en les dévalant le plus vite possible, ils ne voulaient plus qu'une chose, sortir d'ici, sortir très vite.
Ils partirent sans délai, sans se retourner, ils marchaient vite comme des voleurs, chacun essayant de se remémorer combien de locataires les avaient regardés en train de cogner avec insistance, avec autorité, et avec tant de force, sur la porte du vide-ordures.
Dès qu'ils furent hors de vue de l'immeuble , Daniel se tourna vers Serge, à l'instant même ou celui ci se tournait vers lui, ensemble ils commencèrent de parler mais à voix basse :
" C'est pas la peine de raconter ça aux camarades....."
" Ben non, c'est pas la peine, et aux copains non plus."
" Bon d'accord, on en parle pas, hein ?, c'est mieux...! ils nous prendraient pour des cons, d'accord, on la ferme! "
" D'accord, on en parle à personne, c'est mieux "
Ils repartirent donc avec deux Huma-Dimanche invendus et ne revinrent jamais, mais alors plus jamais dans cet immeuble, pratiquant une ostracisation de ce lieu que les camarades de la cellule ne comprirent jamais.

Lydia Maleville




Lydia Maleville

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 13-04-2013 15:10  Mis à jour: 13-04-2013 19:02
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9500
 Re: Les deux petits marchands de journaux
Je te remercie, mais il y en avait d'autres que tu n'avais pas vues, en fait, je venais juste de le transférer, et pendant que tu lisais j'étais justement en train de me relire, de faire les corrections, et de refaire certaines phrases.
Je ne sais pas si c'est un voyage dans le temps.
La propagande et le besoin d'endoctriner me semblent éternels, tout comme le sont les grandes certitudes, et le besoin de prendre le pouvoir sur l'autre, certitudes et besoin qui mènent à des conduites qui flirtent avec le ridicule.
Merci
Bacchus
Posté le: 13-04-2013 17:11  Mis à jour: 13-04-2013 17:11
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Les deux petits marchands de journaux
En vérité, à cette époque et compte tenu du milieu ambiant, le choix ne se posait même pas. L' idée du partage équitable des richesses ne semblait nullement ridicule et si les hommes, dès qu'ils sont au pouvoir, n'étaient pas aussi vénaux, cela aurait pu marcher.
Dans les cités et quartiers ouvriers, l'implantation de ces idées ne paraissait pas utopique. ça n'a pas marché. Faut-il, pour autant, se résigner à un pouvoir dirigé par le même genre hommes ? Seules les promesses ont changé.Et encore...Il m'a semblé entendre le même type de discours ces temps-ci, que celui qu'on entendait il y quelques décennies : Travaillez plus pour gagner plus !
La seule question, de nos jours, serait : d'accord, mais où ? alors qu'à l'époque, on pouvait toujours travailler, plein de l'espoir des lendemains qui chantent.
Bonsoir, Lauriane , comment vas-tu ?
Loriane
Posté le: 13-04-2013 19:01  Mis à jour: 13-04-2013 19:01
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9500
 Re: Les deux petits marchands de journaux
c'était beau ce rêve de progrès, cet idéalisme, cette foi dans une vie meilleure, la foi dans l'avenir.
Mais voilà !! les "zhumains" étant ce qu'ils sont le rêve est tombé à plat.
Mais je suis certaine que c'est juste un mauvais épisode.
Merci Bacchus, ça va , mais j'ai du mal à fournir en ce moment et je fais tout à toute vitesse et c'est tuant, mais pour demain Dimanche il y a du monde au programme en page d'accueil. En ce moment je me bagarre avec mes illustrations, c'est trop grand, trop petit, au trop haut ou pas du tout dans les coloris des autres images, enfin, c'est un peu prise de tête. Je vais tout de même essayer trouver le temps de lire et de commenter. J'ai essayé de te joindre mais j'ai pas pu.
Très gros poutous
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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