Les morpions, dis-tu ? Oh, ils se sont aigris, Depuis qu'ils ont perdu leur site naturel. Ils errent tristement, du ventre aux aisselles, Habillés, malgré eux, avec de longs gants gris.
Ils ont connu pourtant leur pèriode de gloire Quand, à près d'un million, ils livrèrent bataille Sur un terrain allant des genoux à la taille Pour pouvoir conquérir le fabuleux couloir.
Te souviens-tu, amie, de ce fier capitaine, Se tenant à cheval sur un support fragile, Face au choix cornélien, périlleux, difficile, Pour mener la bataille en cette morne plaine ?
Il y eu même un soir, au bord d'un sombre goufre, Un combattant massif et fièrement dressé Qui, se tenant pourtant aux branches du fossé, Glissa tragiquement dans cet antre de soufre.
Le tort d'un combattant, pourtant motorisé, Fut de croire un instant qu'il parviendrait sans peine A faire tout le tour de la sanglante arêne : Il rata un virage et mourut enlisé.
Le plus hautain de tous et de noble lignée, Qui revenait de loin, d'une contrée virile, Releva sa bannière, affronta le péril, En s'écriant " Soldat ! Ne meurs pas résigné ! "
Les femmes regardant l'affrontement terrible, Voyaient en lui le diable et, lors, s'épouvantaient. On l'a même assuré : certaines enfantaient D'innommables démons faits de choses horribles.
Recouvert de débris inondant sa cuirasse Et malgré son courage et son habileté, le pauvre capitaine fut précipité Tout en bas du couloir, au fond de la crevasse.
Oui, ce fut un combat terrible et titanesque. Tous les belligérants y laissèrent leur vie, Hormis les plus gaillards, s' agrippant à l'envi, A tout ce qui bordait le goufre gigantesque.
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