Je renie ma haine. Sous l'aube éclatante d'un matin rageur, Où le soleil vibre comme un derviche tourneur. Je magnifie ma peine et renie ma douleur.
Je ne veux plus marcher sous les chemins du monde. Je dresse mon avenir sur une flaque ronde, endormie de sommeil elle tremblera longtemps, Et mon âme viendra, éclaboussée d'ajoncs.
S'il devait revenir, sous les pierres de mon deuil, Quand il tremblera devant la noirceur du monde, Il n'effleurera que les pages d'un recueil, Trempé dans la chair des hommes, étalés sur une page, La lumière ne sera plus que dans l'âme du monde.
Il ne trouverait dans sa mémoire, que chaque peine soulage, Qu'une aube distendue qui a changé de visage, Du pays d'où je reviens n'y ait vu que la vie, S'il revient en pensées , au moment le plus noir, à cette page blanche que son coeur a crée, Il ne trouverait qu'un moment volatile, comme un ruban de moire, Sous l'ancre de ses cils il restera, songeant, Je bénis son amour s'il me l'a donné et lui offre la lumière d'une aube de l'été.
Si je voulais revenir au passé de mes craintes, où mes fautes se taisent et rampent sous des douves, Je tairais ma mémoire en l'endormant d'absinthe, Et blottirait ce passé sur mon âme de louve.
Je déclare aujourd'hui à la face du monde, Que mes haines et mes pleurs n'ont plus leur faconde, Qu'il m'est bien difficile de rester droite et fière, Quand de ma fierté découle ma misère. Je déclare aujourd'hui à la face du Monde que je remercie Dieu Pour avoir regardé sous le nom de ma vie, Et ne pouvant le maudire, de l'avoir béni.
|