Aveu d’une enfance
Ahmed Khettaoui/ Algérie
Ces trois boules de neige Ont du mal a nourrir trois bouches affamées de-ci de-là , ces trois boules de neige sans éveiller les poules du fermier sans faire du mal à oncle jardinier nous jouâmes au rosiers . là -haut, dans la forêt. dans des trous bien troués près du puits , et de la fontaine on faisait les rats et les fourmis . on faisait le chat et la souris les filles à la corde . et nous à la ronde autour de l'oncle jardinier. aux alentours de la fontaine on formait deux douzaines de soldats et de guerriers Comment se fait-il ,que les poules Du jardinier sont-elles bien aisées On disait.. On disait Comment se fait-il que les rondes Des guerriers , effrayent notre fontaine Et que les poules du voisin se régalent Et les nôtres mâchent les mouches Et la paille ? c’est comme ça ,qu’ on jouait qu’on disait . qu’on disait Que peu importe .. Soit un couffin de paix Ou un sac de semoule Soit un sac de farine . Ou la tresse de Jacqueline . Quand on voyait un soldat bien armé On ne cessait de pleurnicher On guettait le facteur Qui nous amène des bons de tombola On guettait le soldat en civil Qui nous offre du chocolat On applaudissait Charles De Gaulle Et sa cinquième République On jouait du hippique. Jusqu’au point cardinal. Murmurant :Père Cardinal . Sans se rendre compte de l’historique Des Empires dépecés ou des Évêques C’était notre innocence.. C’était notre enfance . On jouait au jalon Entre Chrétiens et musulmans Dans un univers angélique C’était notre planète enfantine Sans haine ou rancunes. On l’appelait :Général ..Général . c’est comme ça qu’on jouait on complémente : l’ange blanc Charles De Gaulle , l’ange blanc C’était la réalité enfantine C’est comme ça qu’on raisonnait aux alentours du bosquet . C’est l’innocence enfantine C’est l’aveu enfantin Notre aisance faisait notre naissance Faisait notre plaisance Au fil du temps On lisait les bouquins On appris que Jeanne d’Arc La Pucelle d’Orléans A été béatifiée à Rouen A été jugée et brulée Au détriment de notre enfance Telle quelle était imaginée Dans nos p’tits cœurs Qui reflétaient sur notre mémoire Dans notre monde enfantin. On jouait à la recherche de ses cendres !!! On chantait Saint- Crépin et ses monts Pour réchauffer notre repas Au fil du temps nous découvrîmes Que Marc Antoine(1) a supplié notre reine Cléopâtre On jouait « Roméo et Juliette » comme ils étaient imaginés Dans notre petite cervelle Enveloppés de passe-montagnes Juliette, coquette ,couronnée d’un bonnet Et Roméo en jaquette Vêtus d’un « amour » eternel . Dans un petit « janvier »grelottant. leurs joues bien gelés On trottait de-ci de-là Garçons et fillettes Entre rives, champs , et bosquets .. Sur notre large petit pont !!! On réveilla oncle fermier Et ses quelques « poulettes » on s’y croyait au paradis. On s’étendait près du lac . on répétait que Jeanne d’Arc était, lâchement, brulée au fil du temps on pleurait .. on pleurait le monde accablé d’orphelins . de guerres et de miracles .. Sur la pente de neige ,on jouait, couronnés de passe-montagnes , confession et absolution sur nos p’tites joues . enjouées , bien rougies . Dans nos pensées , les boules de neige . Voilà je vous livre mes secrets . Bien sucrés : L’aveu de mon enfance tel qu’il est . Et maintenant , il faut que je m’en aille Il me reste qu’un souci : Eteindre les larmes de Jeanne d’Arc.. Consoler Hugo ,et ses misérables Consoler son héros , Jean Val jean Et son parcours redoutable . Rebrousser mon enfance Et sa joie .. Qui en faisait , l’abri et le toit Du monde amassé de tromperies Il faut que je m’en aille ..purifier notre voie Pleine de larmes et de failles Il faut que je m’en aille. Car le vent souffle à mes oreilles . Il faut que je m’en aille .. Dorloter ma « Juliette . » Qui m’attend à coté de la fontaine .. Il faut que je m’en aille ..il faut que je m’en aille . Désolé , sans dire au revoir . Car le vent souffle à mes oreilles . Car le monde ruisselle son sang .. Et ses drames .
*Ahmed Khettaoui
Note/(1)Marc Antoine (Voir Cléopâtre) 2) Jean Val jean /héros/ (les misérables ) De Victor Hugo
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