Le soleil de Mars, ce fainéant A inondé ma fenêtre Et fait pâlir mon écran. Travailler ! Mais, que tu es bête ! Mais, viens, Viens reposer ta tête Allez, zou ! Dehors fous le camp Avant de devenir blette.
Viens voir Je t'invite, avec mon ami le vent. Dans notre lumière de fête L'air neuf est flamboyant Nous avons dans les arpents Redoré les pâquerettes Monte ton col, prends tes gants, La tramontane folle partout furète Elle siffle comme un chat huant Respire à fond, fils ou fillette Elle colore tes pommettes Elle te brûle les sangs Et te fait plus vivant.
Viens voir La précieuse aigrette Et gentille alouette Vocalisent, trillent, cuicuitant Cherchent coquettes Dans les bois, les champs, Après l'hivernale disette Un mari ou un amant. Ta rivière se frisette Luit, se ride d'argent Et la caille caquette Sous les roseaux dansants. Et le miracle reprend Dans l'oeuf croisent les gamètes Canards cygnes et mouettes Bientôt seront parents.
Viens voir Les eaux froides de Mars Qui bisent le soleil en giboulant Et croustillent l'hiver méchant Secrètes, discrètes, cliquettent En brisant le sol glaçant Et fendent pour une fleurette Les miroirs glissants. Eaux de Mars têtues que rien n'arrête Coulent lentement, inexorablement Liment, usent vont à la conquête De la résurgence du vivant Cet habituel miracle incessant Quand la vie guette Le regain de couleurs et de chant
Viens voir La terre qui fait ses enfants Sous le ciel cyan : Elle décachette Et libère de ses flancs Jonquilles, tulipes coquettes. L'épine blanche pointe ses piquants Mais sensuelle éblouit le poète L'ensorcelle de son effluve odorant Les cerisiers sauvages émiettent Leur coton rose à tous vents Les amandiers blancs Tous doux se duvettent. Les saules apprêtent De soyeux chatons collants. Le jaune forsythia brillant Sur la prairie froide volette. Jaune, rouge, ors, ardents s'apprêtent.
Viens voir Ton chien courir en aboyant Ébouriffé et gueulant Pour faire la fête Aux premiers engoulevents Il court, court joyeux, soudain, s'arrête... Et repart, file comme un dément. Ce fol fait la course avec le vent. Vive comète ou girouette pompette. Ce coach t'invite au mouvement Reclus depuis belle lurette Tu peines alourdi, sans élan Le méchant miroir te dit trop rondelette !.
Viens te vois-tu ? Souffle court trop pesant Tyran, ton régime amaigrissant Tu le sais ne vaut pas tripette Alors, bouge, va gitan de Canaan à Ceylan Ne reste plus dans ton oubliette Dans les airs où ce chenapan vent d'autan Saute, cours, vis heureux, bel athlète. Suis les elfes et les Korrigans. Sur la lande, la garrigue dans l’origan. Jusqu’à l'horizon, cachette Où vivent tes rêves d'enfant.
Oui, viens, sors, Dans l'air glacial et feulant Dans ce frisson frôlant, Joues rouges sous ta casquette, Ton œil furette Dans l'herbe fraîche il quête Le bonheur odorant, si charmant D'une primevère ou d'une violette...
Oui, viens, sors Quitte ton écran, Ton bureau, ton divan Je t'invite, Moi Mars, Quand l'ombre s’arrête Promesse de fête Je suis le printemps
Loriane Lydia Maleville
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