Le parfum de la tomate ! Le goût de la tomate !
O cruelle Lauriane, pourquoi raviver ainsi des souvenirs à jamais disparus !
Il fut un temps durant lequel, alors que nous n'étions pas encore assujettis à cette loi universelle, je cultivais un jardin qui n'avait nul besoin d'être secret. Je ' faisais ' des Tomates ! et quelles tomates, peuchêre..: juteuses, savoureuses et d'une couleur qu'on ne pouvait trouver que sur mes tomates.
Leur réputation, dépassant nettement les limites de mon jardin, eut le malheur d'arriver aux oreilles d'un très vague cousin de mon épouse. Il nous fit l'honneur de sa visite, par un dimanche ensoleillé, comme il se doit.
Après avoir fait honneur, également, à mes pizzas express que je savais confectionner en un tourne-main lors de visites surprises, il vanta la qualité de ma sauce. J'en profitais pour placer ma petite promotion sur la splendeur de mon jardin et la saveur de ses produits.
N'eus-je pas la naïveté, connaissant pourtant l'excès provençal, de lui dire que s'il voulait des tomates, il pouvait aller dans mon potager et prendre ce qu'il lui conviendrait de prendre.
Pourquoi n'ai-je pas pensé à me méfier, quand je l'ai vu passer d'abord par sa voiture pour y prendre ce que je pensais être UN sac ! en fait, il en avait pris beaucoup..
J'avais bien remarqué qu'il passait beaucoup de temps pour prendre quelques tomates, mais j'ai imaginé qu'il était, envieux, en train d'admirer tous les rangs de légumes divers qui faisaient ma fierté.
Je sortis toutefois pour voir ce qu'il faisait.
Le cousin était en train de faire, je ne l'ai su qu'un moment plus tard, le dernier transfert de mon potager vers le coffre de sa voiture.
J'ai eu une intuition. Je fonçais vers mes rangs de tomates et m'arrêtais, estomaqué : Plus une seule, plus la moindre petite tomate pendant au bout d'une branche.
Je me tournais vers le cousin ( c'était d'ailleurs la dernière fois que je le voyais de mon existence ) :
- " Mais...Mais...T'as tout pris ? tout ? même les vertes, les toutes petites , pourquoi t'as aussi pris les vertes ? "
- "Hé, gary, tu m'as bien dit que je pouvais prendreu ce que je voulais ? Les verteus, ça sera pour faire de la confitureu. C'est très bogne la confitureu de tomateu. Tu n'aimeus pas la confitureu de tomateu ?"
Qu'on le sache une fois pour toute : je ne crois pas que je l'aimerai un jour, la confitureu de tomateu...