" C'est plaisant, le maquis, et depuis qu'il y est, Il ressemble beaucoup à un vieux sanglier ! " Ce serait, paraît-il, un peu ce que j'inspire ; Plus la ville est lointaine et bien mieux je respire. D'où je suis, maintenant, le seul bruit que j'entends Me vient de la rivière, semblant dire : je t'attends ! Je reste à rêvasser auprès de ma fenêtre Avec, en rendez-vous, le soleil qui va naître En haut de la montagne, assez tard le matin, Perçant de ses rayons les branches d'un vieux pin. Je suis, de tous côtés, entouré de verdure Où seuls quelques poteaux dérangent la nature. Je regarde arriver trois vaches débonnaires Qui viennent, dans mon pré, respirer le bon air. Je connais bien leur maître, ainsi que ses cochons Qui vadrouillent partout, avec un air ronchon. Je parle des cochons tout autant que du maître Qui laisse ses troupeaux là où ils veulent se mettre. Des chèvres, librement, squattent mon paillasson En semant, au besoin, leurs crottes, sans façons. Le chant de la nature, ses odeurs, ses essences ! Je me dis chaque jour que j'ai beaucoup de chance De vivre en pyjama tout autant qu'il me plaît, N'aimant plus trop porter chemises et complets. La vie est étonnante et pleine de rebonds ; J'y puise chaque jour tout ce qu'elle a de bon Et je sais que le monde est partout ma maison, Aussi loin que ma vue peut percer l'horizon. Là où j'étais hier, où je serai demain, N'ont pas eu, jusqu'ici, beaucoup de points communs. J'ai, au fond de mon coeur, le goût de mes voyages Et l'emporte avec moi, quand je fais mes bagages.
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