Certains livres de Jules Verne ne méritent peut-être pas l’oubli relatif dans lequel on les laisse.
Ainsi La maison à vapeur, qui n’est certes pas un très grand Jules Verne, mais vaut néanmoins le détour. Ne serait-ce que pour cet invraisemblable (et, au fond, assez ridicule) Géant d’Acier : une banale locomotive carrossée en éléphant, avec trompe servant de cheminée et phares électriques dissimulés dans les yeux…
On peut s’incliner devant le Verne auteur d’anticipation et de science-fiction, mais le Verne ficeleur d’intrigues reste loin derrière nombre de ses contemporains : on devine l’identité de sa Flamme Errante dès sa première apparition.
Et puis n’oublions pas que même si Jules Verne a connu les premières années d’un XXème siècle dont il a été somme toute un assez bon préfigurateur, il reste essentiellement un homme du XIXème. Ses aperçus sur la faune sauvage du nord de l’Inde (les tigres notamment, les éléphants…) feraient sans doute bondir nos actuelles organisations de sauvegarde des espèces menacées.
Que dire, enfin, de cette observation étonnante, vers la fin du livre, selon laquelle les individus à la peau foncée noircissent quand ils mentent… puisque les Blancs, eux, rougissent dans les mêmes circonstances, c’est bien connu !?
Voilà comment l’écrivain scientifique et visionnaire se métamorphose parfois en bon bourgeois borné à redingote et favoris broussailleux.
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