Volé aux courants trompeurs, Soustrait aux limons des fleuves rauques, Rassemblé en un cristal ouvert aux vents, L'œil, foulard d'ébène, Rameau improbable d'un panorama de feuilles, Sombre soupçon d'olivine, Se plante au sommet de hagardes citadelles Menant grand train sous la mer.
Monocle déplacé vers l'indigo Des premières plages diamantines, Scrutant le soir primitif Sous les apparences d'une rosée de pleurs, Coulant ses lingots de nuit Dans les moules souples d'éoliennes racines, L'œil simple De téméraires araignes Conquiert le sol brumeux Des mangroves interdites.
œil insecte ensuite, Il explore les nattes dorées Du premier soleil Quand il poudroie ses musiques d'altitude Sur la harpe mauve des prêles anxieux Piratés par la clé matinale D'une fugue USB Injectant son silence baroque Dans l'architecture des canopées aurifères.
œil de libellules graves, Il imprime au sourire animal Une dimension invisible Où s'ébattent les troupeaux De carabes solitaires.
A l'aube de l'aile, Le regard d'un poisson S'inscrit en syllabes alluviales Sur la partition de voiles d'avant-garde: L'envol des reptiles est encore si loin...
Le cœur minimal d'un rayon d'étoile Se courbe en une orbe végétale, Pour donner aux lianes argileuses et pourpres Un ressac décrivant en pli de brise L'éventail des forêts , Onyx chlorophyliennes, S'éternisant en neige supposée Sur le toit d'un ciel atomisé En paillettes d'abondance.
Le retard des migrateurs S'explique par la hardiesse d'équinoxes exocets Bondissant en bancs argentés Vers la vallée docile Où roule un refrain de soupirs.
Attendu au bar des lierres assoupis, Un grain de lumière, en rupture de saison, Pépie en mille arcs-en ciel Au large des domaines lunaires Où des avant-ponts Sans perspective ni géométrie repérables, Surgissent d'un continent doré Comme un zodiaque sublime.
L'œil est né ce matin D'une cascade d'éclair Rencontrant la carrière d'un quartz limpide.
De discrets donateurs Enchâssent au frontispice des temples vivants Le premier sceau d'une royauté Hier encore rampante.
L'œil d'escarmouche en brindilles dirigeables De bruits en eaux fortes matinales et rudimentaires, S'essaie à un cinéma d'encre Dans les peuplades monotones D'une direction X diligentée Par des poulpes innovants.
Une écriture stable, Un panorama double, Une observation digitale, Fondent le roman des gestes décisifs: Premier vol, premier cri, Premier regard vers les étoiles.
Une couture bien tressée Au flanc de tes souvenirs transparents, Et tu sentiras les côtes De ce rift te dérouler ses grimoires basaltiques Pour qu'enfin tu captures l'orage Et le transformes en ce biseau de brise-terre.
Rien qu'un arrêt sur l'image Et au coin droit l'on y devine La signature d'un secret colorisé Pour que l'appel des futures quadrupèdes Soit perçu par les salamandres pionnières D'un hiver sans lune.
5/6/ 29/01/2013
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