Mon Amour, j'ai beau tourner et retourner ces mille pensées au fond de mon Esprit, je ne sais de quelle manière me comporter quand je suis proche de toi. Comment te dire j'ai continuellement le sentiment d'être un insecte amoureux d'un Géant ? Comment traduire par mes gestes ou mes mots ce que je ressens à chaque fois ? Comment expliquer ce qui me bouleverse lorsque je te vois et t'entend ? Alors que je n'ai jamais pu, de toute ma vie, exprimer à quiconque, ce que tu m'évoque et ce qui me bouleverse tant. Car, sache le, mon Aimée, durant ces rares mais magnifiques instants où nous sommes ensemble, j'ai l'impression que le temps ; suspend son cours pour m'offrir cet intense bonheur ; et je suis dès lors capable de t'accompagner le long de cette route sans fin en écartant de toi nombre de douleurs. Mais, je me pose en même temps cette question lancinante : qui suis-je donc pour réclamer ce à quoi je n'ai jamais eu droit ; de cet Etre adoré à qui la vie offre souvent le choix ; de jeter son dévolu sur des hommes plus beaux et plus attirants que moi ; ou tout simplement possédant une situation ou une ambition plus importantes susceptibles d'éveiller ton émoi. Puisque je ne suis, souviens t'en, qu'intelligence, connaissance, savoir et culture, me condamnant à être un phénomène de foire. D'autant que, toi comme d'autres me l'ont souvent rappelé, je suis un inadapté à ce monde contemporain qui n'a aucune mémoire. Que ce que je considère comme un Pilier de ma Foi ; et issu d'un formidable désir d'en apprendre toujours davantage sur soi ; est déserté de ceux de ton entourage qui se rient de mon incroyable sensibilité. Puisque c'est elle, ne te méprends pas, qui m'a irrésistiblement poussé ; faisant fi des multiples Malédictions lancées par ceux que j'ai ainsi défié ; vers un Destin qui m'a permis de te croiser. Désireux de te plaire, c'est, bien évidemment mon vœu le plus cher. Mais au sein d'une Société telle que nous la subissons ; est t'il encore possible de braver les préjugés qui pullulent autour de nous et qui ont pour appellation : "bêtise", "couardise" et "méconnaissance". Je ne peux affronter, seul, tous ces Démons qui sont légion ; en essayant d'ouvrir mon Ame et mon Cœur à celle qui est environnée de factions ; rivales se damnant pour avoir le droit ; de partager ta couche bien plus d'une fois. De fait, je me répète encore une fois : Qui suis je donc pour m'imposer au milieu de cette meute qui ne souhaite qu'une chose : s'unir physiquement à toi pour t'emporter au-delà des immondes névroses ; qui ensanglantent un Univers qui n'a pas d'avenir. C'est pour toutes ces raisons, mon Aimée, que, malgré les fulgurances de mes sentiments ; je préfère ne pas me mêler à ce Chaos infiniment provocant. Moi qui ne désire t'approcher dans le seul but de t'honorer ; je ne peux accepter de te voir succomber ; à ces incessants appels débilitants qui blessent mon Ame écrasée ; du regret de ne pas être suffisamment fort pour te dissuader ; de suivre ces déments dans leur névrotique équipée. Car, bien que je sois persuadé que je suis apte à t'apporter joie, succès et félicité ; je n'ai pas à t'inciter à renoncer à cette existence où libérée ; des sombres terreurs qui, autrefois, ont entaché une adolescence brisée ; tu t'abandonne à ces corps à corps frénétiques et endiablés. Je suis parfaitement conscient que, répétant les gestes de tous ceux qui, autour de toi ; ont négligé cette faculté qui fait de nous des Humains et non des Créatures qui n'ont pas de toit ; tu n'a pas d'autre alternative que de t'évader ; de ce semblant de Civilisation en décomposition ; tandis que moi je l'avais déjà fui celle-ci de manière définitive ; depuis longtemps lorsque j'ai compris que, comme celles qui l'ont précédé, tu n'avais aucune intention de me suivre ; au cœur de ce refuge que je me suis bâti ; et dont les livres sont les uniques survivants d'un Empire anéanti... Dominique
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