J'aime lire et relire les souvenirs de Bacchus, moi qui ne sais pas raconter les miens, mais en lisant le texte du 04/03 " Mes chers Amis, suite " j 'ai quand même envie de vous parler de Robert.

Robert est né juste à la fin de la dernière guerre, rapidement orphelin de père, il est élevé, avec son jeune frère par une maman devenue par obligation, femme de ménage. Sans connaître la distance exacte, je sais que cette personne parcourait chaque jour, en vélo, le trajet jusqu'en Suisse afin d'être mieux rémunérée. On en parle encore aujourd'hui dans la famille.

Après des études de technicien, il entre dans une entreprise qui le licencie assez rapidement, il crée son entreprise, sans succès: personne en France ne veut de ses brevets. IL part au U.S.A. avec femme et enfants, mais la vie américaine est trop différente de la vie française à cette époque, sa famille revient en France, mais sa femme devra élever les enfants avec son seul salaire pendant que lui réinvestira et il fera le trajet plusieurs fois par an pour revoir les siens.

Aux U.S.A. son entreprise décolle rapidement, après une dizaine d' années il revient en France et achète l'entreprise qui l'avait licencié pour en faire une filiale.
Dans le monde, il n'existe que trois entreprises de la sorte.
Quand l'argent " coule à flots ", ses enfants ont entre 20 et 25 ans.

C'est là que nous le rencontrons, suite au mariage d'un de leurs enfants, ce couple d'une gentillesse et d'une simplicité incroyable, entre dans notre famille de cadres pas milliardaires du tout, loin de là !!

Toujours habillé avec le même pantalon et le même polo, c'est un homme qui n'affiche nullement sa fortune; une Mercédes 350 turbo classe S achetée à un copain belge - devenu lui aussi milliardaire par son travail - est son seul signe extérieur de richesse.

Bien sûr, cette voiture faisait l'admiration de mon homme.

Un dimanche matin, Robert téléphone à la maison et demande à parler à mon homme.

-" Tu aimes toujours ma voiture ? "
-" Oui, pourquoi ? "
-" Elle est à toi, je m'en sépare "
- " Hé attend, Tout dépend combien tu la vends, je n'ai pas tes moyens, moi !!! "
-" je ne te la vends pas, je te la donne .. "
- "...... mais elle vaut encore beaucoup !!
-" Ecoute, je dois me faire opérer, ensuite il me faudra une voiture aménagée, alors prend la "
-" Tu pourrais faire aménager celle ci ..."
- " Je veux te la donner, tu viens la chercher quand tu veux, tu es le seul à la mériter "

Plus grande que la Mercédes classique, trop large pour entrer dans notre garage, nous avons gardé ce joli " paquebot " - constamment convoité par les gens du voyage - jusque l'an dernier.

Robert est décédé.

Oui Bacchus, il y a encore des personnes comme ça; nous avons eu, nous aussi, cette chance d'en rencontrer une.