Poèmes confirmés
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Chez moi
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Publié par
Loriane
le
11-03-2013 22:30:00
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1748
lectures
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Tes pieds font chanter les murs de pierres Comme le faisaient les chausses des anglois Quand balançaient sur leur hanche la rapière. Ces "estocofis" qui ne savaient pas le patois Et qui vinrent étrangers au pays de nos pères Dresser leurs hallebardes contre notre bon roi; Ta cadence te mène de l'ombre à la lumière Tu vas du rempart vers le "goyassou do véras" Au fond de la ruelle, les murs ocres du monastère Racontent la foi des moines de Saint benoît Ces bâtisseurs d'abbaye, ombres de vies sévères Que l’ascèse courbait sous des manteaux de draps
Tes pieds sur les pavés raniment les jours d'hier Après la lanterne des morts et le marché aux noix Trône la cathédrale où les orgues crient tonnerre S'enroulent les hauts murs des passages étroits Sous les lauzes s'abritent modestes les logis de naguère Où ronronnent le cantou, où cuit le confit d'oie La soupe de pain, le toupie noir à la crémaillère Quand les vieux "peïris", se réchauffent au feu de bois En lapant lentement leur chabrol assis sur la salière. Tremblotant, les moustaches dans le bouillon gras. Ils mâchent laborieusement tourte et jambon de l'hiver Dans l'âtre, les larmes roulent en chantant "nostra lenga" Puis ils appuient leurs mains usées sur les chenets de fer Et ravivent les braises, le soufflet au bout des doigts Du tisonnier ils fourragent, couvrent les pommes de terre Le nuage de cendre grippe le fausset des vieilles voix Poussière de sorcière pique fait pleurer les paupières Et ils toussent agacés en rocaillant des jurons de là-bas.
Sous tes pieds roule l'intrépide Cuze dans son lit de pierre Source de mille fontaines don de la mère "Santa Virgina" Sa statue nichée dans l'angle t'invite à la prière Génuflexion, ombres "cadum entre dé vendigna" Et l'accent, parfumé d'ail des gueulards gascons fiers A l'ombre des catapultes des châteaux d'autrefois Et qui se foutent bien des amours roturières Quand la truffe remplit leur panses de roi Et alors ils vont encore pêcher les truites à la rivière. Et dormir dans l'herbe grasse que juillet cramera.
Si tu crois que le bonheur est sans frontière Viens, dans son vallon, blottie, tu trouveras Sarlat
Lydia Maleville
Estocofi : grand personnage maladroit, grand dégingandé. Le Goyassou des véras : la mare aux cochons Les vieux péÏris : les vieux paysans cadum entre dé vendigna : quand on rentre des vendanges
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Auteur |
Commentaire en débat |
saulot |
Posté le: 12-03-2013 10:08 Mis à jour: 12-03-2013 10:08 |
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
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Re: Chez moi
Bon poème, bien que la première strophe contienne plusieurs mots que je n'ai compris que grâce à un dictionnaire.
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Loriane |
Posté le: 12-03-2013 10:50 Mis à jour: 12-03-2013 10:50 |
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
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Re: Chez moi
Tu as raison il y a un mot de patois occitan du Périgord, qui sont peut-être inconnus, j'aurais du mettre la définition. Je vais les rajouter. Merci
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Iktomi |
Posté le: 12-03-2013 15:29 Mis à jour: 12-03-2013 15:29 |
Modérateur
Inscrit le: 11-01-2012
De: Rivière du mât
Contributions: 682
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Re: Chez moi
J'ai adoré les gueulards gascons fiers qui se foutent bien des amours roturières.
Bien à toi.
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tchano |
Posté le: 13-03-2013 22:06 Mis à jour: 13-03-2013 22:09 |
Plume d'Or
Inscrit le: 18-01-2012
De:
Contributions: 297
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Re: Chez moi
Un passage que j'aime parmi d'autres:
"Du tisonnier ils fourragent, couvrent les pommes de terre Le nuage de cendre grippe le fausset des vieilles voix Poussière de sorcière pique fait pleurer les paupières Et ils toussent agacés en rocaillant des jurons de là-bas.
