Mon Aimée, j'ai tant de fois scruté le Monde au fond des yeux, et celui-ci m'a renvoyé un regard si amer et désespéré, que je sais désormais que cette folie sans appellation qui s'est emparée de nous, prendra fin tôt ou tard ; et certainement plus tôt que tard. Mon Aimée, j'ai tant de fois cherché une lueur d'espoir par delà les Etoiles du Ciel, que je sais maintenant que seule la nuit la plus noire est l'unique réponse aux éternelles questions sans réponses que nous nous posons. Mon Aimée, j'ai tant de fois sondé les profondeurs de mon Ame, que je suis désormais convaincu qu'il n'existe plus aucun passage entre cette Existence et le Royaume du Divin. Car, mon Aimée, si cet Avenir tant désiré par cette Humanité désespérée dont je suis, s'est évanoui au cœur de la Nuit, c'est parce que nul n'a entendu les mises en garde désenchantées de cette Planète qui nous a enfanté. Aucun de nous, inconscients que nous sommes, ne s'est senti concerné par les avertissements qu'elle nous a lancés. Tempêtes, ouragans, tremblements de terre, inondations ou épidémies, rien ne nous a arrêté. Et nous avons poursuivi l'extension de notre empire au-delà de toute précaution ; ne révérant plus qu'un seul Maitre, dont le nom est "argent". Ne nous étonnons donc pas aujourd'hui, mon Aimée, que ce Gouffre tant redouté s'ouvre sous nos pieds. Observe donc, mon Aimée, les prémices de cet Apocalypse qui nous attend. Perçois-tu les coups de semonce de cet Armageddon qui, déjà se répand ? Devines-tu les signes de cet Univers sur le point de subir son ultime conflagration ? Dès lors, lorsque je songe à cette naïveté dont nous sommes les propagateurs, je ne peux pas résister à cet affolement mêlé de tourments ; dont je crains les contrecoups encore non apparents. Or, si je repousse à demain cette fuite en avant qui heurte mon Esprit conscient ; pour échapper à cet Holocauste planétaire qui, rien ne le dément, nous guette vraiment. C'est uniquement dans le but, mon Aimée, de t'accompagner sur cette route glorifiante ; sur laquelle tu t'es engagée solitairement. Car sois en persuadée, mon Aimée, si je veux te protéger des effrayants lendemains qui déchantent ; en prenant sur moi cette rage présente ; et apte à déferler sur nous pauvres humains, telle une vague déchainée ; c'est parce que je t'aime plus ce que tout cette violence s'apprête à nous apprendre... Dominique
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