Les aventures d'écologistes radicaux.

Chapitre I : licenciement

Jacques Mercier est un écologiste politique depuis qu'il est adolescent, cela fait quarante ans, qu'il passe au moins cinq heures par semaines à aider une association ou un parti politique. Jacques a assisté à des centaines de réunions, et participé à des dizaines de manifestations. Son activisme, ses connaissances et ses nombreuses relations, lui ont valu plusieurs appels pour occuper des postes importants à l'intérieur des Verts, au sein des commissions nationales, mais Jacques préfère les responsabilités locales. Le fait d'être responsable du groupe Loir-et-Bercé de la Sarthe lui suffit amplement. Etre le coordinateur des actions d'une cinquantaine de militants actifs, est une tâche que Jacques considère comme extrêmement valorisante. De plus les activités ne manquent pas dans le groupe Loir-et-Bercé. En outre Jacques a beaucoup à faire avec son fils, Alphonse, comme lui, il est un écologiste, mais il a une vision qui déplaît profondément à son père, puisqu' Alphonse pense que c'est un agissement noble de détruire des bâtiments, si cela permet de préserver l'environnement. L'extrémisme d'Alphonse lui a déjà valu plusieurs condamnations par la justice, il est allé cinq fois en prison. Le problème de Jacques est qu'il a été très turbulent durant sa jeunesse, il a beaucoup de mal à ne pas passer pour un hypocrite, à convaincre son fils de renoncer à la violence et la destruction. Jacques jusqu'à l'âge de trente ans, a été un lanceur de pavé professionnel, puis il s'est assagi en rencontrant Françoise. Par amour, et à cause de soucis financiers, Jacques s'est rangé, il a fondé une famille, et abandonné le jet de caillou sur les CRS, pour la rédaction de tracts.

Jacques se montre très gentil pour ne pas dire débonnaire avec son fils, pour plusieurs raisons, ils se ressemblent beaucoup physiquement, et surtout il est le seul parent proche qui lui reste, Jacques n'a pas de frère ou sœur, d'oncle ou de tante, son père et sa mère sont morts de vieillesse. Enfin Françoise est morte en couches, pendant quelques minutes Jacques en a voulu à son fils Alphonse d'avoir survécu, mais dès qu'il l'a vu, sa colère a fondu comme neige au soleil. Jacques aurait aimé que son passé de fauteur de troubles ne soit pas connu de son fils. Mais il avait un ami du nom d'Emile qui était très bavard qui venait souvent lui rendre visite, et qui aimait bien parler de leur passé commun. Contrairement à Jacques, son ancien compagnon de lutte Emile ne s'était pas calmé, d'ailleurs certains de ses exploits comme le démontage du Mac Donalds de l'avenue Georges Durand au Mans, ont donné envie à Alphonse de faire parler de lui. Ainsi Alphonse a commencé par participer à des fauchages volontaires d'OGM, les conséquences ont été faibles, il a écopé d'une légère amende de cent euros. Puis il a saccagé des laboratoires faisant des expériences sur des animaux, afin d'élaborer de nouveaux cosmétiques, comme il avait pris la peine de porter des gants et un masque, la justice ne le sanctionna pas. Mais Alphonse commit à visage découvert des actions qui lui coûtèrent cher.

Son dernier exploit, avoir recouvert de farine, un des députés de Sarthe, Jérôme Chameau, un élu de "gauche" qui n'a pas peur de courtiser des électeurs de droite par ses discours. La cause de la rancœur du fils de Jacques, est que Chameau a fait passer son intérêt personnel, au détriment de l'intérêt collectif en se présentant contre un candidat Vert aux élections de député. Malgré le fait qu'il occupait déjà un poste de sénateur, et que le PS soutenait le candidat Vert de la première circonscription de la Sarthe. La loi sur le non-cumul des mandats politiques en France a été abrogée en 2020, par un décret gouvernemental de l'UMPD. Chameau qui est rancunier a usé de tout son poids et de ses relations pour empêcher Alphonse de retrouver du travail. Ainsi bien que Gérard Tavernier l’employeur d’Alphonse de part ses idéaux anarchistes, soit conciliant avec ceux qui n’ont pas peur de s’attirer des ennuis au nom de leurs idéaux politiques, et que les actions du fils de Jacques aient rempli de fierté Gérard, il a été contraint par son donneur d’ordre, un ami de Chameau, de virer Alphonse de son abattoir. Gérard comme il aime beaucoup Alphonse en plus d’une lettre de licenciement, lui a accordé un entretien.

Alphonse : Je ne comprends pas, d’après ce que j’ai compris le fait que Chameau soit recouvert de farine t’a bien fait rire Gérard, et mes séjours en prison ne constituaient pas pour toi un gêne, au contraire tu applaudissais ceux qui risquent leur liberté pour leurs idées politiques.
Gérard : Tu as tout à fait raison Alphonse, le problème est que mon donneur d’ordre m’a lancé un ultimatum, ou je te vire ou il passe par un autre fournisseur, or 90% de mes recettes sont assurées par lui. Je suis désolé de te licencier, mais je n’ai pas le choix, soit tu pars, soit mon entreprise fait faillite. J’ai eu envie de cracher sur l’engeance qui m’a forcé à te nuire, mais je me suis retenu. Je suis gravement endetté, si ma société coule, moi et ma famille perdront énormément. Je n’ai pas envie que ma femme et mes enfants aient un endroit convenable où dormir, grâce à la charité d’amis.
Alphonse : Est-ce que Chameau est derrière mon licenciement ?
Gérard : J’en suis pratiquement sûr, Chameau est un ami intime d’Arsène Poux mon donneur d’ordre, et puis tu n’es pas la première personne que Poux vire pour faire plaisir à Chameau. Ils sont des dizaines dans le département de la Sarthe à avoir été victimes des actions concertées de Poux et de Chameau.
Alphonse : Comme ils sont nombreux à avoir été lésés par Poux, s’il lui arrivait un pépin, il ne saurait pas qui accuser.
Gérard : Je t’en prie ne tente rien contre Poux, il a des défauts, mais c’est un donneur d’ordres plutôt gentil, en tant qu’ancien tâcheron, il a une réelle idée sur la difficulté à faire fonctionner un abattoir. Résultat il ne presse pas comme des citrons ceux qui sont sous ses ordres. Si Poux est blessé, celui qui prendra sa place pourrait avoir des exigences, m’obligeant à licencier, ou à réduire certains des avantages de mon personnel. En outre Poux est très doué pour détecter le mensonge, s’il me demande si je sais qui lui a fait du mal, il saura que je mens, et alors mes ennuis s’avéreront catastrophiques.
Alphonse : Très bien, si tu me donnes dix mille euros d’indemnité, je suis prêt à promettre de ne pas faire de mal à Poux.
Gérard : Comme je te fais un coup vache en te licenciant, tu auras vingt mille euros, bon il est temps que je retourne bosser, au revoir Alphonse.