Suis-je distrait ? je n'ai pas entendu la voix de la Boétie.
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Loriane |
Posté le: 13-03-2013 22:49 Mis à jour: 14-03-2013 11:42 |
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9505
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Re: Chez moi
Merci Tchano, oui, j'ai pensé à la Boétie et son hôtel merveilleux, mais aussi à l’hôtel De Maleville, mes ancêtres, j'avais envie de les mettre dans le tableau et pis !!? et pis je ne leur ai pas trouvé de place, mais peut-être que je reviendrai dessus. Tu as reconnu ? Merci poutous
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Marco |
Posté le: 18-06-2014 12:10 Mis à jour: 18-06-2014 12:10 |
Plume d'Or
Inscrit le: 17-05-2014
De: 24
Contributions: 725
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Re: Chez moi
Loriane, J'ai adoré. Tu décris très bien l'ambiance paysanne et les rituels , avec tout ce qu'il y a d'authentique ; notre région est fabuleuse. Tu as écrit ce texte avec amour, fierté, admiration et respect. Je ne saurais quoi dire plus ; je suis ému devant la richesse de ton écriture (j'en suis bien incapable). Dis-donc ! Montaigne et La Boétie furent amants ( Ainsi, Il y a un lien entre Périgord Noir et le Périgord Pourpre) Marco. PS : A côté de chez moi , nous avons "enterré" le général Talbot (un anglois qui mené la vie dure aux paysans du coin). Sus à L'anglois ! J'habite à 3km de Saint-Michel de Montaigne et à 5 km de Castillon-la-Bataille.
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Loriane |
Posté le: 18-06-2014 18:44 Mis à jour: 18-06-2014 18:49 |
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
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Re: Chez moi
Merci Marco, si je te parle du cantou , de la peyrolle ... je pense que tu sais de quoi je parle, oui j'aime moun païs, il a beaucoup de caractère et de charme, il a une longue histoire, et bouter les anglois hors de nos terres fut une longue affaire. Ne te déclares pas incapable en écriture, je ne te crois pas, tu as prouvé le contraire.
Que La Boétie et Montaigne furent amants, je ne sais si l'histoire nous le dira jamais avec certitude. Nous ne pourrons toujours que faire des supputations. Il y eut trop de menaces, trop d'intolérance brutale dues à cette redoutable religion-dictature, pour que la vérité fût dite.
Pour : La Boétie écrit en parlant des femmes à qui il reproche : " l’inaptitude à dresser telle accointance libre et volontaire, où non seulement les âmes ont cette entière jouissance, mais encore où les corps ont part à l’alliance. Le feu qui me porte vers vous est plus actif, plus cuisant et plus âpre. C’est une chaleur générale, constante, universelle. […] Jusqu’à ce jour je pensais qu’il fallait seulement se prêter à autrui et ne se donner qu’à soi-même, je me trompais. C’est une absolue et divine perfection de savoir loyalement jouir l’un de l’autre. Nos âmes se sont considérées d’une si ardente affection découvertes jusqu’au fin fond des entrailles, que je connais la vôtre comme je connais la mienne. »
Contre : Montaigne déclare : Par mégarde, Montaigne laisse tomber le masque : les corps ont donc " part à l’alliance ". Mais il se rattrape vite, car il ne peut aller plus loin dans l’aveu sans risquer le bûcher pour sodomie. Aussi, écrit-il par prudence : " L’amour que je vous porte ne peut être comparé à cette licence grecque qui nécessite la disparité d’âges des deux amants, qui fait qu’on aime ni un jeune homme laid, ni un vieillard. […] L’amitié qui me porte vers vous a pris sa source non dans votre beauté mais dans la rencontre de votre esprit."
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