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Nouvelles : La vie est un manège (chapitre 6)
Publié par aliv le 02-05-2013 19:30:00 ( 1260 lectures ) Articles du même auteur



Chapitre 6 : Repoussée


Le lendemain 9h45

Je veux qu'une seule chose pour le moment, retrouver mes clés. Je fouille dans mon sac avec empressement. Lasse de cette perte de temps, je le vide sur la table. J'ai beau le retourner encore et encore, mon trousseau est absent. J'ai sûrement dû l'oublier dans la voiture de ma collègue. Je regarde mon casier totalement fermé. Ma tenue est dedans. Je sors précipitamment du lieu étroit et essaie de trouver quelqu'un qui pourrait m'aider. Je vérifie l'atelier, le réfectoire. Décidément, le parc est désert. On entend seulement le vent souffler entre les arbres. Je vais quand même faire un tour au bureau. Je rentre sans taper. Soudain une curieuse sensation naît en moi. Je suis à la fois heureuse de trouver une âme qui vive mais aussi légèrement mal à l'aise. Je prends mon courage à deux mains et je salue la personne.

- Bonjour Gary.
Ce dernier relève la tête et un mince sourire s'affiche.
- Bonjour, comment vas-tu, me demande-t-il du fond de son siège.
- J'ai un petit souci, révélé-je en rougissant.
- Je t'écoute, m'annonce-t-il en déposant son stylo sur le bureau.
- Voilà, ma tenue pour aujourd'hui est dans le casier, mais j'ai oublié mon trousseau et dessus il y a la clé du cadenas. J'ai essayé de trouver un membre de la technique mais soit ils se cachent ou soit ils m'évitent.
Pour réponse, il éclate de rire. Je souffle face à son comportement et croise les bras. Il se lève et s'approche de moi tout en sortant son énorme trousseau.
- J'espère qu'une de ces clés l'ouvrira.

Il m'ouvre la porte puis me laisse passer. Je le regarde quelques secondes puis je sors. Ensemble nous nous dirigeons vers les vestiaires. Face au casier, il commence à essayer les clés l'une après l'autre. Je ne peux pas m'empêcher d'admirer son visage. Soit, quelques rides apparaissent ici et là mais cela n'enlève rien à son charme. Son regard d'une grande intensité est concentré sur le cadenas. Ce qui le rend encore plus attirant.
- Je me suis dit que ce soir... qu'on pourrait aller prendre un verre, balbutié-je entre mes dents.
Il stoppe son geste, sûrement surpris par ma demande puis reprend son labeur sans me jeter un regard. Au moment ou le cadenas s'ouvre, je réitère ma demande :
- qu'en penses-tu ?
- Je ne pense pas que cela soit une très bonne idée, lâche-t-il en me regardant droit dans les yeux.
- Ce n'est pas grave, un autre jour...
- Ce n'est pas de cela que je parle. Nous deux... Ce n'est pas possible, lâche-t-il après une longue hésitation.
- J'ai fait quelque chose de mal, demandé-je d'une voix éraillée. Pourquoi ne m'as-tu rien dit plus tôt ? Ajouté-je avant qu'il prenne la parole.
Une désagréable émotion dormante en moi s'est soudainement réveillée.
- Cela vous amuse de jouer avec mes sentiments, c'est ça, dis-je les yeux embués de larmes.
Tout de même, je remarque que son regard change subitement. Un mélange d'incompréhension et de tristesse est né.
- Je... S'il te plaît laisse-moi t'expliquer, laisse moi te...
- Non, crié-je en le poussant. Dans le passé on m'a déjà fait souffrir de cette manière, je ne veux pas que cela recommence, expliqué-je cette fois-ci en pleurant.
Il m'attrape le bras mais je le retire violemment puis sors en courant.

Je vois à peine devant moi. Le ciel est couvert. Une pluie torrentielle tombe sur le parc, accentuant davantage les décorations au thème d'Halloween. Le vent souffle de plus en plus fort, faisant décrocher des drapeaux, des guirlandes, déchirant des tissus, déplaçant des ornements ici et là.

Je pénètre dans les toilettes principales du parc, récemment refaites à neuf. Je vais pour m'engouffrer dans une cabine quand je sens une main m'agripper le bras. Je me retourne subitement. Mes larmes voilent légèrement ma vue mais je peux apercevoir Gary.

- S'il te plaît, laisse-moi tranquille, arrivé-je à dire entre deux sanglots.
- Il faut que je te parle. J'ai besoin de te dire que...
- Tu as surtout besoin de te donner une bonne conscience, le coupé-je en retirant de nouveau mon bras.
- Non, j'ai besoin... j'ai besoin de temps pour réfléchir à mes sentiments, me révèle-t-il.

