Le monde est grand Me disait maman Quand j'étais petit enfant
Le monde est si petit Je le vois et me le dis. Chaque jour aujourd'hui
Quel est ce miracle, ce maléfice Qui nous rapetisse, nous pétrit ? Nous fait poussière, simple débris Qu'est ce stratagème, cet artifice ?
Nos dieux d'antan sont morts, Les elfes les lutins, l'ichor Tous sont disparus, oubliés Enfouis sous le béton des cités;
Qui a volé notre simple univers ? Quand nos pieds mesuraient le chemin Quand nos yeux limitaient le lointain Quand la montagne était frontière.
Le monde est grand Me disait maman Quand j'étais petit enfant
Nos écuelles comme celles d'hier Contenait la soupe et le pain Et les mets rituels de nos pères Dans la vaisselle en étain
Nos chants nos pensées mêmes Étaient notre héritage, nos traditions. Les différences, viles transgressions Attiraient sur nous l'anathème.
Le village d'alors était l'univers Il était le monde, la planète entière Ailleurs, était peur et mystère Étranges confins de la terre;
Le monde est grand Me disait maman Quand j'étais petit enfant
Quand dans l'azur méconnu Spoutnik fit des enfants Il lia déserts, terres et océans De sa toile d'ondes ténues
Et depuis là -bas a rencontré ici Tu chantes dans mon écran Hier il a plu sur les Balkans Sur Rio le vent s'adoucit
Ma table est devenue un voyage Le passé n'est plus le futur Le continent est sans mur Et nos vies sont dans nos bagages
Mes filles volent sur les mers Mes fils louent leurs vies lointaines Mes amis appellent de Chine ou de l’île cubaine Et du Machu pichu au pays Boer.
Le monde est si grand Me disait maman Quand j'étais petit enfant
Le monde est si petit Je le vois et je me le redis Chaque jour, aujourd'hui
Lydia Maleville
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