Marco était excité, car il n’avait pas participé à une chasse à l’humain depuis plus de dix ans, il avait emmené dans les bois de Mircènes, sa proie. Il lui avait dit qu'il avait l'intention de la tuer, Annie en avait d'abord ri, puis voyant l'air décidé de Marco et le fait que le mangeur d’homme brandissait un couteau, elle s'était enfuie, le cannibale lui avait laissé trente secondes d'avance.
A cette heure de la nuit, il n'y avait quasiment aucune chance de rencontrer un promeneur, et Marco était le seul à avoir une maison dans les bois, par conséquent il ne craignait pas une rencontre gênante. En plus le cannibale disposait d’un moyen infaillible de pister Annie, il avait mis un émetteur étanche de la taille d’une tête d’épingle dans le verre de jus de fruit, qu’il lui avait servi. Néanmoins il n’était pas nécessaire de compter sur l’émetteur qu'avait avalé Annie, pour retrouver la victime. Marco suivait sa proie grâce à son parfum, Nuit câline qui donnait une odeur agréable mais forte, Marco était né avec un odorat développé, il avait renforcé ce sens en même temps que son ouïe, afin d’être un meilleur chasseur.
Le cannibale depuis l’âge de dix ans avait été initié à la chasse, après avoir essayé l’arc, l’arbalète, le fusil et l’épieu, il avait opté pour l’épieu. Il avait tué plus de cinquante sangliers, comme lui et sa famille n’aimaient pas le gaspillage, ils avaient mangé toutes les proies qu’ils tuaient. Annie les traits déformés par la haine et la peur, était méconnaissable, cette blonde d'un mètre soixante dix qui souriait fréquemment, était transformée, la colère l'avait changé en furie, elle s'était jurée de ne plus faire confiance à aucun homme si elle s'en sortait. Elle pensait avoir échappé à Marco, d'un côté elle se sentait soulagée, mais d'un autre elle souhaitait le retrouver pour le tuer.
Elle décida d'arrêter de courir et de l'attendre, si le cannibale croisait son chemin, elle lui ferait payer au centuple les tourments qu'il lui avait causé. Une autre raison qui poussait Annie à ne plus détaler, était qu'elle avait épuisé ses forces à courir à toute allure, et qu'elle était loin d'être sportive, comparé à Marco qui s'entraînait une demi-heure à la course tous les matins, et avait économisé ses forces. En passant près d'un chêne, Marco entendit une respiration, il se tint sur ses gardes, cela lui permit d'éviter le coup qui lui était destiné. Il était content que sa proie fasse preuve d'initiative, mais déçu de déjà la retrouver. La poursuite avait duré à peine trois minutes. Annie galvanisée par la peur, enchaînait rapidement les coups avec sa massue improvisée, une grosse branche arrachée par la foudre, mais Marco possédait de bons réflexes, il parait ou esquivait avec aisance. En outre en tant que nyctalope, il voyait beaucoup mieux dans l’obscurité que sa victime qui visait presque à l'aveuglette. Au bout de deux minutes, lassé de jouer avec sa proie, le mangeur d’homme la désarma, il la laissa parcourir cinq mètres, puis lui envoya un couteau de lancer dans la jambe droite, et gauche, il se délecta de la voir ramper. Puis après l'avoir blessé aux deux bras, il l'acheva. Avant de trépasser Annie cria de toutes ses forces, mais ses hurlements ne furent perçus que par des lapins et des chouettes. Marco n'était pas inquiet par les traces de sang que son jeu avait laissé, la météo annonçait pour le lendemain matin, des pluies fortes qui nettoieront les indices qu'il avait laissés. Après une bonne de nuit de sommeil, Marco appela son complice Alphonse pour qu'il s'occupe du cadavre. En échange de sa participation, Il toucha une somme rondelette, en outre il pourrait distribuer les restes du corps d’Annie à ses clients, par l'intermédiaire de son kebab spécial. Marco s'était réservé le cœur et la cervelle d'Annie, il laissait le reste du corps à la disposition d'Alphonse. Marco avait rencontré Annie grâce à une annonce postée sur internet, il avait mis longtemps avant de décider à la manger, car il était tombé amoureux d'elle. Mais son ancienne petite amie avait échouée à sa mise à l'épreuve, Annie était une femme qui collectionnait les amants, riches de préférence. Marco lui avait envoyé Alphonse qui se fit passer pour un homme d'affaire fortuné, elle n'attendit qu'une semaine pour tromper Marco. Le mangeur d’homme ne lui pardonna pas son infidélité, il pensait ne plus reproduire le schéma familial même si son père cannibale le fascinait. Mais finalement Marco céda à ses pulsions et redevint un mangeur d’homme. La police posa quelques questions à Marco, mais il se montra convaincant dans le rôle de l'amant éploré, et puis les preuves à charge contre lui manquaient. Il n'avait pas d'alibi pour l'heure du crime, mais c'était tout ce que les forces de l'ordre avaient à lui reprocher.
Le commissaire Jive ne put s'empêcher d'avoir une drôle d'impression lorsqu'il rencontra Marco. Mais comme ses collègues dirent à Jive qu'il se faisait des idées, qu'il était trop soupçonneux, il ne chercha pas à considérer Marco comme un suspect. De plus même si Jive avait tendance à se fier à ses intuitions, il était un policier intègre, comme aucun indice ne compromettait Marco, il lui paraissait normal de ne pas mener d'investigations approfondies à son sujet. Les inspecteurs travaillant pour Jive se contentèrent de poser au cannibale quelques questions, pour déterminer la dernière fois où Marco avait vu Annie, et s'il connaissait quelqu'un qui désirait lui faire du mal. La mort d'Annie une personne qui n'était pas célèbre et habitant un quartier mal famé, passa inaperçue dans les médias, elle n'eut droit qu'à quelques lignes dans des journaux locaux.
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