| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Accueil >> xnews >> Signes - Nouvelles - Textes
Nouvelles : Signes
Publié par couscous le 05-04-2013 06:50:00 ( 1221 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles



Bon, je tente une seconde nouvelle un peu moins trash que la première (Panique au CPAS) car j'ai effrayé mes collègues. J'attends votre avis ... Merci.

SIGNES

Amy s’empresse d’empoigner son sac à main. En retard, encore et toujours en retard. La ponctualité, c’est quoi cette chose ? On dit que c’est la politesse des rois. Et bien, tant pis, elle ne sera jamais noble. Ce n’est pas faute de montre car une dizaine traîne ça et là dans son studio, avec ou sans pile et de toutes les couleurs pour être assorties à sa tenue.
Aujourd’hui, son énervement est à son comble : elle a un rencart ! Avec Homme469 ! Elle ne sait pas trop à quoi il ressemble car, sur son profil, il a placé une photo de dos, face à un coucher de soleil. On ne distingue que les contours sombres de son buste et de sa tête. Bref, elle sait juste que ce n’est pas un extra terrestre. Quant à notre Amy, elle a choisi comme pseudo « Bellesansbête2 ». Une autre y avait déjà pensé avant elle. Pour la photo, elle avait fait simple : un clic et sa webcam. Elle avait tout de même dû jeter une couverture sur le sofa derrière elle afin de lui donner un peu de peps et surtout de cacher les trous des accoudoirs. Homme469 lui avait envoyé une demande il y a trois jours de cela. Elle y avait répondu sobrement et, de chat en chat, une petite complicité semble s’être créée avec ce parfait inconnu. Prochaine étape : ce rencart, ce soir, au café « Jules Verne » à 18 heures.
Il ne faut pas rater le métro ! Amy court dans les rues animées de la grande métropole. Elle s’engouffre dans le tunnel lumineux, bousculant au passage une petite mémé qui proteste. Amy lance un « Excusez-moi. » qui se perd dans le brouhaha général. Enfin, les portes du ver de terre métallique s’ouvrent et Amy doit jouer des coudes pour s’y faire une petite place. Juste le temps d’agripper le rebord d’un fauteuil pour ne pas partir à la renverse et le métro s’ébranle. Ouf ! Amy peut reprendre son souffle. Une grande inspiration lui fait découvrir un subtil parfum masculin émanant de l’un de ses congénères. Sûrement celui derrière elle qu’elle ne peut pas voir car elle est pressée comme dans une boîte de sardines. Tout le trajet, elle s’imprègne de cette odeur agréable et rare dans les moyens de transport. Elle a plus l’habitude de celle des aisselles moisies, des haleines fétides et des pieds pleurant de chaud dans des chaussures à bas prix. Le métro marque un arrêt, le sien. Elle joue à nouveau des coudes pour sortir, tente de jeter enfin un regard alentour pour repérer le porteur de ce parfum enivrant mais c’est mission impossible. Elle s’extirpe du véhicule et continue sa course jusqu’à atteindre la rue en surface.
L’arrêt de bus est de l’autre côté de l’avenue. Pendant l’attente devant le passage pour piétons, Amy en profite pour fouiller son sac à la recherche de son abonnement. Il est tout au fond, comme toujours. En le sortant de son bric-à-brac, son portefeuille décide de se faire la malle et tombe, ouvert, à ses pieds, révélant toutes ses photos de famille. Une personne, plus rapide qu’elle se baisse, ramasse le fuyard et lui tend. Amy reprend son bien et au moment où un « Merci » sort de sa bouche, elle tombe dans le regard bleu azur du chevalier servant. Elle ne distingue pas les traits de son visage. Seuls ses yeux ressortent. Des yeux qui vous font voyager sous d’autres latitudes. L’homme se retourne et part se perdre à nouveau dans la foule. Le feu est maintenant vert. Faut arrêter de rêvasser. Le bus est arrivé.
Juste le temps de brandir son abonnement et la porte se referme brutalement derrière elle. Elle part squatter la dernière place assise. Plus que quinze minutes et elle atteindra le centre ville. Devant elle se trouve un homme à la chevelure noire. Ses cheveux reflètent la lumière du soleil qui filtre à travers les vitres sales du bus. Mais elle ne pourra contempler longtemps la coiffure parfaite de l’inconnu qui descend prestement à l’arrêt suivant.
Enfin, sa destination se profile à l’horizon : le centre et ses galeries marchandes. Bon, il ne faut pas se laisser distraire : son rendez-vous ! Quelle heure est-il ? Le clocher de la cathédrale est caché par les immeubles. Amy arrête le premier passant. Celui-ci relève la manche gauche de son costume et pince sa montre pour énoncer : « Il est … ». Amy ne fait pas attention à la réponse donnée mais à la plastique des mains de cet homme. Elles sont longues et fines, des mains de pianiste virtuose. Elle les imagine déjà courant sur les touches bicolores, dansant en harmonie avec les accords musicaux de Beethoven ou Bach. Des ongles parfaitement manucurés à exposer en vitrine. Bref, des mains tops modèles ! Le propriétaire de ses appendices si parfaits semble pressé et abandonne notre Amy avec ses pensées, au milieu de la rue piétonne.
Elle continue sa course folle et atteint enfin le lieu de la rencontre. Amy s’assied à une table en plein milieu de la terrasse. Elle sort un petit foulard rouge. C’est le signe distinctif qu’ils (et oui, elle ose s’associer à ce parfait inconnu) ont choisi pour se reconnaître dans la foule des anonymes. L’horloge au-dessus du bar lui indique qu’elle est un peu à l’avance, fait au combien rarissime ! Le temps s’égrène lentement. La jeune femme sirote une grenadine, cherchant du regard son rencart. Elle boit une énième micro gorgée quand quelqu’un tire la chaise qui lui fait face et s’assied.
C’est Homme469 ! L’écharpe rouge à son cou le lui crie. Son parfum envoûtant vient lui titiller les sens. Lorsqu’il tend la main afin de quémander la sienne, elle peut toucher ses doigts de pianiste. Finalement, Bellesansbête2 part se noyer dans des yeux bleus azur mis en valeur par une crinière couleur corbeau.

Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 05-04-2013 23:04  Mis à jour: 05-04-2013 23:06
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
 Re: Signes
Très amusant et c'est certainement arrivé à pas mal de nanas.
Mais la tienne à bien de la chance semble-t-il ce n'est pas un affreux tout moche.
J'ai deux copines qui vont sur des trucs comme meetic,( mais ça porte un autre nom), il faut que j'aille voir, il parait que c'est une vraie galerie d'horreur.
Ta nouvelle est vivante et pleine d'humour, la chute est bien amenée.
Merci
couscous
Posté le: 06-04-2013 06:55  Mis à jour: 06-04-2013 06:55
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Signes
Merci Loriane. J'ai tenté quelque chose d'un peu différent. Je ne suis pas tout à fait satisfaite. ll manque un truc ...
aliv
Posté le: 07-04-2013 10:13  Mis à jour: 07-04-2013 10:13
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: Signes
Une fin excellente.
J'ai beaucoup aimé tes descriptions. Tu as bien choisis tes mots.
couscous
Posté le: 07-04-2013 15:32  Mis à jour: 07-04-2013 15:32
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Signes
Merci Aliv, toujours fidèle au poste des commentaires.
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
104 Personne(s) en ligne (12 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 104

Plus ...