Mon regard se pose instantanément sur son visage. J'y aperçois de la sincérité et une grande détresse. Mes muscles se relâchent. Je suis prête à l'écouter.
- Tu dois tout savoir mais pour cela laisse-moi parler, me dit-il avec calme.
Je lui fais un signe positif de la tête. Il me prend la main et me conduit au poste pour que nous soyons plus tranquilles. Je retire ma veste trempée, m'installe sur une chaise et écoute.
- Hier après l'urgence, j'ai parlé avec Patrice. Il a remarqué notre rapprochement. Il m'a mis en garde.
J'ouvre la bouche pour intervenir mais je la referme aussitôt. J'aurais tout le loisir d'intervenir plus tard. Tout en parcourant la petite pièce, il continue ses explications.
- Notre différence d'âge. J'en ai 44 et toi 24. Tu pourrais être ma fille. Ton accident m'a fait réaliser que je tenais beaucoup plus à toi que je le pensais. Notre rapprochement me fait peur. Sans oublier que j'ai déjà quelqu'un dans ma vie. J'ai besoin de temps. Du temps pour réfléchir à mes sentiments pour toi. Sentiments que je n'ai plus ressentis depuis longtemps...

Un silence s'installe dans la pièce à l'odeur de désinfectant et aux couleurs froides.
Je n'ose pas prendre la parole, ne sachant pas s'il a terminé ou pas. De toute évidence non car il me demande :
- tu voulais en venir ou... avec ce que tu m'as dit... j'étais perdu.
- Jérôme, lâché-je dans un souffle.
- Jérôme, répète-t-il. Le Jérôme du parc ?
Je relève mon regard. Je n'ai pas besoin de confirmer. Il comprend.
- Il m'a dit que cela était sérieux. J'avais des sentiments pour lui depuis le début, débuté-je lentement en cherchant mes mots.
Gary tire une chaise et l'installe en face de moi pour pouvoir m'écouter plus attentivement.
- Du jour au lendemain il n'y a plus rien eu. Il m'évitait, il me fuyait. Il ne me disait même plus bonjour. Je lui ai demandé ce qu'il y avait. Il se défilait à chaque fois. J'ai cru à cette histoire. J'ai cru qu'il était sincère... il a joué avec mes sentiments et cela m'a terriblement fait mal...
Je me repose un instant. J'hésite sur les mots. Me remémorer ses souvenirs me peinent. Gary le comprend. Il essuie une larme qui s'échappe sur ma joue puis me prend la main avec tendresse.
- J'en ai pleuré des jours et des jours. Mon cœur s'est brisé quand je l'ai vu avec sa copine actuelle...quand tu m'as avoué que ce n'était pas possible nous deux, j'ai repensé à cette période et cela m'a de nouveau anéantie.

Je sèche mes larmes de ma main libre et je fixe mon interlocuteur du regard. Ses sentiments sont sincères, je le sens, je le vois. Il me le confirme avec ses paroles :
- concernant les sentiments que j'ai pour toi, je ne triche pas. Je me suis très mal pris avec toi et je m'en veux. Mais cela ne va pas n'empêcher de prendre du recul. De réfléchir au pour et au contre. De remettre mes idées en ordre. J'ai besoin que tu me laisses du temps. À partir de ce soir je suis en congé pour une semaine. Tu veux bien me laisser cette semaine ?
J'approche mon visage du sien et lui dépose un baiser amoureux.
- Si jamais c'est le dernier, lui affirmé-je avec un mince sourire. Juste, promets-moi de me donner une réponse après cette période, terminé-je par dire.
- Je te le promets ma belle.
Il me caresse tendrement la joue puis se lève. Je fais de même, prends mes affaires et sors sous la fine pluie. Un rayon de soleil arrive à s'infiltrer à travers les épais nuages, pour venir me réchauffer le visage. Avec la manche de ma veste, je sèche les dernières larmes puis m'en vais d'un pas décidé vers mes manèges sans vie.

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 03-05-2013 06:25  Mis à jour: 03-05-2013 06:25
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: La vie est un manège (chapitre 6)
Partie triste avec plein de sentiments qui se rencontrent. Tu relates bien l'ambiance et l'ambivalence du resenti de Gary.

A suivre ...
aliv
Posté le: 03-05-2013 22:22  Mis à jour: 03-05-2013 22:22
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: La vie est un manège (chapitre 6)
Merci Delphine.

"Cela vous amuse de jouer avec mes sentiments"
Elle ne le vouvoie pas. Elle fait référence à plusieurs personnes comme s'est expliqué plus loin dans le texte.
couscous
Posté le: 04-05-2013 07:16  Mis à jour: 04-05-2013 07:16
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: La vie est un manège (chapitre 6)
D'accord, je comprends mieux.
Loriane
Posté le: 08-05-2013 15:24  Mis à jour: 08-05-2013 15:27
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: La vie est un manège (chapitre 6)
Ce paragraphe traduit bien l'état d'esprit féminin. C'est bien décrit.
Tu relèves bien l'ambivalence des femmes qui provoquent et invitent au flirt et reprochent ensuite à l'homme de les faire souffrir lorsqu'il prend du recul. Mais l'inverse est souvent vrai aussi.
Citation :
Je fouille mon sac avec empressement.

Fouiller est transitif et intransitif mais on fouille la terre, des ruines, les fonds marins ... mais pour les contenants on fouille dans ... , dans ses poches, dans son sac ...

Citation :
Soit quelques rides apparaissent
Une virgule derrière soit est nécessaire.

La suite...
Merci
aliv
Posté le: 10-05-2013 11:04  Mis à jour: 10-05-2013 11:04
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: La vie est un manège (chapitre 6)
Merci Loriane pour tes compliments. Je vais corriger les erreurs de ce pas.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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